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Néo-nazis, suprémacistes, KKK, mais quelles sont vraiment ces nébuleuses qui gravitent autour de Donald Trump ?
©WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Du beau monde

A Charlottesville, une manifestation de l'extrême droite américaine a débordé lors de heurts avec des contre-manifestants antiracistes. Bilan : un mort et des dizaines de blessés.

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa est spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. Il est chercheur au centre Thucydide. Son dernier livre s'intitule Géopolitique des Etats-Unis (Puf, 2022).

Il est également l'auteur de Hillary, une présidente des Etats-Unis (Eyrolles, 2015), Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump (Passy, 2016), Trumpland, portrait d'une Amérique divisée (Privat, 2017),  1968: Quand l'Amérique gronde (Privat, 2018), Et s’il gagnait encore ? (VA éditions, 2018), Joe Biden : le 3e mandat de Barack Obama (VA éditions, 2019) et la biographie de Joe Biden (Nouveau Monde, 2020). 

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Atlantico : Lors d'une manifestation de  groupuscules d'extrême dans une petite ville de Virginie samedi 12 aout, des violences ont éclaté avec des militants antiracistes. Une voiture a foncé sur la foule suite à quoi une personne est décédée. Qui sont ces groupes et quelle ampleur sont-ils ?

C'est la grande question. Ils sont là depuis maintenant quelques années. On a vu monter cette mouvance sous le mandat d'Obama et c'est devenu un groupe intellectuellement viable, car des intellectuels les ont rejoints et on construit une véritable pensée politique, ce qui n'était pas le cas avant.

La genèse de ces groupes c'est la fin de la guerre civile. Lorsqu'à leurs retours dans les villes du sud, des soldats ont découverts que les noirs étaient émancipés. Ils se sont alors réfugiés dans des groupes racistes comme le KKK. Il y en avait des centaines voire des milliers. Leurs fondements politiques sont le refus de l'autre, un racisme et un antisémitisme très fort et bien entendu l'idée qu'il y ait une suprématie blanche. La candidature de Donald Trump est arrivée à un moment où ces groupes se cherchaient un champion, quelqu'un pour les représenter.

Très vite ils ont rejoint les équipes de Donald Trump et au-delà de son slogan "rendre la grandeur à l'amérique" on a vu un autre apparaitre "l'Amérique d'abord. C'est d'ailleurs ce slogan qui est mis en avant aujourd'hui. Ça veut dire que pour ces gens-là, la réalité politique c'est le refus de l'immigration. Car pour eux les immigrés viennent "manger le pain des américains".  

Ces groupes sont disséminés dans l'ensemble les Etats Unis. Ils ne sont pas très nombreux. Physiquement on les évoluait à l'époque du début de la campagne de Donald Trump à quelques centaines. Aujourd'hui, ils ont évolué mais je pense qu'ils sont largement en dessous des 10 000 (ce qui est déjà beaucoup). Ce sont des groupes très extrêmes et cette droite radicale regroupe un ensemble de nébuleuse. ll n'y a pas qu'un groupe, il y en a des centaines. Le KKK, l'Alt-right, les Néo Nazis et les suprématistes de façons général. Beaucoup de groupes qui, quelques fois, n'ont pas grand chose en commun voir ne se supportent pas.

Pourquoi ces groupes sont-ils assimilés à Donald Trump ? Cette proximité vous semble-t-elle crédible ?

La raison pour laquelle on les assimile à Donald Trump c'est qu'il a dans son entourage des hommes qui sont issus de cette mouvance ou qui en sont proche. On distingue trois hommes : Steve Bannon, Steve Miller et Sebastian Gorka. Ces hommes-là sont avancés intellectuellement, ont des diplômes et une vie qui parle pour eux. Ils portent la parole de ces groupes de l'Alt-right (la nouvelle droite) qui revendiquent aujourd'hui la suprématie blanche auprès de Donald Trump. Il a récupéré beaucoup de leurs idées dans son programme. Il y a deux semaines, la proposition de loi sur l'immigration, la loi Raise qui  va être présentée au congrès à la rentrée, est directement inspirée de ces groupes la et a été défendue au nom de la maison blanche par Steve Miller. Cette loi rejette les immigrants qui ne parlent pas anglais ou qui n'ont pas de diplômes. Ces groupes ce sont sentis pousser des ailes pendant la campagne de Donlad Trump et on rejoint ces rangs. Il ne faut pas oublier qu'il n'avait pas de parti à l'époque mais uniquement des militants. Et ses militants ce sont ces gens-là qui ont grossi les rangs de ses meetings. Ils ont surtout étaient très actifs sur les réseaux sociaux. D'ailleurs l'Alt-right existe essentiellement virtuellement. C'est comme ça que ces gens échangent, se rencontre ou milites, plus que lors de rencontre physique. Cette manifestation était une exception. Ils ne sont pas si nombreux que ça mais ils sont très militants.

N'y a-t-il pas un risque d'assimiler ces militants au trumpisme, en écartant et en disqualifiant le message d'un électorat bien plus large ?

Ils font partis du trumpisme.  Ils ne sont qu'une faction mais ils sont parti intégrante. Et c'est bien la difficulté à laquelle Donald Trump doit faire face aujourd'hui. Comme après son élection d'ailleurs quand tout le monde lui a demandé de condamner ces groupes au lendemain de l'élection, il y avait des manifestations de KKk qui célébraient la victoire de Donald Trump, ce qui avait beaucoup choqué les américains. il avait envoyé ces groupes promener, mais il n'y a pas eu de condamnations fermes et fortes. Ils se sont donc sentis légitimé par le président. Ce qui s'est passé hier, quand il condamne la violence, ce qui est son rôle, il pointe les divisions de la société mais il ne va pas jusqu'au bout en dénonçant leurs extrémismes et leurs idées nauséabondes. Il ne le fait pas car il sait qu'il a besoin d'eux Ils sont une part intégrante de sa victoire, ils sont certainement un maillon de sa prochaine victoire. Ce sont ses militants et il n'en a pas d'autre. 

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