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 Nouveau record du vol le plus long avec le Sydney-Londres en 20 heures, et après ?
©Reuters

Bornes des limites

Qantas lance un Londres-Sidney en 20 heures sans escale, soit le plus long vol commercial existant. Une réelle performance qui entraîne cependant beaucoup de problème logistiques et économiques.

Xavier Tytelman

Xavier Tytelman

Formateur en aéronautique, spécialiste de la sécurité aérienne et président du Centre de Traitement de la Peur de l'Avion (www.peuravion.fr), Xavier Tytelman est également chargé d'étude Veille Analyse Anticipation au profit du Bureau Opérations et Gestion Interministérielle des Crises (Ministère de l'Intérieur / DGSCGC).
 
 
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Atlantico : La compagnie aérienne australienne Qantas a annoncé la création d'une correspondance Londres / Sydney en seulement 20h, et ce grâce à des nouveaux modèles d'Airbus et de Boeing. Quelles sont les capacités de ces nouveaux modèles ? 

Xavier Tytelman : En ce qui concerne le terme "seulement", une petite précision : ce n'est pas la durée qui change. En effet, la vitesse est similaire à celle des anciens ; mais on est sur des modèles d'appareil qui sont des Airbus A350 et des Boeing 787 qui consomment 35% de moins que leurs prédécesseurs. Ce sont des avions assez récents, sortis dans les années 2010. Du coup, cela permet d'aller plus loin. La limite d'un avion était jusqu'ici sa capacité de carburant. On avait fait des vols à une époque entre New York et Singapour qui duraient 18 heures. C'était excessivement consommateur. Ce vol direct posait problème : pour un vol si long, il fallait tellement de carburant qu'on se retrouvait obligé de faire l'impasse sur autre chose et notamment sur les passagers. De mémoire, au lieu de 300 passagers dans cet A340, on se retrouvait uniquement avec 100 classes business à 5000 dollars le billet. Cela signifiait plus aucune classe économique, évidemment parce que 18h sur un siège de classe éco, c'est insupportable. 

Si on arrive à faire des trajets si longs, c'est donc parce qu'on a des avions super efficaces et qui consomment beaucoup moins et permettent d'aller plus loin. Sur un trajet long, le pétrole que vous allez consommer sur la dernière heure de vol aura nécessité du pétrole pour le transporter et sur un Paris New York, il faut 400 kg de pétrole rien que pour transporter la dernière tonne consommée. 

Quand vous consommez 250 tonnes de carburants, plus c'est long, plus ça va être consommateur. C'est pour cela que les vols à escale sont moins chers. Si vous allez aux Etats-Unis et que vous vous posez en Islande à mi-chemin, vous consommer 30 à 40% de carburant en moins que lors d'un vol direct. Certes il y a 4-5 heures de trajet économisée lors des longs vols direct, mais le prix est aussi nettement plus cher. 

Et sur le cas d'un avion dont on limite les capacités de transport pour augmenter le carburant, on est uniquement sur des classes business et des tarifs disproportionnés. C'est vraiment parce que les gens ont envie de gagner 4h en termes de trajet que ce vol va exister. 

Quelles sont les prochaines limites à atteindre en termes de temps de vol ? D'autres projets de ce type sont-ils en cours ? 

En termes de capacités techniques, on peut imaginer un avion sans passager et donc capable de voler plus longtemps… mais cela n'a pas d'intérêt évidemment. Pour avoir des avions encore plus économes, il faudrait une nouvelle génération d'appareils, donc pas avant 10-15 ans. Ce sera du plus économique pour le grand public. Mais objectivement, je pense que les prochaines générations seront surtout des avions avec statoréacteurs ou d'autres technologies dans ce genre. Des nouveaux Concorde en fait. Il y a toute une génération d'avions très rapides, allant à environ 2000 km/h et transportant 20 personnes en classe business. Ces vols très longue distance ne seront pas remplacé par des vols plus longs mais par des technologies adaptées aux désirs précis des consommateurs. 

Au-delà des capacités techniques, les limites ne sont-elles pas atteintes pour les passagers ? Ces derniers sont-ils prêts à accepter des temps de vol aussi long, même si du temps de vol est gagné par rapport à un vol comprenant une ou plusieurs escales ? 

C'est difficile à répondre, mais le cas présent permet aujourd'hui d'être adapté en journée de travail. Les gens pourront travailler avec une connexion internet à bord pendant ces temps longs, et l'espace sera aménagé pour répondre à cette problématique. Cela ne sera donc même pas du temps de perdu, mais bien du temps gagné par rapport à ce qui pouvait exister il y a dix ans. Si un jour on fait des vols de 20h pour classe éco, cela sera certainement des backpackers ! Mais cela m'étonnerait, parce qu'ils préféreront perdre 3h et gagner 400 euros.

En revanche, la question se pose pour les équipages : on devrait alors avoir à faire à deux équipages complets avec donc 4 pilotes et un aménagement pour leur repos. La sécurité aérienne va très certainement statuer sur ces questions si ce n'est pas déjà fait. 

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