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Pourquoi la France accepte une fiscalité de plus en  plus inégalitaire
©Flickr

Impôts

Le poids de l’impôt est un sujet de division entre les Français. Dans un pays où les prélèvements obligatoires représentent 57% de la richesse nationale, la fracture fiscale est devenue l’un des problèmes majeurs.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Car elle est à l’origine de toutes sortes d’expédients pour échapper à l’impôt , certains sous forme de dérogations ou allègements  ayant un caractère officiel avec la bénédiction de l’Etat, d’autres par le biais  d’ évasion  fiscale, voire tout simplement  par le départ de contribuables fortunés sous d’autres cieux. Il  reste un malaise général qui s’exprime publiquement par un sentiment  de ras le bol fiscal, comme on  a pu le rencontrer récemment, avec la dénonciation dans la presse que l’on travaille en France plus de la moitié de l’année  pour l’Etat, alors que dans le  même  temps l’endettement  du pays continue  de  croître et que les promesses de maintenir  l’accroissement du déficit dans la  limite de trois pour cent continue de relever de la quadrature du cercle.

Le problème n’est certes pas nouveau. L’imposition du revenu a toujours connu en France  un accouchement difficile. Les taux prohibitifs qui avaient été mis en  place sous la Révolution en  avaient fait un véritable épouvantail et c’est seulement en 1914 qu’un impôt moderne a vu le jour, pratiquement  un siècle après la Grande-Bretagne  ou les Etats-Unis. Mais  très vite, la France est retombée dans son principal travers, celui d’une progressivité excessive, dont  la dernière expérience a vu le jour sous le  quinquennat de François Hollande, le Président  qui avait certes déclaré que son ennemi  était la finance, en instituant un taux de prélèvement de 75%. Et l’opinion vient  ainsi de découvrir avec la publication  des statistiques officielles que deux pour cent des foyers fiscaux avaient fourni 40% de  la recette fiscale en 2015, proportion  qui s’est encore accrue en 2016, alors que 22% du produit de l’impôt  sur le revenu émanait  de 0,4% seulement  des  contribuables.  Une progressivité qui donne le tournis, alors que parallèlement, à l’autre  bout de l’échelle,  le nombre des personnes  exonérées du fameux  impôt ne  cesse de croître : il  a bondi de trois millions  depuis 2013,  au point que l’an dernier 16 millions de contribuables ont payé  leur dime  sur 37,7 millions.  Si l’on voulait opposer deux Frances, on ne  s’y prendrait pas autrement. Celle qui est de plus en plus imposée accepte  de plus en plus mal  que la majorité qui en est exonérée continue  de voter les taux de l’impôt sur le revenu de l’autre moitié.  Et l’on a vu au fil des ans se développer des centaines de  niches  fiscales pour tenter de corriger certains abus (tout en en créant d’autres), en développant en bout de course une insatisfaction générale. Avec un effet pervers : celui de tirer sur ceux qui seraient  le  mieux à même de favoriser la relance, mais qui sont privés d’investir parce que l’ Etat absorbe l’essentiel des revenus qu’ils pourraient consacrer à l’investissement.

Emmanuel Macron voudrait corriger un peu ces dérives en réduisant la taxation sur le capital, mais en même temps, selon sa formule favorite,  il ne  rompt pas avec le passé, puisqu’il va concentrer la taxe d’habitation sur une minorité en dispensant de l’impôt 80% des assujettis.

L’équité voudrait pourtant que l’on s’oriente vers une  imposition faible, mais  généralisée de l’impôt sur le revenu,  pour donner à tous le  sentiment  de  participer à l’effort collectif, alors que l’on arrive à faire croire que l’on va demander plus à des citoyens qui ne  sont  même pas soumis à cet impôt ! Il  est vrai que la jalousie vis-à-vis de ceux qui gagnent  de l’argent est si ancrée dans notre pays que faire prévaloir une  vision moderne de la problématique économique parait insurmontable. Dernier exemple en date : la reprise conjoncturelle qui s’est amorcée fait renaître  l’espoir de meilleures rentrées fiscales. Et déjà certains esprits imaginent le retour de la cagnotte qui avait fait rêver le gouvernement  de Lionel  Jospin à l ’idée que l’on allait pouvoir fermer les yeux sur la nécessité de redresser les comptes du pays pour pouvoir  à nouveau redistribuer.

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