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Dans un champ de ruines politique et institutionnel, la France dégagiste installe LREM face à la France résignée
©REUTERS/Jacky Naegelen

Législatives

La projection est saisissante. Le demi-camembert symbolisant l'hémicycle de l'Assemblée Nationale, est monopolisé par La République en Marche qui est sur le point de gagner plus de quatre cent sièges dimanche prochain.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Du jamais vu au Palais Bourbon : en 1993   lorsque la Droite avait (déjà) balayé le PS, elle était composée de deux groupes distincts, le  RPR et l'UDF. Cette fois, ce sera massif et monocolore,-du moins dans un  premier temps. Car la vague  République En Marche, certes annoncée, n'a pratiquement rien laissé sur son passage. Elle a laminé les socialistes et leurs alliés écologistes, comme c'était attendu. Ce qui l'était moins, c'était  qu'elle emporte avec la même violence des sortants de droite théoriquement bien installés, parachevant le mouvement entamé avec les primaires. Ce travail  de dégagisme a été facilité par l'abstention massive des électeurs,(-plus de 50% ne se sont pas déplacés!), à savoir  les déçus de la présidentielle (FN et France Insoumise), et ceux qui considéraient que ce vote était inutile dans la mesure où le nouveau pouvoir installé s'était déjà mis au travail, et qu'il serait bien temps de contester (-dans la rue ?) le moment venu . Aujourd'hui on retrouve le  PS totalement décapité : le  premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, est éliminé, battu par Munir Mahjoubi, le secrétaire d'Etat chargé du numérique mais battu  également Guillaume Bachelay, le successeur de Laurent Fabius  au Grand Quevilly, fief socialiste historique .Sorti à Marseille Henri Jibrayel, qui en 2012 était le député socialiste le mieux élu de l'Assemblée Nationale. Si Manuel Valls arrive à se faire réélire dimanche prochain, ce sera sans l'étiquette du Parti dans lequel il milite depuis sa jeunesse. Autant dire que la déclaration de Jean-Christophe Cambadélis affirmant que " l’unanimisme est le terreau de l’aveuglement et le ferment des  tensions" a peu de chances d'être entendue actuellement.

Quant à la droite qui rêvait d'une cohabitation le soir de l'élection présidentielle, elle en est pour ses frais, et renvoyée à ses faiblesses structurelles. Le groupe L.R, qui avait résisté à la vague hollandiste en 2012  va subir une cure d'amaigrissement sévère à l'Assemblée. L.R. est attaqué dans tous ses bastions : Rhone Alpes, l' Alsace, le Var, et surtout à Paris et dans toute l'Ile de France . Dans la capitale, Sylvain Maillard, un proche d'Emmanuel Macron se paye même le luxe d'être élu au premier tour dans la première circonscription et dans le fief réputé imperdable du 16e arrondissement, le sortant Claude Goasguen est menacé par Valérie Boucaut-Delage, la candidate REM qui le devance de six points. Idem dans le 15e où le député-maire sortant Philippe Goujon a résumé la situation à la manière de Monsieur de la Palice : " Notre électorat ne s'est pas mobilisé, les électeurs de la droite et du centre n'ont pas assez compris que s'ils voulaient une véritable politique de droite, il fallait voter pour un représentant de la droite… Moi je représente cette droite"... Mais peut-être les électeurs en veulent ils  encore ? Lassés des oppositions systématiques, préfèreront-ils une Assemblée où l'opposition sera réduite à la portion congrue, condamnée à s'époumoner dans le vide pour contester le gouvernement ? Pour le moment cela semble être le cas .Dans la droite ligne de la présidentielle, les électeurs qui se sont déplacés ce dimanche pour apporter leur suffrages aux candidats d'En Marche, l'ont fait pour donner les moyens au gouvernement de mener sa politique. Sur les six ministres candidats, cinq sont assurés d'être élus ou réélus. Le choix de l'étiquette a primé sur celui des hommes et des femmes. Les électeurs  espèrent ne pas perdre au change car les élus qui cumulaient un mandat local avec un mandat parlementaire ont dans leur majorité choisi l'ancrage local. Mais que se passera-t-il dans cette future chambre introuvable dominée par le Parti présidentiel, où le Front National sera sous représenté, où le gouvernement n'aura même pas besoin des élus du Modem ou de LR  " constructifs" pour faire passer des réformes difficiles, et lorsque la Gauche, aujourd'hui à terre, va se réveiller ? Emmanuel Macron  va-t-il tirer les conséquences de cette sous et sur représentativité parlementaire en proposant une modification du mode de scrutin au pays ? C'est l'une des grandes questions que le chef de l'Etat doit se poser, tout en savourant sa victoire.

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