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Derrière le ridicule de la démission fracassante du directeur des programmes scolaires, les ravages très concrets de la domination d'une gauche sectaire sur le monde intellectuel français
©AFP

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Pour protester contre son nouveau ministre, Michel Lussault, directeur des programmes depuis 3 ans et proche de la ligne idéologique portée par Najat Vallaud-Belkacem est allé se plaindre sur France Inter. L'occasion pour lui de montrer qu'il n'appartenait pas au même monde que ce parvenu de nouveau ministre !

Martine Daoust

Martine Daoust

Ancienne rectrice de l'académie de Limoges (2008 à 2010) et de Poitiers (2010 à 2012). Agrégée en sciences du médicament, elle a publié chez Albin Michel : La réforme… oui mais sans rien changer.

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Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Les directeurs des programmes Michel Lussault a démissionné de son poste en accusant à demi-mots son nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer de proximité avec la droite. Il lui reproche notamment son entretien avec Causeur et Valeurs Actuelles et d'écouter des propositions éducatives qui ont déjà été discutées et débattues au sein de son administration. Ne s'agit-il pas là d'un bel exemple de privatisation des débats d'idées au sein de l’appareil de l'Etat ?

Martine Daoust : Ce qu'il faut dire tout d'abord, c'est qu'il faut sortir de cette sempiternelle rengaine école de gauche école de droite, c'est un mauvais débat. Le problème n'est pas là. La vraie question est de trouver une solution dans la fracture scolaire entre les élèves qui ont un environnement d'instruction ad hoc et les autres. La question de la réussite des enfants et ses solutions ne sont ni de gauche ni de droite. Michel Lussault démissionne et c'est normal, il avait été mis en place par le gouvernement précédent. Cela se fera désormais autrement et sans lui. Sa réaction est en effet typique de certaines rigidités face au débat. Alors qu'à son poste même, il y a un vrai débat. La problématique des programmes est essentielle. Deux personnes ont déjà démissionné du conseil supérieur des programmes. Et c'est peut-être une bonne chose, parce qu'il est vrai que les programmes à mon avis doivent sortir du dogme. Pour cela, il faudrait peut-être demander aux personnes les plus informées sur la question, les universitaires. Et ce discipline par discipline, pour savoir ce qu'ils attendent d'un élève après le bac. Je ne suis pas certaine qu'ils soient vraiment consultés et écoutés. Car pour avoir fait 40 ans de cours en première année, je peux vous affirmer qu'il y a des cas pour lesquels on s'interroge vraiment sur la validité de leur formation scolaire.

Car au fond, une fois qu'on a parlé des fondamentaux, il reste la question de ce qu'on doit mettre dans l'école. Et apparemment personne ne semble près à en discuter jusqu'à aujourd'hui dans les administrations de l’Éducation nationale jusqu'à aujourd'hui. Car le but n'est évidemment pas d'empiler les connaissances mais de faire des têtes bien faites ! Et pour cela il faut réfléchir aux conséquences de l'Ecole, faire en sorte que le milieu scolaire discute avec le monde en dehors des rectorats pour discuter des résultats.

Le bilan que défend Lussault ne créerait pas des "happy fews", au contraire du modèle "jésuite" de Blanquer selon l'ancien directeur... 

Martine Daoust : On est en 2017 et notre modèle éducatif est très inégalitaire et toujours plus inégalitaire. On creuse l'écart entre des enfants favorisés et les autres. Jean-Michel Blanquer l'a très bien dit. L'école mais en fait tout l'enseignement crève de l'égalitarisme. Il faut pouvoir moduler en fonction des capacités d'apprentissage, des parcours des élèves. Et cela a un coût évidemment. Alors oui l'école doit être bienveillante, mais on ne fait pas une école jésuite ! Il faut sortir de ce genre de débat, c'est essentiel pour inverser la situation.

Les Français ont-ils conscience de la domination de la gauche sur les fonctions intellectuelles de l'appareil d'état ?

Jérôme Fourquet : Oui et la preuve est que nous avons depuis longtemps des candidats et des responsables politiques qui n'ont pas hésité à jouer sur ce terrain-là. Nicolas Sarkozy ou François Fillon lors de sa dernière campagne dénonçaient déjà le pédagogisme, l'héritage 68 qui aurait pris les commandes des universités, du ministère de l'Education nationale. On peut dater cela à 2007 avec la campagne de Nicolas Sarkozy et notamment avec la prise en grippe de l'héritage de 68. Vous avez tout un corpus d'argumentaires, de thématiques qui vont dans le même sens. Qu'il s'agisse de la sélection à la fac, de la nature des programmes; de la méthode d'apprentissage de la lecture… La droite a toujours tapé très fort là-dessus avec un certain succès auprès de son électorat.

Donc pour répondre à votre question je pense que toute une partie d l'électorat de droite est convaincu de cela, et le déplore voire même enrage. Donc c'est toujours un succès garanti auprès de cette cible que de dénoncer cette main-mise.

Mais ça ne se cantonne pas à droite. Le fait qu'Emmanuel Macron ait nommé Blanquer va aussi dans le même sens. Le sens d'un retour aux fondamentaux, d'une rupture avec ce qui était fait jusqu'à présent et bien évidemment en face la pilule a beaucoup de mal à passer. On a en tête le visage de Najat prise sur le vif dans un reportage quand elle est devant son poste de télévision pendant la composition du nouveau gouvernement. Quand elle entend l'identité de son successeur monsieur Blanquer elle ne peut pas s'empêcher de faire la moue car elle sait que ce dernier porte un discours et un regard totalement éloigné du sien. Macron et son ministre vont aussi dans cette direction et ils peuvent bénéficier d'un soutien de l'opinion. Donc ce n'est pas seulement la droite mais bien même la gauche qui a intégré cette idée qu'à la tête de l'appareil de l'état, les fonctions intellectuelles sont (et pour eux doivent être) tenus par la gauche.

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