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Pourquoi les programmes en 12 étapes des alcooliques anonymes sont irrationnels
©Reuters

L'alcool a ses raisons...

Le principe des alcooliques anonymes est très prisé aux Etats-Unis. Pourtant, selon une étude, son taux de réussite serait particulièrement faible.

Atlantico : Le programme des alcooliques anonymes, bâti sur 12 étapes doit permettre à des personnes ayants des problèmes d'alcoolisme de vaincre leur dépendance. Cependant, Lance Dodes, un professeur retraité en psychiatrie de l'école de Médecine d'Harvard montre dans un livre, The Sober Truth: Debunking the Bad Science Behind 12-Step Programs and the Rehab Industry que le taux d'efficacité de cette méthode n'excède pas les 5 à 8% de réussite. Comment expliquer les faiblesses de ce programme pourtant très réputé outre-Atlantique ? 

Guillaume Babinet : De mon point de vue, cela fait appel à des croyances. On cherche une solution radicale à un problème multi-factoriel et complexe. Pour les personnes ayant des problèmes d’alcoolisme, ils ont besoin de se rassurer ainsi que leurs proches avec une méthode efficace. Ce qui compte, c’est de trouver une alternative immédiate et durable à leurs problèmes. 

Bien souvent l’addiction prend sa source dans une situation anxiogène vécue dans le moment. Lutter contre l’addiction est de pouvoir répondre immédiatement à un besoin dans le présent. Les faiblesses du programme AA sont que les séances véhiculent un combat pour conjurer la maladie. La lutte se fait d’une manière collective, il y a le groupe et le psy, les soignants ou l’accompagnateur.  Deux faces, deux cultures, des soignants et des malades. La dépendance doit être accepté, entouré, cajolé avant de vouloir la conjurer. C’est ce que font dans un certains sens les Alcooliques Anonymes, mais il manque une étape car s' il y a un réel soutien du groupe pendant les séances, une fois que la personne est seule, elle est livrée à elle-même. Le parcours, c’est elle qui le fait. Soutenir c’est bien, lutter c’est aussi bien, mais cela nécessite un accompagnement global. C’est pourquoi miser que sur un seul soin,  les médicaments, les cures, ce n’est pas adaptés. C’est l’ensemble des soins ajoutés bout à bout et cadrés qui permet à la personne d’être complètement dans un accompagnement qui va la restructurer. Il y a besoin d’un encouragement étape par étape. L’addiction est un processus complet , la réponse doit être un processus complet. Au même titre qu’un enfant apprend à marcher avec l’encouragement du parent, la personne dépendante doit avoir plusieurs chances de s’en sortir. Je dirais donc que le traitement et la réponse doit être plus global, avec une complémentarité et pluralité de soins réunies au sein d’un même service, et donner des nouvelles chances en cas de récidive à l’alcool. Tout est bon, responsabiliser le malade, lui permettre d’être à nouveau acteur de sa vie et non dépendant de sa bouteille.

Quelles sont les méthode les plus efficaces dans la lutte contre l'alcoolisme ? 

Il n’y a pas de mon point de vue une méthode efficace mais des méthodes qui permettent d’accompagner le patient vers une réduction voire une abstinence totale. C’est une offre de soins globale. Tout est bon à prendre sans tomber dans la méthode ou la solution-miracle. Il n’ y en a pas. Il n’y a pas un alcoolique, il y a plusieurs formes d’alcoolisme. Chaque individu est différent par rapport à sa consommation. Nous parlons souvent de l’alcoolisme comme quelque chose d’effrayant. C’est une maladie comme les  autres. Ce que font les Alcooliques Anonymes, c’est de conjurer un mauvais sort. Tous ensemble, je lutte, je prie, je fais des rituels.  

Dans les méthodes qui sont bonnes dans la lutte contre l’alcoolisme, je parlerais de ce que je pratique, les thérapies psycho-corporelles (sophrologie, hypnose, méditation, pleine conscience) associées à une psychanalyse classique.

Ainsi, il y a  un travail sur le corps et l’esprit, un accompagnement psychique, des soins médicamenteux, le soutien d’un groupe, le changement d’un scénario.Pour finir, il n’y a pas de recette miracle, il y a des techniques qui aident les patients . Mais tout vient de la personne. C’est elle qui fait le boulot. 

Comment orienter un proche souffrant d'un problème d'alcoolisme ? ​

La meilleure attitude est de ne pas juger. De conseiller, de rassurer. Puis d’essayer de proposer à la personne d’aller se faire aider. Ce n’est pas une punition. De la bienveillance, du soutien, de l’aide. C’est pourquoi les thérapies psycho-corporelles sont une bonne alternative en complément d’autres types de soins, car elles remettent la personne au centre, en tant qu’acteur de sa vie, avec bienveillance et lui donne des clefs pour tout de suite être bien et confortable (il peut avoir recours à ces techniques quand il se retrouve seul avec lui-même). Elles permettent de faire émerger une nouvelle conscience, plus active, plus saine et plus harmonieuse. Elles favorisent aussi une invitation et non une obligation pour la personne de se préparer à reprendre sa vie main.

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