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Désistements face au FN : le joli piège tendu par En Marche dans lequel la droite s'est empressée de tomber
©Chantal BRIAND / AFP

Ni, ni c'est fini

Emmanuel Macron envisage d'intégrer une dose de proportionnelle à l'Assemblée Nationale. Une mesure qui permettrait que toutes les forces politiques puissent figurer au Parlement, dont le Front national.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Atlantico : Quelle est la logique d'une telle réforme alors même que le Front républicain semble être la ligne de conduite du mouvement en Marche, justement pour faire barrage au Front national ?

Les Arvernes :La ligne de conduite d’Emmanuel Macron est simple : un maximum de pouvoir et pour cela, fragiliser la droite. En fait, il s’inscrit dans les pas de François Mitterrand qui par l’introduction en 1985 de la proportionnelle dans la loi électorale  -  manœuvre si odieuse que Michel Rocard avait démissionné en signe de protestation - a été l’événement réellement fondateur du Front National qui a pu d’un coup faire entrer une trentaine de députés au Parlement en 1986. Cette manœuvre avait parfaitement réussi et considérablement fragilisé le RPR à l'époque. Emmanuel Macron connait ses classiques et fait la même chose. 

Après avoir tué le Parti Socialiste, il veut à présent tuer la droite pour qu'il n'y'ait plus que deux forces possibles en France. 

La sienne, de centre gauche, qu’il qualifiée de progressiste, face à une seule opposition souverainiste de Marine Le Pen. Et qu'il n'y ait rien entre les deux. 

La manœuvre est logique et intelligente. Emmanuel Macron souhaite redéfinir le clivage droite/gauche, modernes/ anciens, autour de deux galaxies : la sienne, et celle du Front National, dont il sait qu’il reste fondamentalement un parti d’amateurs, comme la prouvé la façon dont Marine Le Pen, sous l’influence désastreuse de Florien Philippot, a transformé l’or en plomb en concentrant le tir sur la question de l’euro. Le danger, pour Emmanuel Macron, c'est la reconstruction rapide d'une droite républicaine forte, dont il sait bien qu’elle est majoritaire dans le pays, et qu’il en a triomphé contre toute logique. Il comprend bien la porosité qui existe entre la droite républicaine et le Front National. Donc tout ce qui pourra fortifier l'une se fera au détriment de l'autre. 

Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, a affirmé que des désistements de candidats de la majorité présidentielle auraient lieu si le FN était en position de l’emporter. Une ligne également défendue par François Baroin, qui prône le désistement du candidat LR en cas de victoire possible du Front national. Quel est le danger d'une telle décision pour LR ? 

Le premier c'est que ce soit Emmanuel Macron qui impose ses thèmes aux Républicains. Or, c'est aux Républicains de savoir ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent et quelles sont leurs valeurs. 

Deuxièmement, c'est quelque chose qui empêche toute idée d'union des droites. Si la droite exclut par définition toute forme d'union, elle n'a plus qu'à s'allier durablement avec Emmanuel Macron. Elle sera soit le supplétif d'Emmanuel Macron (par ce qu'elle ne pourra pas être suffisamment puissante pour être autre chose), soit elle sera un grand pôle de droite fort qui accueillera qui il veut sur les valeurs qui sont les siennes et une partie des gens qui, par dépit, sont partis au FN et qui ne demandent qu'à revenir (comme ils sont revenus en 2007 auprès de Nicolas Sarkozy et comme ils étaient prêt à le faire ces dernières semaines, écœurés par la prestation de Marine le Pen). Il faudrait également ajouter les électeurs de centre droit qui se sont laissés tentés par Emmanuel Macron et qui vont rapidement découvrir qu’il sera un Hollande 2.0. Tant qu'Emmanuel Macron dictera les thèmes, opportunément relayé par un système médiatique bien-pensant tout acquis à sa cause, la droite ne sera pas maitresse de son destin. 

A cet égard, nous, Les Arvernes, avions fait une interview  chez Atlantico il y a quelques semaines pour dire que nous nous ne voterions ni Emmanuel macron ni Marine le Pen au second tour. Nous restons parfaitement cohérents. Ce qui ne veut pas dire que l’une ou l’autre ont toujours tort. Ccela veut dire que quand on est un parti politique qui prétend être la principale force d'opposition –et c'est ce que doivent être les Républicains aujourd'hui- on ne doit se laisser dicter son agenda ou ses valeurs par personne. 

Quels sont les autres risques, dans le débat politique, de voir surgir un jeu d'opposition politique principalement structuré par un duel Front Républicain-mené par le mouvement en Marche - et le Front national ? 

Un autre exemple qui est intéressant c'est celui de la question européenne. Le danger de l'écrasement de la droite prise en étau entre le Front National et En Marche!, c'est l'incapacité à penser l'Europe. 

D'un côté les gens du Front National continueront à expliquer que l'Europe est la mère de tous nos maux et que c'est en sortant de cette Europe que la France sera remise sur les rails, ce qui est faux. 

De l'autre côté, En Marche! nous explique que seul un approfondissement puissant et rapide de l’intégration communautaire permettra de sortir la France de l’ornière. Ce qui est évidemment tout aussi faux, suscite déjà le scepticisme en Allemagne, et consiste à commencer une négociation dans la pire des situations. 

La position raisonnable et nécessaire qui est celle que nous préconisons et qui doit être celle des Républicains c'est de dire et d’assumer que l'Europe n'est ni un vice ni une solution à tout. Elle est une organisation internationale importante, dédiée aux questions économiques, dans laquelle la France doit peser de tout son poids et faire valoir ses intérêts. 

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