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38% des Français se disent prêt à accepter un régime autoritaire et 55% à confier la direction du pays à des experts non élus pour réformer la France et éviter le déclin
©REUTERS/Jacky Naegelen

Info Atlantico

La tentation d'un régime technocratique a nettement reculé chez les Français par rapport à il y a deux ans alors que la tentation pour un régime autoritaire, elle, reste presque la même selon un sondage exclusif Ifop pour Atlantico.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Quels sont les grands enseignements de ce sondage ?

Jérôme Fourquet : Il y a deux enseignements principaux. D'une part, l'attirance pour un régime de nature technocratique en France demeure importante, même majoritaire (55%). Lorsque l'on parle d'un régime technocratique, nous précisons bien "des experts non élus qui feraient des réformes impopulaires mais nécessaires".

Cela traduit le fait qu'il y a toujours ce sentiment chez les Français que la société est bloquée et que, pour la débloquer, il faudrait passer outre le processus démocratique. Cette mesure a toutefois fortement décrue par rapport à celle que l'on avait faite il y a deux ans. A l'époque, 67% des Français se déclaraient tentés par l'idée. On peut expliquer ce reflux de deux manières. La première c'est que ce sentiment d'une société bloquée a perdu du terrain depuis l'élection présidentielle de 2017. L'élection d'Emmanuel Macron aurait rouvert le jeu et l'homme a fait campagne sur sa volonté de réformer le pays en dépassant les clivages politique. De ce point de vue là, sans doute que la victoire de Macron a constitué une espérance ou une solution envisageable pour une partie de la population qui s'est dit qu'il allait s'y prendre différemment par rapport à ses prédécesseurs et que les verrous structurant ou structurels de notre société allaient sauter. Du coup, le recours à un régime technocratique perd de son intérêt.

La deuxième manière d'expliquer cette chute est aussi liée à cette élection d'Emmanuel Macron qui apparaît comme un personnage nouveau avec une image qui n'était pas celle d'un politique mais plutôt d'un expert venant de la société civile. Beaucoup d'éléments de langage mis en avant par la nouvelle équipe gouvernementale font référence à ce profil et c'est aussi valable pour les membres du gouvernement. Du coup l'aspect technocratique qui ne passerait pas par la case élection perd de son intérêt car nous sommes déjà parvenus via un processus démocratique à placer aux manettes une équipe qui correspond à ce profil-là.

Sur la question de la tentation autoritaire, nous n'avons pas la même évolution par rapport à 2015. il est intéressant de voir que les deux items ne se comparent pas de la même manière et que l'élection de Macron même si elle a eu un effet certain sur la tentation technocratique n'a eu aucun effet sur la tentation autoritaire. Cette tentation demeure stable mais se situe à un niveau nettement moins élevé que la première tentation. Cela étant dit il y a 38% de sondés qui se disent favorables à ce que "la direction du pays soit confiée à un pouvoir politique autoritaire". Un nombre important de gens sont donc tentés par cette solution et on voit ici aussi un dégradé gauche droite qui est encore plus linéaire que sur la question précédente où il y avait un creusement entre l'électorat LR et FN. Là on est à un sympathisant LR sur deux qui se déclarent favorables à l'idée et 55% du côté des sympathisants du Front National. On voit bien que le rapport à l'élection, l'autorité et l'exercice du pouvoir constitue toujours un élément de démarcation sur l'échelle gauche droite. Quand on explique que le clivage gauche droite a disparu, on voit bien que ce n'est pas le cas sur ce type de questions. On voit des différences importantes. 

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