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Limitation à 80km/h : ce qu’on sait vraiment des facteurs qui ont contribué à faire chuter la mortalité sur les routes françaises
©Reuters

La vitesse, les routes ou les voitures ?

Alors que le gouvernement réfléchit à abaisser la vitesse maximale à 80 km/h dans les zones à 90, il s'agit de regarder comment cela se passe ailleurs en Europe, et si la vitesse est bien la vraie responsable des accidents de la route.

Pierre Chasseray

Pierre Chasseray

Pierre Chasseray est délégué Général de l'association 40 Millions d'automobilistes.

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Atlantico : Il y a déjà eu plusieurs expériences de baisse de la limite maximale autorisée. Quelles en ont été les conséquences sur les accidents et la pollution ?

Pierre Chasseray : Ça n'en a pas eu, ni sur la pollution, ni sur l'accidentalité. Ce n'est pas un scoop : on conduit davantage en fonction des conditions de circulation qu'en fonction d'un panneau sur la route. De toute façon baisser la limitation de vitesse, ne peut pas, dans les faits, ni faire augmenter, ni faire baisser la mortalité, ça n'a pas de sens.

Baisser à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes départementales, ça ne sert à rien et c'est ridicule. Ça vient en contradiction avec ce que font tous nos voisins européens, où la règle du 90 km/h est plutôt établie. Je ne vois pas l'intérêt, surtout qu'il y a des contres-exemples : il n'y a que deux pays en Europe qui pratiquent des limiations de vitesse plus élevées que 90 km/h. En Angleterre c'est à 97 km/h – c'est les miles – et l'Allemagne c'est à 100 km/h. Dans les deux cas on observe des taux d'accidents plus faibles qu'en France. Attention, je ne dis pas qu'il faut monter la limitation en France, juste que la baisser n'a pas de sens.

Il s'agit donc de simplement faire respecter les limitations existantes ?

Évidemment ça passe par faire respecter les limitations de vitesse actuelles. Ce n'est pas parce qu'un urluberlu roule à 140 km/h sur une route de campagne qu'il faut abaisser les limitations de vitesse pour tous les autres. Il faut savoir trouver le juste équilibre, qui a d'ailleurs été trouvé puisque la mortalité a continué globalement de baisser ces dernières années.

Je ne pense pas que cette mesure de limitation va avoir une quelconque efficacité, si ce n'est que ça va flasher davantage. Et comme l'État est en train de privatiser les radars, ça va créer un jackpot pour certains.

Au-delà des limitations de vitesse, y a-t-il d'autres outils qui pourraient faire baisser le nombre d'accidents ?

Il n'y a pas besoin d'outils supplémentaires. Les problèmes principaux de sécurité au volant c'est l'utilisation du smartphone – pas du téléphone ! - au volant, l'éternel problème de l'alcoolémie, et les stupéfiants au volant, qui ne cessent de progresser, de 10 à 25%.

Il ne faut pas plus de contrôle : la sanction est toujours éphémère, la prévention est définitive. La sécurité routière, c'est de la communication. Cela devrait suffire.

On sait aussi que les routes sont de moins en moins bien entretenues. La sécurité routière c'est un tabouret avec trois pieds. Le premier pied c'est un automobiliste raisonnable et responsable. Le second c'est une voiture bien entretenue. Et le troisième, c'est une route bien entretenue. Et là, il faut avouer que dans certaines zones c'est pas terrible. Il y a des autoroutes non concédées qui sont dans un piteux état, des nationales très mal entretenues... D'après les chiffres du ministère, il n'y a que 45% des routes que l'on estime en bon état. Et l'objectif du gouvernement, c'est de monter à 75% de routes en bon état à l'horizon 2025. Là où aurait dû faire de l'entretien, on est obligé aujourd'hui de faire de la réparation, qui coûte beaucoup plus cher.

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