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Intelligence artificielle : Après, les voitures électriques et le projet SpaceX, Elon Musk révèle ses plans pour un cerveau mi humain-mi ordinateur
©Flickr/IsaacMao

Computer Brain

Il sera bientôt possible de connecter votre cerveau à des ordinateurs. C'est le nouveau projet envisagé par Elon Musk, fondateur de Tesla, par le biais de sa société Neuralink. Cette idée se justifie selon l'homme d'affaires sud-africain par la nécessité de nous adapter à l'intelligence artificielle.

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
 

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Atlantico: Selon les déclarations et projets d'Elon Musk, dans 4 ans nos cerveaux pourront être connectés à des ordinateurs. Quelles sont les implications éthiques et morales d'une telle technologie?

Jean-Gabriel Ganascia : Le projet annoncé par Elon Musk porte d’abord sur la confection d’implants cérébraux à visée thérapeutique. Nous savons que de tels dispositifs existent bel et bien et qu’ils ont des applications extrêmement bénéfiques dans le domaine médical. C’est tout particulièrement le cas de la stimulation cérébrale profonde mise au point en France, à Grenoble, par le neurochirurgien Alim-Louis Benabid dans le courant dans années 80. Elle soigne les symptômes consécutifs à certaines formes de la maladie de Parkinson. De même, dans le cas de la dépression, elle améliore les symptômes chez 60 % des patients résistants à tous les autres traitements. On trouve aussi dans la littérature scientifique des articles portant sur l’incidence de la stimulation cérébrale profonde sur la mémoire, en particulier sur la mémoire spatiale. Par ailleurs, il existe des travaux, comme ceux conduits à l’université de Berkeley par l’équipe de Jose Carmena et financés par l’agence de recherches militaires des Etats-Unis, la DARPA (Defense Advanced ResearchProjects Agency), qui explorent l’utilisation d’implants électriques pour aider le cerveau lésé dans le cas de désordres post-traumatiques. Cette perspective justifie a priori le projet envisagé par Elon Musk avec la société Neuralink. Cependant, Elon Musk laisse entendre qu’il souhaite aller plus loin et ne pas s’en tenir à la simple « réparation », mais qu’il aimerait aussi contribuer à l’augmentation des capacités cérébrales.

Le but d’Elon Musk est de capter le signal neuronal avec des électrodes plantées dans le cerveau, puis de le décoder afin de mieux comprendre ce qui se passe dans notre tête et, grâce à ça, de soigner les patients cérébraux lésés. Ceci étant, Elon Musk suggère qu’il pourrait aller plus loin encore, sans se limiter à la simple réparation,en étendant nos capacités intellectuelles, en particulier nos capacités de mémorisation,par couplage de notre cerveau avec des dispositifs électroniques, en particulier avec des ordinateurs. Bien évidemment, si elle advenait, ce qui est fort douteux, une telle extension de nos mémoires individuelles avec des dispositifs électroniques aurait des conséquences assez imprévisibles et pour le moins discutables au plan éthique. En effet, si, d’un côté, on se prend à espérer que cela allège considérablement la tâche de mémorisation, et donc l’apprentissage, d’un autre côté, on serait en mesure d’insuffler des connaissances aux individus à leur insu, ce qui restreindrait d’autant le libre arbitre individuel.

Elon Musk y voit un moyen de nous adapter aux machines, qui deviennent de plus en plus intelligentes. Quels sont les risques pratiques encourus par l'utilisation de telles technologies ?

Il se peut que cela augmente singulièrement nos capacités cognitives, ce qui nous permettrait alors peut-être de rivaliser avec les machines. On peut toutefois craindre que, dans le même temps, cela nous rende plus dépendant qu’auparavant, car nous serions transformé en cyborg,s c’est-à-dire en hybride d’hommes et de machines. De plus, le contenu de nos mémoires viendrait de l’extérieur, ce qui fait que personne n’aurait vraiment la certitude d’avoir appris ce qu’il connaît, ce qui paraît vraiment perturbant.

De manière plus positive, quelles pourraient être les applications potentiellement intéressantes ouvertes par une telle technologie ? 

Nous avons déjà noté les applications médicales qui sont très nombreuses. À cela il faut ajouter des possibilités de compréhension de l’activité cérébrale, d’une façon complémentaire à ce qu’autorise l’imagerie fonctionnelle cérébrale. Enfin, cela améliorerait les interfaces cerveau-ordinateur, ce qui permettrait de communiquer avec les machines, sans geste, sans clignement de paupières, uniquement par la pensée. En soi, ce sont des applications fascinantes qui stimulent l’imagination de beaucoup. Ceci étant, contrairement à ce qu’affirme Elon Musk, les cas où une telle communication est vraiment nécessaire semblent très peu nombreux. En revanche, les dangers consécutifs à l’emploi de ces implants mnésiques, en particulier les dangers de manipulation des individus eux ne seront pas imaginaires.

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