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Pourquoi vous ne devez surtout pas croire que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt si votre rythme biologique ne vous y porte pas
©Reuters

Pas si simple

"L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt" dit-on. En se levant tôt, on gagnerait en productivité et en inspiration. Il n'y a qu'à voir, Tim Cook, Mark Zuckerberg... Combien sont-ils, patron de grandes entreprises, à affirmer que le secret est de se lever aux aurores ? Pourtant les hommes ne sont pas tous dotés des mêmes capacités, et écourter une bonne nuit de sommeil quotidiennement pourrait même se révéler être dangereux.

Claire Leconte

Claire Leconte

Claire Leconte est Professeur Emérite de Psychologie de l’Éducation à l'université de Lille 3, chercheuse en chronobiologie spécialiste des rythmes de l'enfant et de l'adolescent au laboratoire PSITEC (EA 4072), membre actif de l'association Prosom Membre du réseau PrISME, membre de la FFPP et membre du conseil scientifique de l'ALEFPA.

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Atlantico : on entend souvent dire qu’une personne est plutôt “du matin”, ou à l’inverse, “du soir”. Cette distinction est-elle avérée au regard de la médecine et de la science ?

Claire Leconte : Oui, ça l’est, c’est une typologie reconnue et mesurable. Mais il y a aussi des «intermédiaire », ni matinal ni vespéral (du soir). Contrairement à ce que l’on croit souvent, tous les ados ne sont pas des «couche-tard», beaucoup le font par provocation. Nous avons une horloge d’éveil spontanée qui est programmée en fonction de cette typologie : dans la population générale cette horloge oscille, selon les individus, entre 6h et 9h du matin, avec semble-t-il, une prédominance un peu plus forte pour le 6-7 h.

Le corps humain fonctionne selon un “rythme circadien”, propre à chaque individu. Sur quoi ce cycle est-il basé ? Vouloir “forcer” les choses en se levant tôt ne risque-t-il pas de “bouleverser” le rythme d’un individu ? Cela peut-il être néfaste pour la santé ?

Le rythme circadien fonctionne grâce à un grand nombre d’horloges biologiques (dans les cellules, les organes tels la vésicule, le cœur, dans le cerveau aussi) qui ont une rythmicité circadienne. Notre bien-être est dépendant de la bonne synchronisation de toutes ces horloges entre elles. Or on a prouvé qu’elles n’ont pas toutes la même vitesse de déplacement quand on veut les bouger : 48 h environ pour l’horloge veille-sommeil, mais 7 jours pour la température centrale et deux semaines pour les hormones telles la mélatonine, dite hormone du sommeil. Ainsi pendant ces quelques jours nous pouvons être en désynchronisation interne, car nos horloges ne sont plus synchronisées entre elles. Cette désynchronisation explique les maux de tête, entre autres, que l’on ressent alors.

Ces horloges sont génétiquement programmées c’est-à-dire qu’elles n’ont pas exactement le même rythme chez tout le monde, et cela explique qu’il est difficile de les bousculer.

De plus 24 h est un rythme social qui est imposé à chacun de nous dès notre naissance.

Apprendre à bien connaître son rythme propre est très important pour pouvoir le respecter. Des outils existent pour ce faire.

S’obliger à se lever plus d’une heure trente avant le déclenchement de notre horloge d’éveil spontanée nous met dans cette situation de désynchronisation très peu confortable.

Quand de telles désynchronisation s sont souvent répétées elles provoquent de nombreux maux, physiques et psychologiques, se l’on rencontre fréquemment chez les travailleurs postés, particulièrement ceux qui changent de poste tous les 8 jours,

Largement répandue à travers des livres devenus des best-sellers (on pense notamment à The Miracle Morning, d’Hal Elrod), l’idée selon laquelle il faut se lever tôt pour “réussir” sa vie n’est-elle pas erronée ?

Il faudra qu’on ait des années de recul pour voir les méfaits d’un tel choix. Je ne conseille en tout cas pas de se forcer à se lever très très tôt juste pour répondre à cette mode. En revanche je déconseille les longues grasse-matinées, auxquelles il faut préférer la sieste, bien conduite, quand on a un manque de sommeil. Et j’affirme que le meilleur moyen d’aller bien est de respecter une régularité dans ses horaires, tant de lever que de coucher. Fondamentalement important chez l’enfant mais vrai chez tout le monde.

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