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Stop à l'hémorragie ! Comment empêcher les Français les plus aisés de quitter notre pays
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Emigration

"Faut-il quitter la France ?" : c'est le titre du nouveau livre d'Eric Verhaeghe à paraître ce mercredi. L'auteur constate notamment avec dépit que "dans l’esprit des décideurs, la France est déjà passée de mode". Extraits (2/2).

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Pourquoi les Français les plus aisés, ceux qui occupent des postes à responsabilité, ceux qui pourraient décider de construire autrement la société française, envoient-ils tous, chaque fois qu’ils le peuvent, leurs enfants faire leurs études à l’étranger ? Parce qu’ils n’escomptent plus un avenir pour leurs descendants dans leur propre pays. Pour préparer l’avenir, il vaut tellement mieux avoir un diplôme américain ou canadien.

En réalité, dans l’esprit des décideurs, de la nouvelle noblesse française, la France est déjà passée de mode. Elle est obsolète. Trop refermée sur elle-même. Dans la grande compétition internationale dans laquelle ils se situent, ils ont déjà pris le large et ne rêvent que d’une chose : permettre à leurs enfants de prospérer là où la croissance se fait, de l’autre côté de l’Atlantique, ou en Asie. Certainement pas en France.

Voilà le résultat de 30 ans de prétendue modernité, où tout le sel de la France et de l’Europe s’est asséché dans ce grand marché unique, pour donner un goût bien indigeste à nos sociétés. C’est d’ailleurs un phénomène curieux : au lieu d’ouvrir les yeux sur notre réalité, et de constater l’impasse sociale, économique et politique dans laquelle nous nous trouvons, ces mêmes décideurs préfèrent se cramponner à leurs certitudes et répandre l’idée délétère selon laquelle la France serait finie.

De fait, et à ce rythme-là, les forces vives de notre pays n’auront pas de choix plus raisonnable que d’émigrer pour quitter cette ambiance mortifère où les initiatives sont brisées, les énergies épuisées, par une société irréformable essentiellement tournée vers son passé : la défense de son patrimoine, de son épargne, de son ordre. Et pendant ce temps, le travail, l’initiative, l’invention, l’originalité se sclérosent jour après jour, comme s’ils étaient coupables et devaient à vie se consacrer au remboursement d’une dette prétexte, d’une dette fantoche.

Cette implosion de la société européenne, et en particulier de la société française, n’a rien d’inévitable. Au contraire, cette implosion est contraire à trois millénaires d’histoire, où l’Europe, France comprise, a brillé par la puissance de son esprit et la force de ses inventions. Pourquoi ne retrouverions-nous pas cette grandeur et cette espérance qui furent nôtres ?

Simplement, pour renouer avec notre grande tradition spirituelle, nous devons consentir à des changements en profondeur de notre modèle d’organisation sociale. 

Des changements politiques d’abord, en entamant le deuil de la démocratie représentative (supprimant les Chambres !), et en préparant l’avènement d’une forme supérieure de démocratie, qui est la démocratie liquide. Grâce à Internet, cette ouverture de la décision publique à l’ensemble des citoyens est enfin possible. Elle est la seule façon durable de restaurer l’adhésion de chacun au modèle politique et de libérer enfin le désir collectif de construire la prospérité.

Des changements sociaux ensuite, en favorisant l’innovation sociale dans les entreprises. Celles-ci sont de plus en plus sclérosées autour d’une organisation salariale totalement aliénante (supprimant le salariat !), là où il faut favoriser l’invention pour relever les défis des pays émergents.

Le point commun de ces grands axes de progrès repose sur le retour à la tradition européenne de liberté de pensée et d’action. Dans cette grande tradition, Internet nous apporte enfin la grande révolution technologique dont nous avions besoin. Ne la gâchons pas. Libérons Internet, et laissons la nouvelle tour de Babel se construire sans censure, et sans marchandisation.

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Extraits de Faut-il quitter la France ? : Le premier essai sur la démocratie liquideJacob-Duvernet (15 mars 2012)

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