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Pourquoi Edouard Philippe est finalement plutôt avantagé dans le rapport de force qui ne manquera pas entre Emmanuel Macron et lui
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Bras de fer

Alors que le président de la République Emmanuel Macron voit sa côte de popularité chuter en cette fin de mois de Juillet, il s'est adressé vendredi à ses ministres pour les inciter à tirer les leçons de ces derniers jours et à "donner du sens" à son action.

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart est le Directeur Général adjoint de l'institut de sondage Opinionway. Il est l'auteur de "La Présidence anormale – Aux racines de l’élection d’Emmanuel Macron", mars 2018, éditions Cent Mille Milliards / Descartes & Cie.

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Atlantico : Alors que le premier ministre paraissait, jusqu'ici, en position de faiblesse - il est le chef d'une majorité parlementaire et n'a pas le soutien de son parti d'origine -, peut-on estimer que sa situation reste plus avantageuse que celle d'Emmanuel Macron, qui a rapidement vu ses électeurs de gauches lui tourner le dos ?

Bruno Jeanbart : Il faut toujours se rappeler les raisons de la nomination d’Edouard Philippe à Matignon. Emmanuel Macron avait besoin d’un Premier ministre de droite pour rendre inéluctable sa victoire aux législatives. En effet seuls Les Républicains pouvaient à l’époque constituer une majorité alternative et il fallait s’en prémunir. Nommer un PM de droite symbolisait ce « ni droite ni gauche » que le Président voulait incarner et rendait la promesse tangible. Une fois les élections gagnées, la légitimité du PM était construite pour poursuivre sa mission. Paradoxalement, Emmanuel Macron, porté majoritairement par des voix de gauche au premier tour de la présidentielle (rappelons qu’environ un électeur sur deux de François Hollande de 2012 a voté pour lui), est désormais plus populaire à droite qu’à gauche et environ 60% des électeurs de François Fillon sont satisfaits pour le moment de son action. C’est assez logique compte tenu de son agenda économique dans les premières semaines de son mandat, mais cela renforce le poids du PM car le Président a absolument besoin de conserver le soutien de la droite pour ne pas se retrouver rapidement en difficulté. En somme, le pouvoir a glissé du centre gauche au centre droit en quelque sorte et même si Edouard Philippe ne vient pas du parti majoritaire à l’Assemblée, il est politiquement bien placé pour incarner la politique menée, au moins sur le plan économique. Dès lors, le rapport de force avec le Président s’en trouve rééquilibré, car perdre son PM issu de la droite pourrait l’affaiblir plus qu’on ne l’imagine.

Que représente l'électorat de droite pour le Président de la République, et quel rôle pourrait y jouer Edouard Philippe ?

L’électorat de droite est dans le fond, le premier risque et la première opportunité pour le Président. Le premier risque car contrairement à ce que l’on entend souvent, la droite reste la première force d’opposition à la majorité actuelle. Elle est la force d’opposition qui a le plus de députés et celle qui a obtenu le plus de voix au premier tour des législatives. Certes, elle n’a pas de leader et de projets pour le moment, mais c’est assez classique après une défaite et rien ne dit que cela perdurera. Elle dispose aussi d’une base d’élus locaux forte ce qui n’est pas négligeable. Mais c’est aussi la première opportunité car c’est un courant qui aujourd’hui se fracture entre soutien, passif ou actif, à la politique gouvernementale et opposition au nouveau pouvoir. Compte tenu des premières mesures annoncées par le gouvernement (loi travail, baisse de la fiscalité du patrimoine), il y a donc en son sein un potentiel pour élargit la majorité actuelle et imposer un peu plus encore, pour LREM, sa domination politique. De ce point de vue, le Premier ministre, issu des rangs de la frange de la droite tentée par le soutien au Président, est probablement un atout pour permettre ce rapprochement.

Comment faire pour que puisse se construire des relais politique à la fois Macron compatible mais ancrés à droite ?

C’est probablement ce qui s’est joué à travers la constitution du groupe des constructifs, mais la limite de l’exercice vient du fait que la majorité n’a pas besoin d’eux pour faire passer ses textes. Ce n’est donc pas là je pense que cela se jouera. En revanche, il faudra surveiller ce qui se passe au niveau de la politique locale, notamment dans les exécutifs départementaux ou régionaux. C’est ici que pourraient se construire les « relais » de droite du nouveau pouvoir, notamment au moment de la série de scrutins locaux qui démarrera avec les municipales de 2020. Une droite centriste autonome, plus puissante, pourrait se reconstituer et servir de force d’appui pour l’implantation de LREM localement.

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