Edito
Pourquoi les conditions d’un retour des épargnants vers la Bourse sont réunies
En dix ans, en effet, l’actionnariat individuel a baissé de plus de moitié, tombant de plus de sept millions de particuliers à trois millions seulement. Mais le climat est en train de changer.
L’Assemblée nationale vient de voter la « flat tax » de 30% sur les revenus du capital, première étape de la réforme fiscale favorable aux placements qui devrait faciliter le retour des épargnants vers la Bourse. Ainsi devrait-on connaître la fin d’une longue période de désaffection progressive de nos compatriotes pour la détention d’actions. En dix ans, en effet, l’actionnariat individuel a baissé de plus de moitié, tombant de plus de sept millions de particuliers à trois millions seulement. Mais les placements collectifs n’ont pas été mieux lotis, puisque deux et demi pour cent de nos compatriotes affichent détenir un fonds commun investi en actions, soit trois fois qu’au moment de la dernière crise financière de 2008.
La raison essentielle de cette désaffection est bien connue : l’aversion des Français pour les placements à risque. Mais deux facteurs ont achevé de décourager les épargnants : le peu d’empressement des banques à proposer des produits attrayants à leur clientèle, en raison des frais de gestion lourds dont ils étaient parés, et surtout le matraquage fiscal opéré par François Hollande en 2012, en taxant les revenus des actions au même niveau que les revenus salariaux, ce qui pouvait conduire à un prélèvement supérieur à soixante pour cent. La désaffection du public a même touché les PEA, qui représentaient pourtant la valeur la plus sûre, dont le nombre est tombé en dessous de quatre millions, mouvement accentué il est vrai par la fermeture de certains comptes inactifs qui illustraient le manque d’intérêt des épargnants pour la Bourse.
Aujourd’hui pourtant, le climat est en train de changer. Le gouvernement réhabilite la valeur du capital avec la suppression de l’ISF qui va libérer des sommes susceptibles de retrouver le chemin de la Bourse, car elles seront en quête de placements que ne leur offre pas le marché immobilier qui reste soumis au même régime que l’ancien impôt sur la fortune. Or, présentement, la rémunération de l’épargne sans risque est devenue dérisoire : les comptes d’épargne ordinaires des banques rapportent 0,1% , les comptes à terme à cinq ans procurent 0,6% d’intérêt annuel au moment où les emprunts d’Etat à dix ans sont tombés à 0,83% de rendement. Alors que les dividendes versés par les sociétés qui ont dans l’ensemble de bons résultats, rapportent plus de trois pour cent , un régime qui va se trouver amélioré par l’entrée en vigueur de la taxe unique l’an prochain.
Pour amorcer le retour vers la Bourse, la vieille recette des privatisations qui avait jadis connu son heure de gloire peut encore jouer, d’autant qu’il n’existe pas aujourd’hui de vrais placements alternatifs rémunérateurs. En son temps, la mise sur le marché de France Telecom en 1993 avait séduit 6 millions de personnes et d’EDF cinq millions douze ans plus tard. Aujourd’hui, les participations de l’Etat atteignent une centaine de milliards et plusieurs joyaux pourraient faire l’objet d’une ouverture de capital au public comme Aéroports de Paris, Airbus, la Française des Jeux, voire Renault ou Engie. Au demeurant, la Bourse de Paris offre de bonnes dispositions : l’indice Cac 40 a progressé de plus de dix pour cent depuis le début de l’année. Certes, l’envolée insolente de Wall Street inquiète les plus frileux qui redoutent toujours la survenue d’un krach, au moment où une correction paraîtrait nécessaire aux Etats-Unis. Mais les marchés européens n’ont pas connu les mêmes excès et surtout la demande de placements à long terme est présente alors que les liquidités sont abondantes et qu’un retour de confiance dans l’économie se manifeste de plus en plus vigoureusement.
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