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Tout ce qu'il y a à savoir sur le gaokao, le redoutable bac chinois
©Reuters

Casse-tête chinois

Les étudiants chinois viennent de passer leur Gaokao, l'équivalent du baccalauréat... en pire ! Miroir grossissant de tous les défauts de notre système, il montre ce vers quoi nous ne devrions pas tendre !

Jean-Luc Domenach

Jean-Luc Domenach

Jean-Luc Domenach est spécialiste de l'Asie. Il a notamment écrit Comprendre la Chine aujourd'hui (207) ou encore Mao, sa cour et ses complots. Derrière les murs rouges (2012).

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Atlantico : Les étudiants chinois passent depuis hier le Gaokao, un concours d'accession aux plus grandes Universités du pays. Quel niveau de préparation en amont exige cette épreuve ? A quel point pèse-t-il sur la vie des jeunes ?

Jean-Luc Domenach : Le Gaokao signifie « l'examen le plus haut ». C'est l'quivalent de notre baccalauréat et la fin du secondaire. Comme le baccalauréat, le Gaokao donne accès aux Universités. Dans les faits, comme en France -mais de façon beaucoup plus accentuée – le Gaokao ne suffit pas en tant que tel. Il faut avoir trois choses supplémentaires qui sont comme étagées. D'une part il faut voir les notes -les mentions en quelque sorte. Il n'y a pas de chance d'aller dans une bonne université si vous n'avez pas de très bonnes notes. Deuxièmement il faut présenter une candidature interne à une université. Et, pardonnez-moi de le dire : si vous n'avez pas des contacts, des relations familiales, cela sera très difficile.

Les épreuves se déroulent sur deux jours. Les étudiants passent les différentes matières dont le chinois, les mathématiques, l'anglais et une matière au choix, scientifique ou littéraire. Quelle est l'importance de réussir le Gaokao ? Dans quelle mesure ce concours détermine l'avenir des étudiants chinois ? Que se passe-t-il pour un jeune qui échoue ?

C'est comme en France en pire. Théoriquement ça suffit. Dans les faits, pas du tout. Pour rentrer à Tsinghua, la seconde université du pays, où j'ai enseigné, il faut avoir pour commencer quelque chose comme 19,5 de moyenne et surtout des relations. En revanche, pour les universités plus technique, le Gaokao suffit, mais il vaut mieux avoir 11/20 que 10/20. Ce qui est terrible, c'est que le Gaokao est un examen des relations sociales de la famille.

Une jeune qui échoue n'a pas grand chose qui s'offre à lui. Il est souvent bon pour recommencer et faire tout pour réussir. C'est d'ailleurs pourquoi au total la proportion de réussite est considérable : pour faire un métier intéressant, il est indispensable de le passer. A moins de se jeter dans la finance ou dans le brigandage – les deux étant d'ailleurs souvent liés.

Dans quelle mesure le baccalauréat peut s'en inspirer et doit-il s'en inspirer ou alors la culture chinoise fait que c'est une épreuve trop spécifique ?

Le baccalauréat français n'a aucune raison de s'inspirer du Gaokao, de quelque chose qui lui ressemble dans ce qu'il a de pire. En comparaison, le baccalauréat français a cet avantage qu'au moins c'est connu et clair. Il est clair qu'il donne le droit à l'accès a minima dans des universités souvent médiocres. Il est plus honnêtement mauvais ! Le Gaokao chinois navigue dans le mensonge !

C'est une épreuve très spécifique de la culture, de la sociologie et de la politique chinoise. C'est-à-dire que la Chine est un pays communiste, et que si on veut faire une carrière, on a intérêt à être au Parti communiste et à y avoir des relations. Dans ce sens-là, le Gaokao, dans la mesure où il ne mène presqu'à rien en lui-même est très spécifiquement chinois. Pour rentrer dans une très grande université chinoise ou américaine, il faut bien d'autres possibilités ! 

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