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Violences obstétricales : Marlène Schiappa embrigadée dans le combat de féministes ultra contre un phénomène exagéré
©MARTIN BUREAU / AFP

Realité des pratiques

La secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa a demandé un rapport au Haut conseil à l'égalité concernant les pratiques obstétricales non consenties.

Odile  Buisson

Odile Buisson

Odile Buisson est gynécologue-obstétricienne. Elle est également l'auteur de Qui a peur du point G et Sale temps pour les femmes aux éditions Jean-Claude Gawsewitch. 

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Qu''en est-il vraiment de la réalité des violences obstétricales ?

Odile  Buisson : Je pense que c’est un fantasme relayé par des groupes d’activistes suffisamment virulents pour intoxiquer les cerveaux d’une ministre ou de ses conseillers. Ceci n’est guère rassurant car il y a dans le pays une résurgence de courants réactionnaires qui veulent se réapproprier le corps des femmes. La gynécologie et l’obstétrique ont contribué à libérer les femmes de la douleur et des contingences de leur physiologie compliquée mais hélas ceci a un coût. C’est pourquoi l’Etat tente de surfer sur ces tendances pour « démédicaliser » la physiologie féminine, l’accouchement et ses suites. Ce n’est donc pas étonnant que les gynécologues et les obstétriciens soient diabolisés : la chasse aux sorcières médicales est bel et bien déclarée.

Quelles seront selon vous les retombées de ce rapport ?

Je pense que les données seront bidonnées aux seules fins de faire admettre à la population qu’elle peut très bien se passer de médecins accoucheurs, de pédiatres et d’anesthésistes. Je vous laisse imaginer les économies de santé !  Les syndicats de sages  femmes, très actifs depuis que le métier s’est masculinisé, l’ont bien compris car  ils tentent  coûte que coûte de reprendre le «  marché » de l’accouchement, quel qu’en soit le prix à payer  pour nos filles et petites filles… Je suis prête à parier que le déremboursement de la péridurale est « dans les tubes ». Le raisonnement ne relève pas de la pensée complexe : il suffira de dire «  la:péridurale nécessite davantage d’extraction aux forceps, l’extraction au forceps nécessite une épisiotomie : c’est de la violence obstétricale ! C’est une mutilation génitale ! un génocide du périnée !  Un peu de propagande  comme l’Etat sait le faire  et le tour est joué. 

Selon Marlène Schiappa, il n'appartient pas aux médecins de décider de la réalité des chiffres du nombre d'épisiotomie. Que pensez-vous de cette affirmation ?

C’est une affirmation ubuesque car on ne « décide » pas de la réalité d’un chiffre, on en fait le constat.. Or nous constatons qu’en  France, le  taux d’épisiotomie était de 27% en 2010  alors qu’au Pays Bas  il était de 30%, au Luxembourg de 36%, en Allemagne de 28%, een Italie de 50% et en Espagne de 43%, Seule l’ Angleterre  avec 24% faisait un peu mieux que nous. Nous n’inventons riens ce sont les chiffres d’Euro Peristat.

 Le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF)  a fait des recommandations  très claires pour améliorer encore le taux d’épisiotomie. Du reste dans un souci de transparence et de démocratisation des savoirs , le collège vien d’ouvrir son site au grand public. C’est la seule façon de lutter contre les désinformateurs. J’invite Mme la ministre  à venir  désormais y puiser ses sources.

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