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Attentats, affaires, recomposition politique : dans la tête des Français à la veille des législatives
©ALAIN JOCARD / AFP

Etat d'esprit

Le scrutin, l'affaire « Ferrand » ou encore la « loi travail » ne constituent pas, loin s'en faut, le centre des aspects les ayant marqués.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Note publiée initialement sur le site Proxem / Harris Interactive

Chaque semaine Harris Interactive interroge un échantillon de plus de 2000 Français. En leur posant une question simple et tout à fait ouverte : « Qu'avez-vous retenu de l'actualité politique française ? ». Sans rien suggérer. Sans rien proposer. En laissant les personnes que nous interrogeons libres de nous dire et ce qu'elles ont entendu et ce qu'elles en ont retenu.

Pour dégager l'essentiel de cette matière riche et spontanée, les réponses sont analysées par Proxem (https://www.proxem.com), pionnier de l'analyse sémantique de données textuelles. Chaque semaine, Proxem y détecte les personnalités et mouvements politiques, les thématiques et événements majeurs, de manière à pouvoir en mesurer la fréquence. Semaine après semaine se dégagent ainsi les grandes tendances et les événements singuliers qui ont marqué l'actualité.

Alors même que se profilent les élections, les Français – alors même qu'on les interroge sur l'actualité politique – parlent déjà des attentats. Le scrutin, l'affaire « Ferrand » ou encore la « loi travail » ne constituent pas, loin s'en faut, le centre des aspects les ayant marqués.

Les attentats : entre aspiration d'action politique et résignation
Les personnes interrogées évoquent spontanément les attentats pour décrire l'actualité politique. L'attentat de Londres est cité à 12%, et celui de Manchester à 2%. Dans les verbatim, une occurrence du mot « encore » et du champ lexical de la répétition est notable. Les personnes interrogées expriment un besoin fort de réponse politique :

« On a dépassé le point de non-retour il faut vraiment les empêcher de nuire » ; « Le déplacement de M. Le Drian au chevet des victimes françaises de l'attentat de Londres. Le gouvernement se préoccupe des Français à l'étranger victimes du terrorisme. » (Sympathisants de la République En Marche). « Toujours les mêmes discours mais pas beaucoup d'action » (Sympathisants Les Républicains ayant voté pour Emmanuel Macron au 2nd tour de l'élection présidentielle)

« On attend quoi pour agir ? » ; « Quand les gouvernements vont-ils réagir afin que cela cesse ? » ; « Cela devient une évidence qu'il faut que les pays européens s'unissent pour les anéantir. » ; « Ras-le-bol de toutes ces tueries il est plus que temps d'agir il faut que le gouvernement nous défende. » (Sympathisants du Front National)

En même temps, certaines personnes interrogées se montrent résignées :

« Je redoute d'autres attentats en France. » ; « On n'est plus en sécurité. » (Sympathisants de la République En Marche). « Il faut vivre avec la menace permanente des attentats. » ; « On ne peut rien faire contre. » (Sympathisants Les Républicains). « Insécurité mondiale. » ; (Sympathisants du Parti Socialiste).

Les sympathisants les plus à droite dénoncent un « laxisme » comme causalité des attentats :

« Encore des innocents massacrés parce que les Européens nient les réalités de l'Islam. » (Sympathisant du Front National). « Les démocraties sont trop permissives. » ; « Le laxisme permanent malgré les alertes de certains pays telle la GB favorise ces actions - et nous en rebattre les oreilles jour après jour ne fait qu'attiser la folie meurtrière de ces individus. » (Sympathisants Les Républicains n'ayant pas voté pour Emmanuel Macron 2nd tour de l'élection présidentielle)

Enfin, certaines personnes interrogées pointent du doigt le modèle anglais d'intégration :

« L'Angleterre devra évoluer dans la manière de traiter la radicalisation de ses ressortissants. » (Sympathisants de la République En Marche). « Le modèle anglais du communautarisme en question, quelle folie d'admettre des lois différentes sur son propre territoire, la laïcité c'est bien. » (Sympathisant de la France Insoumise).

Les élections législatives se profilent sans passion

Les élections législatives, dont le premier tour se déroulera ce dimanche 11 juin, sont évoquées spontanément à 14%. En dépit de l'échéance, la tonalité des verbatim est très monocorde et les élections ne génèrent pas de commentaires fournis de la part des personnes interrogées et le déclaratif est le ton le plus employé. Il y a un manque notable d'enthousiasme pour la campagne législatives :

« Rien de spécial. » ; « Saturée. » ; « Insipide. » ; « Rien en particulier. » ; « Aucune passion, malgré le fait que j'irai voter. » (Sympathisants du Parti Socialiste). « Lassitude. » ; « Vivement la fin. » (Sympathisants de la France Insoumise.) « Hâte que ce soit fini. » ; « Bof. » ; « Vivement que tout cela soit fini... Vive les vacances.» (Sympathisants de la République En Marche). « Bof. » ; « Démotivée. » ; « Désintéressement des électeurs. » (Sympathisants Les Républicains). « Rien. » ; « Agaçantes. » ; « Ras le bol. » (Sympathisants du Front National).

Les personnes interrogées émettent une critique quant au niveau et à la qualité des informations à propos des élections législatives :

« Silence total sur les chaines à part les interventions obligatoires. » (Sympathisants Les Républicains). «C'est flou on ne connait pas les programmes. » ; « Lassée de ne toujours pas entendre parler des vrais problèmes. » (Sympathisants de la République En Marche). « Difficile de choisir son candidat. » ; « Aucune information locale pour le moment. » (Sympathisants du Parti Socialiste). « Pas suffisamment de débats, impression que les médias ne donnent la parole qu'à "En Marche". » (Sympathisants de la France Insoumise.) « On n'a pas d'info, on ne sait pas qui se présente dans nos régions. » (Sympathisants du Front National).

Les personnes interrogées commentent avec une certaine lassitude les scores « promis » aux candidats de la République En Marche dans les sondages pré-électoraux. Logiquement les sympathisants LREM expriment leur satisfaction :

« Une majorité pour le nouveau gouvernement ? » ; « C'est bien parti pour En Marche. » ; « Majorité présidentielle. » ; « Espoir » (Sympathisants de la République En Marche).

« Que va donner le résultat des élections une majorité au président ou inverse il semble que les français ont compris que la majorité des députés doit être macronienne afin que le président puisse travailler vite et bien. » (Sympathisants Les Républicains déclarant voter pour un candidat de la République En Marche). « Donnons au nouveau président toutes les chances de son côté pour sortir la France notre beau pays du marasme dans lequel il est englouti depuis 30 ans voire plus. » (Sympathisants du Parti Socialiste déclarant voter pour un candidat de la République En Marche).

Les autres se montrent moins enthousiastes :

« Macron devant. » ; « Sondages pour les législatives qui confirment le résultat des présidentielles. » (Sympathisants Les Républicains). « "LREM" le parti du Président Macron en marche pour obtenir la majorité absolue. » ; « Candidats " République en marche en tête. » (Sympathisants du Parti Socialiste). « Raz de marée pour Macron. » ; « J'espère qu'il y aura une opposition suffisamment nombreuse au parlement. » (Sympathisants de la France Insoumise.)

« L'affaire Richard Ferrand » au miroir du PénélopeGate : une moindre restitution par les Français… mais peu de défenseurs du Ministre 

L'affaire Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des Territoires, continue d'être spontanément mentionnée par 5% des personnes interrogées. Les sympathisants des Républicains sont ceux qui en parlent le plus, à 11%. Les sympathisants du Parti Socialiste évoquent le ministre à 8%, et ceux de la République En Marche à 6%. 5% des sympathisants de la France Insoumise et du Front National le citent. Tout comme la semaine précédente, les personnes interrogées formulent une certaine défiance vis-à-vis de cet évènement.

Les sympathisants des Républicains, particulièrement parmi ceux n'ayant pas voté pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, et du Front National dressent une comparaison avec l'affaire ayant marquée François Fillon :

« Choquée par la différence de traitement entre Fillon et Ferrand pour, somme toute, une équivalence. » (Sympathisant Les Républicains ayant voté Marine Le Pen au 2nd tour). « Gonflé de ne pas démissionner lui qui démontait Fillon qui avait employé ses enfants. » ; « Que ce soit droite gauche ou centre c'est tous les mêmes. » (Sympathisants du Front National).

Les personnes interrogées font un lien avec la loi de la moralisation de la vie politique portée par François Bayrou :

« Vive la clarification promise par F. Bayrou. » (Sympathisants des Républicains ayant voté pour Emmanuel Macron au 2nd tour). « Copie à revoir pour le gouvernement. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais : on en a assez. » (Sympathisant Les Républicains ayant voté Marine Le Pen au 2nd tour). « Il faut appliquer le même principe que celui que l'on veut mettre en place : dehors. » ; « Arroseur arrosé, démission. » (Sympathisant Les Républicains ayant voté nul au 2nd tour). « La règle c'est bien pour les autres. » (Sympathisant de la France Insoumise). « L'attitude de Macron à l'égard de Ferrand. Il s'était engagé à l'exemplarité politique dans son programme. » (Sympathisants du Modem).

Certains sympathisants du Parti Socialiste et de la République En Marche ne commentent pas uniquement la moralité de « l'affaire », mais évoquent également sa légalité :

« Il faut qu'il démissionne. » ; « Dommage. » ; « Macron avait fait un sans-faute, dès la parution de l'affaire, il devait faire démissionner Ferrand immédiatement. Dommage qu'il y ait cette "tache". » (Sympathisants de la République En Marche). « Où est la morale ? Démission. » ; « Moralement condamnable, voyons maintenant s'il a violé la loi à défaut de l'éthique. » (Sympathisants du Parti Socialiste).

Ils formulent aussi des critiques vis-à-vis du traitement médiatique de l'affaire, qui n'est pas sans rappeler celles émises par les sympathisants des Républicains lors de l'affaire François Fillon :

« Quand les journalistes prendront-ils le temps d'expliquer exactement cette soi-disant affaire ? Tout est clair et clean dans cette transaction qui se passe couramment et quotidiennement en France ! Mais après le grand amour, les médias reviennent au Macron bashing pour montrer qu'ils sont indépendants du pouvoir (pourtant, qui sont leurs propriétaires ?) Triste ! » (Sympathisants de la République En Marche). « Trop médiatisée cette affaire rend inaudible la campagne électorale ! » (Sympathisants du Parti Socialiste).

La réforme du code du travail entre attente, crainte et expectative 

Le projet de réforme du code du travail a marqué l'actualité, 5% des Français l'ayant restitué spontanément. Les sympathisants de la République En Marche, des Républicains, et de la France Insoumise parlent à 9% de cette réforme. 8% des sympathisants du Parti Socialiste et 5% des sympathisants du Front National en font également mention. Les personnes interrogées retiennent peu de mesures en particulier, à l'exception de la hausse de la CSG, qui est mentionnée à 1%, dont par 2% des sympathisants des Républicains. Les personnes interrogées de tous bords politiques expriment une attente, illustrée par « A voir », ainsi que des doutes :

« A voir. Si les salariés sont plumés, il y aura une révolution. On en a plus qu'assez de se faire avoir par les politiques. J'espère que dans ce projet, il est mentionné le bien-être au travail et la possibilité de concilier la vie professionnelle et la vie personnelle. Un travailleur heureux est un travailleur qui travaillera mieux. » ; « Une nécessité qu'on n'ose pas dévoiler avant les législatives. » (Sympathisants Les Républicains). « Des progrès sont à faire pour réformer le code mais jusqu'à quel point. Attendons les consultations des syndicats. » ; « On verra. » ; « Attendons avant de crier. » (Sympathisants du Parti Socialiste). « Attendons de voir... » (Sympathisants du Front National).

Les personnes interrogées se montrent assez partagées. Celles se prononçant en faveur du projet de réforme, jugent aussi une réforme nécessaire :

« Soutenir M. Macron. » ; « Bonnes nouvelles. » ; « Réforme nécessaire. » ; « Cela devrait améliorer l'emploi.» (Sympathisants de la République En Marche). « Mesures nécessaires. » ; « Essentielle. » ; « Les patrons l'attendent avec impatience. » (Sympathisant Les Républicains).

Tandis que ceux qui critiquent évoquent une crainte pour les salariés. La tonalité des sympathisants de gauche, regroupant ceux du Parti Socialiste et de la France Insoumise, est négative, voire hostile pour les seconds. Les critiques portent sur le fond de la réforme et sur la forme de son application par ordonnances :

« Je plains les ouvriers, ils vont morfler. » ; « On revient 70 ans en arrière. » (Sympathisants du Parti Socialiste). « Attaques contre les salariés. » ; « J'ai quelques craintes car rien n'indique que ça marchera. » ; « C'est une honte. » (Sympathisants de la France Insoumise.) « Beaucoup trop d'ordonnances annoncées qui vont encore augmenter l'empilage ... » (Sympathisants du Parti Socialiste).

Toutefois, les sympathisants des Républicains n'ayant pas voté pour Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle et ceux du Front National, expriment également des réticences :

« Encore contre les salariés. » ; « Inquiétude. Certaines entreprises abusent déjà. » ; « Je pense que ce n'est pas une très bonne idée sur certains points. » (Sympathisants Les Républicains n'ayant pas voté Emmanuel Macron au 2nd tour de l'élection présidentielle). « Les salariés vont encore se faire avoir. » ; « Obéir à Bruxelles, aux financiers et aux multinationales. » ; « Mécontente. » » (Sympathisants du Front National)

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