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Brexit : Theresa May va proposer de verser 50 milliards d’euros pour débloquer la négociation avec les Européens, mais son parti n’est pas d’accord
©Reuters

Atlantico Business

Theresa May veut obliger le parti conservateur à prendre ses responsabilités et à accepter de payer le prix du Brexit, qu’elle estime à 50 milliards d’euros. Si elle n’obtient pas de majorité sur ce chiffre, elle part.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La négociation sur les modalités de sortie de l’Union européenne est complètement bloquée. Apres l’échec brutal de la réunion du mois d’août, Michel Barnier, qui négocie ce Brexit pour le compte des européens, a réitéré les conditions préalables à l’ouverture d’une négociation sur les modalités de fonctionnement après le Brexit. Deux conditions :

Une. Que la Grande-Bretagne règle la question des résidents européens en Grande-Bretagne

Deux. Que la Grande-Bretagne solde ses comptes avec l’Union européenne. Selon les premiers calculs, la Commission avait laissé entendre que l‘Union européenne attendait 100 milliards d’euros pour solde de tout compte.

La Grande Bretagne n’a donné aucune information sur ces deux points qui lui étaient réclamés, tout en souhaitant néanmoins vouloir démarrer les négociations sur l’après Brexit.

En fait, jusqu'à maintenant, les Anglais essayaient de gagner du temps. Ils voulaient pouvoir organiser un Brexit très politique sans beaucoup modifier les conditions de fonctionnement et notamment la libre circulation des biens et des services. En clair, les Anglais pensaient conserver tous les avantages qu’ils tiraient de l’Union (le passeport, l’absence de droits de douanes, les facilités fiscales, etc.) tout en s’exonérant des contraintes.

Pour les européens, il n‘était pas question de commencer à dessiner le prochain contrat d’union libre sans avoir solder les factures du divorce.

Après la première confrontation avec les européens à la fin du mois d’août, Theresa May a, semble-t-il, compris qu’elle ne réussirait pas à avancer et à sauver quelques meubles sans accepter de payer, ou de promettre de payer, une partie de la facture.

Alors, il n‘est pas question d’accepter de payer cash 100 milliards d’euros et de mettre à genoux les britanniques, ça n‘est d’ailleurs pas l’intérêt des européens que d’avoir un grand voisin en faillite.

Cela dit, elle a compris que sans un effort de sa part, elle allait dans le mur.

Pour cette raison, elle serait prête à faire un chèque de 50 milliards d’euros. C’est le montant qu‘elle devrait proposer au parti conservateur d’accepter de payer. Rien ne dit qu’elle obtiendra une majorité sur ce chiffre.

Alors, pour essayer de convaincre l’aile la plus dure du parti conservateur, les services de Theresa May seraient prêts à payer 10 milliards d’euros par an, jusqu’en 2022. Mais la formule n’est pas plus convaincante parce que les députés conservateurs, qui ont promis à leurs électeurs un Brexit dur parce qu’ils considéraient que l’appartenance à l’Union européenne leur coutait très cher, se voient mal aller leur expliquer que la sortie va leur couter 10 milliards de cash par an, sans compter la perte d’activité liée à la fermeture des frontières.

Theresa May est donc dans l’impasse d’où son discours politique assez amer expliquant que l’Union européenne cherche à tuer la Grande-Bretagne.

Cette histoire politique risque de tourner à la catastrophe. A moins que Theresa May ne réussisse à expliquer à sa majorité que si on organise le Brexit, il faudra en assumer les conséquences et tous les effets, alors que cette pédagogie-là n’a jamais été faite.

Ou bien aller jusqu‘au bout du scénario du Brexit et trouver des plans B pour compenser sur le plan économique, la perte de l’Union européenne. Ceci dit, les plans B qui consistaient à se tourner vers les Etats-Unis, puis vers le Japon pour signer des accords de coopération privilégiée n’ont pas abouti. Aucune des grandes zones économiques du monde, en Amérique, comme en Asie, ne veut prendre le risque de se fâcher avec le marché européen.

En fait, Theresa May se retrouve complètement coincée. Dans son fonctionnement quotidien, elle n’a plus de conseiller performant, ni de négociateur. Sa majorité conservatrice est bloquée par la frange qui plaide pour un divorce dur et violent. Quant à l’Europe, elle ne bougera pas tant que les conditions préalables ne seront pas acceptées. A titre personnel, la seule issue serait évidemment de partir, mais son départ laisserait un vide qui ne ferait qu‘aggraver la situation intérieure.

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