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Comment le Danemark - et son record mondial de dépenses publiques - essaye de remettre les gens au travail
©Reuters

C'est la santé

Le pays scandinave est le pays le plus taxé au monde avec 46.6% de prélèvements par rapport au PIB et manque cruellement de main d'œuvre.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Pays le plus taxé au monde avec 46.6% de prélèvements par rapport au PIB (la France est seconde de ce classement avec 45.5% de prélèvements) le Danemark manque de main d'œuvre. Sur 5.8 millions de Danois, 750 000 d'entre eux reçoivent une aide sociale, un chiffre que le gouvernement voudrait voir baisser pour augmenter le nombre de personnes au travail. Pour ce faire, le gouvernement cherche à baisser les impôts. Est-ce la bonne méthode ?   

Il faut savoir que le Danemark offre une "flexisécurité" aux travailleurs. C’est-à-dire un système de travail plutôt souple compensé par une protection sociale importante. Les prestations sociales danoises sont élevées, assez proches du niveau de la France, et cela peut en dissuader un certain nombre de travailler. Le Danemark est dans une situation économique plutôt positive, comme la plupart des pays d'Europe du Nord, donc l'objectif est d'inciter les Danois à retrouver le chemin du travail. D'autant qu'il y a un problème de vieillissement de la population à l'image de ce qu'il se passe en Allemagne, en Suède, voire en France. 
Diminuer les prélèvements obligatoires, et donc diminuer à terme le coût du travail et de certaines prestations sociales pour favoriser le retour à l'emploi semble logique. Il ne faut pas pousser à l'inactivité mais encourager l'activité professionnelle, que ce soit des femmes, des seniors, et de l'ensemble de la population.

Dans un pays ou les sondages montrent un refus des Danois de voir la charge fiscale baisser, le gouvernement ne parvient pas à réaliser les réformes souhaitées. Ne peut-on pas considérer qu'une hausse des salaires pourrait également offrir une plus grande attractivité du travail, par rapport aux aides sociales ? La baisse d'impôts est-elle la meilleure option ? 

Au Danemark il y  a toujours une très bonne accessibilité de l'impôt. Au contraire de la France, le Danois aime payer des impôts (rires), cela fait partie du modèle social car il y a une qualité de vie qui est reconnue, une protection sociale qui est reconnue. D'autre part il y a la peur de la remise en cause du système de protection sociale, de la "flexisécurité" pour se adopter un modèle plutôt anglo-saxon. Système récusé par une majorité des Danois, la social-démocratie signifie quelque chose dans les pays scandinaves. 
Les salaires danois font partie des plus élevés d'Europe donc les marges ne sont pas très importantes. Quand on dépasse les 45% du PIB en prélèvements obligatoires, on est sur des niveaux très élevés où tout euro de salaire supplémentaire coûte cher.  Jouer sur la masse fiscale, est aujourd'hui une voie plus facile.

Alors que la France navigue dans les mêmes ratios en termes de prélèvements, en quoi Paris pourrait apprendre du cas danois ? Avec un taux de chômage inférieur à 4% au Danemark, le pays se démarque de la France. Qu'est-ce que cela change en termes de réformes ?

Par sa taille, par sa tolérance vis-à-vis de l'impôt, sa spécialisation dans la production haut de gamme, il y a un positionnement économique différent de la France. On ne peut pas transposer les deux cas. Certains considèrent le Danemark et sa flexisécurité comme un modèle,  mais oublient ces spécificités. 
Mais ce qui est intéressant, c'est que l'on voit que même dans un pays avec un taux de chômage de 4% et une réussite économique indéniable, se pose la question de l'excès de prélèvements obligatoires. Et là, cela doit interpeler la France, où le niveau de dépense publique et celui de prélèvement obligatoire, ont dépassé le seuil de la tolérance. 
En matière de réforme de cotisation sociale, il faudrait aller plus vite que ce que propose Emmanuel Macron. Nettoyer toutes les scories mises en place en matière d'allègement, depuis les 35 heures. On voit notamment que Macron est entrain de reculer sur le CICE. D'autre part transférer sur la CSG, voire pour certains sur la TVA et surtout essayer de trouver des postes d'économie en matière de la protection sociale. Mais on a vu que ce n'est pas forcément un chemin facile avec l'histoire de l'APL en ce qui concerne les dépenses logements. Mais il faut aller dans ce sens-là. Il faut favoriser le nombre de personnes susceptibles de travailler. Il faut renforcer l'employabilité des français, accroître la population active. La richesse, ce sont des bras et des cerveaux. Plus il y aura de gens qui travaillent, plus il y aura de croissance.  

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