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1983, le tournant de la rigueur : comment François Mitterrand a fait rentrer la France dans l’ordre économique occidental de marché au détriment de sa relance économique
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Bonnes feuilles

Jean-Marc Daniel se livre à une véritable analyse historique de la fiscalité depuis les débuts de la Ve République. Il commence avec les réformes mises en ouvre par Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances à partir de 1958. Il finit avec le matraquage fiscal de François Hollande. Le livre retrace à la fois les évolutions quantitatives, les réformes mises en ouvre et les propositions et études sollicitées par les pouvoirs publics pour inspirer ces réformes. Extrait de "Les impôts", de Jean-Marc Daniel, aux Éditions Tallandier (2/2).

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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La correction économique de 1983 prend le nom de « rigueur ». Elle s’organise selon trois axes : – une action en faveur de l’épargne. En effet, puisque la France souffre d’un déficit extérieur important, il convient d’inverser l’arbitrage entre la consommation et l’épargne ; des mesures sont donc prises pour inciter la population à augmenter son taux d’épargne. La rémunération des plans épargne logement passe de 9 à 10 %. Un emprunt forcé de 10 % de l’impôt sur le revenu touche les contribuables qui paient plus de 5 000 francs d’impôt. 

Il est mobilisé dès la fin du premier semestre 1983 (et rapporte 14 milliards) ; – une réduction du déficit budgétaire obtenue par un prélèvement exceptionnel de 1 % sur les revenus (qui rapporte 13 milliards) et une baisse des dépenses de 24 milliards. Simultanément, les tarifs publics sont augmentés, prélevant 6 milliards supplémentaires sur les ménages ; – un objectif d’augmentation de la masse monétaire de 9 %. Il est signifié à la Banque de France, à elle de prendre les mesures qui s’imposent alors que les prévisions portent sur une augmentation de 10 %. L’enjeu affiché est d’atteindre 8 % d’inflation en rythme annuel au dernier trimestre de 1983 alors que son taux a été de 11,6 % en 1982. 

En pratique, la baisse de la demande consécutive aux mesures de rigueur représente près de 60 milliards de francs. La ponction sur les ménages représente 33 milliards de francs, soit 3 milliards de plus que ce qui avait été distribué par la politique de relance. Le « tournant de la rigueur », selon l’expression qui devient la référence du gouvernement, fait plus qu’annuler la relance. 

Selon Lionel Jospin, qui est alors premier secrétaire du parti socialiste, ce tournant doit être considéré comme une « parenthèse ». En réalité, c’est la relance de 1981 qui est une parenthèse et la rigueur de 1983 qui initie une rupture complète dans l’action et les références idéologiques de François Mitterrand. Finis le socialisme et la rupture avec le capitalisme. Fini le « keynésianisme hydraulique ». La France rentre dans l’ordre économique occidental de marché. Or, en 1983, ce qui est au centre de cet ordre, notamment depuis l’élection de Ronald Reagan aux États-Unis, c’est la baisse des impôts. Mitterrand s’aligne donc.

Extrait de Les impôts - Histoire d'une folie française, de Jean-Marc Daniel, aux Éditions Tallandier 

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