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Pourquoi il serait temps que quelqu’un ose dire au CSA qu'il outrepasse les missions qui lui sont confiées
©Reuters

Bien-pensance

Le CSA demande à TF1 et à France 2 de changer le duo pour présenter le débat de l’entre deux tours (David Pujadas - Gilles Bouleau) pour cause de parité. Une intervention qui ne semble pas correspondre à une compétence précise du conseil.

Atlantico : Le CSA est il toujours dans son rôle avec une telle demande ? 

Maxime Tandonnet : Non, cette intervention ne semble pas correspondre à une compétence précise du CSA. Il suffit de consulter le site de cette autorité indépendante qui décrit précisément sa mission en matière de programmation. Le CSA veille au pluralisme, à l’expression des courants d’opinion, à l’honnêteté de l’information, à la protection de l’enfance et de l’adolescence, à la défense et à l’illustration de la langue française. Certes cette intervention auprès de TF1 et France 2 peut se rattacher à sa mission de lutter contre les discriminations et de veiller à ce que « la programmation audiovisuelle respecte la diversité de la société française ». Mais cette mission est à caractère général, elle ne paraît pas impliquer le pouvoir d’une intervention a priori sur une émission particulière. D’ailleurs le même site du CSA précise : « le CSA n’est pas un organe de censure. Il n’intervient jamais auprès d’une chaîne de télévision ou radio avant la diffusion d’un programme ». 

N'est on pas encore une fois dans une caricature de ce qui est appelé la dictature de la bien bien-pensance ? Quels sont les risques inhérents à de telles demandes ? 

Il y a deux questions qui sont posées me semble-t-il. La première, est celle du rôle du CSA dans cette affaire. Il semble, au regard des règles du CSA telles qu’elles figurent sur son site, qu’il va au-delà de sa mission. Cette évolution est inquiétante car elle fait de cette institution un gardien du temple sur les émissions de radio et de télévision et donc il faut y voir un risque de limitation de la liberté d’opinion et d’expression des chaînes de radio et de télévision au nom des « valeurs » très générales, dont on ne voit pas où il peut s’arrêter. La seconde porte sur la question de fond. Le débat télévisé du second tour est un moment emblématique, une sorte de grand rendez-vous symbolique de la Nation autour d’un débat démocratique. De mémoire, il me semble aussi que la tradition, depuis très longtemps, est de le faire arbitrer ce débat par une femme et un homme. Il me paraît donc opportun de préserver cette tradition de parité entre les deux sexes. Mais cela aurait dû être spontané de la part des deux chaînes et il est regrettable que cette question ait donné lieu à l’intervention du CSA. 

Quels sont les moyens les plus effiaces pour promouvoir la diversité, ici demandée par le CSA, sans en passer par une forme de censure ?

Nous sommes le plus souvent dans le symbole, dans l’emblématique. Je ne dis pas que ce n’est pas nécessaire, mais cela ne règle pas les problèmes de fond. Nos sociétés donnent lieu à un grand écart entre le visible, le médiatisé, la surface des choses, et la réalité quotidienne. Se battre pour donner la même place aux hommes et aux femmes dans la sphère virtuelle, celle des médias, c’est une chose. Mais cela ne change pas forcément les mœurs de la société : les inégalités de salaires pour un travail équivalent, les femmes battues par leur conjoint, les comportements sexistes au quotidien, les agressions contre les femmes dans la rue. Au-delà du symbolique, le rôle des médias devrait être d’informer l’opinion publique de ces réalités et de les dénoncer pour les combattre. C’est aussi le rôle des politiques et in fine une affaire de respect de la règle de droit et de sanctions éventuelles de certains comportements. Il y a des phénomènes dont on parle peu mais qui sont insoutenables dans la société française, par exemple les violences quotidiennes envers les femmes, sous toutes leurs formes. D’ailleurs, tout au long de la campagne électorale, je réalise en vous parlant que personne n’a dit un mot de la lutte contre ce fléau. 

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