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Comment peut-on être de gauche ? En Pologne on peut et même on devrait !
©Reuters

Sainte Vierge…

Ce qui en France est d'une consternante banalité est là-bas d'une ardente nécessité.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le soleil illumine Krakowskie Przedmieście une des plus jolies rues de Varsovie. Elle est réservée aux piétons. Une foule heureuse et souriante s'y promène. Les filles portent des shorts très courts, un uniforme obligé en Europe de l'Est. Tout cela est très sympathique et agréable.

Une voiture de police fend lentement la foule. Elle précède deux hommes, gris et tristes, qui portent une banderole avec ces mots : "Croisade mariale pour sauver la Pologne". Derrière eux un curé âgé et en grande tenue, chasuble etc… Derrière le curé, une quinzaine de personnes mal fagotées aussi sinistres que les porteurs de la banderole.

Ils veulent que Dieu sauve la Pologne. Et de quoi Dieu doit-il sauver la Pologne ? D'après les tracts qu'ils distribuent des homosexuels, des filles indécentes, de l'assassinat des embryons, et des sionistes. Dans l'église d’où ils sont sortis, le curé du lieu a placardé des affiches dénonçant les horreurs de l'avortement.

Ici, l'église est une puissance. A l'époque du communisme, elle avait un rôle bénéfique en empêchant par sa résistance la soviétisation totale du pays. Depuis, elle s'est installée en Pologne comme dans une terre conquise. Elle veut tout. Mais, et c'est heureux, elle ne peut quand même pas tout.

Elle couve de son aile protectrice et inonde d'eau bénite ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir en Pologne. Un parti catholico-conservateur et ultra-nationaliste. La Pologne profonde a voté pour eux.

Les dirigeants polonais actuels ont essayé de restreindre le droit à l'avortement. 200 000 femmes dans les rues les ont obligés à renoncer. Ils exaltent la Pologne éternelle qui se doit de refuser les recommandations de la Commission de Bruxelles. Mais ils ne crachent pas sur les milliards qu'ils reçoivent de l'Union Européenne.

Ils tentent de supprimer l'indépendance des juges. Ils sont sujet à des accès compulsifs de propagande antigermanique où Angela Merkel est proclamée héritière d'Adolf Hitler. Ils méprisent leurs voisins ukrainiens, biélorusses et lituaniens, et exaltent le souvenir des temps bénis quand sur ces pays flottait le drapeau avec l'aigle polonais.

Une grande partie –minoritaire certes- de la population polonaise a honte de ceux qui la gouvernent. Nombre de Polonais ne veulent pas passer pour des sauvages arriérés aux yeux de l'opinion européenne. Le gouvernement dit d'eux qu'ils sont de gauche, des rouges. Une insulte dans sa bouche. Mais pour beaucoup, ceux qu'on peut voir dans les rues de Varsovie indifférents à la triste procession des bigots et des bigotes, c'est un honneur. 

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