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Une loi de finances contre les classes moyennes
©http://kateevangelistarandr.blogspot.fr

Et de deux

Le Gouvernement vient de présenter le projet de loi de finances (PLF) pour 2018 qui est le deuxième acte majeur du quinquennat après la réforme du Code du travail.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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En effet, la loi de finances a fait l’objet d’une programmation quinquennale des finances publiques entre 2018 et 2022 qui embrasse ainsi la durée de la mandature d’Emmanuel Macron, fixant les grands équilibres budgétaires, la trajectoire du déficit public ainsi que les principaux choix gouvernementaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le PLF, loin de constituer une rupture économique et de permettre enfin de s’attaquer durablement à la réduction du déficit public, a été conçu au détriment des classes moyennes.

En premier lieu, la loi de finances va accentuer la concentration de l’impôt sur les classes moyennes avec trois réformes principales : la suppression partielle de la taxe d’habitation, la hausse de la CSG corrélée à la baisse des cotisations sociales et la réforme de l’ISF. Ces réformes sont conduites en complète contradiction avec l’objectif recherché, dans une grande continuité fiscale avec le quinquennat précédent et, plus grave, pèseront lourdement sur les classes moyennes en augmentant la concentration de l’impôt et n’auront aucun effet structurel sur l’économie française.

La suppression de la taxe d’habitation répond ainsi à une stricte logique politique visant à supprimer le dernier impôt direct payé par les ménages français exemptés de l’impôt sur le revenu. La hausse de la CSG pèsera à nouveau sur les classes moyennes, les retraités et les épargnants qui verront leur imposition augmenter. Enfin, si chacun s’accorde à penser qu’il fallait réformer l’ISF, voire le supprimer, le gouvernement fait le plus mauvais choix : laisser la résidence principale dans l’assiette éligible et en sortir tout le reste, ce qui, à nouveau, pèsera sur les classes moyennes aisées au profit des très riches qui verront, pour le coup, leur impôt substantiellement allégé.

En second lieu, la loi de finances va créer un choc fiscal récessif pour les mêmes classes moyennes. L’écrasement fiscal sur les classes moyennes sera accentué par le décalage des baisses de cotisations, soit plus de 4 milliards d’euros qui seront pris aux Français en 2018. Si l’on y ajoute les hausses sur les carburants et le tabac, avec la perspective du paquet à 10 euros en 2020, les ménages connaitront un choc fiscal récessif compris entre 6 à 8 milliards d’euros. Or, l’efficacité de telles mesures reste à démontrer. Ainsi pour ce qui concerne le tabac, comme l’a démontré la mesure sur le paquet neutre, la hausse du prix n’est pas synonyme d’une réduction de la consommation !

Enfin, le projet de loi de finances alourdit le coût du travail puisque si le CICE est simplifié, son taux est réduit ce qui conduit à augmenter le coût du travail de 3,3 milliards d’euros, principalement au détriment des salaires médians. Il n’y a ainsi aucune mesure sur le quinquennat en faveur de la compétitivité des entreprises françaises qui sont, avec les classes moyennes, les grandes perdantes de ce budget.

Plus grave, les efforts budgétaires réalisés par le gouvernement sont conçus par la traditionnelle technique du « rabot », c’est-à-dire sans réforme des politiques publiques. L’annonce sur les 20 milliards d’euros d’économies attendues sur le quinquennat n’est pas étayée. Dès 2018, le déficit n’est pas contenu puisque les dépenses augmentent en valeur de 1,6%. La réduction du nombre de fonctionnaires se limite à 1.600 effectifs dans la fonction publique de l’Etat, alors que le chef de l’Etat avait annoncé une cible de 50.000 suppressions de postes sur les cinq ans (et 120.000 avec les collectivités locales).

Les Européens, au premier rang l’Allemagne, ne pourront pas s’en contenter durablement. Il est désormais temps de sortir des postures partisanes pour affronter en face les nécessaires réformes de la sphère publique afin de maitriser durablement notre déficit, au risque de connaître une crise de cessation de paiement lorsque, inévitablement, les taux d’intérêt remonteront.

Les Arvernes

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