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Marine Le Pen, l’indéboulonnable supposée dont la dynamique paraissait pourtant en panne
©Reuters

Trou d’air ou toboggan ?

Percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, signes d'érosion de l'électorat frontiste, oppositions avec la ligne de Marion Maréchal-Le Pen, etc. : les difficultés semblent s'accumuler pour la candidate du FN à la présidentielle.

Jean-Yves Camus

Jean-Yves Camus

Chercheur associé à l'Iris, Jean-Yves Camus est un spécialiste reconnu des questions liées aux nationalismes européens et de l'extrême-droite. Il est directeur de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès et senior fellow au Centre for the Analysis of the Radical Right (CARR)

Il a notamment co-publié Les droites extrêmes en Europe (2015, éditions du Seuil).

 

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Atlantico : Bien que le contexte politique actuel pourrait lui être favorable et en dépit du fait qu'elle soit en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle (25% dans le dernier sondage OpinionWay-Orpi pourLes Echos et Radio Classique), l'électorat de Marine Le Pen semble présenter, depuis quelques jours, une certaine forme d'érosion (dans le même sondage précité, perte d'un point d'intention de vote). Comment interpréter cela ? Quelle(s) conséquence(s) cela pourrait-il avoir à 16 jours du premier tour de la présidentielle si cette tendance venait à se confirmer ?

Jean-Yves Camus Je crois que son socle électoral s'est déjà consolidé et quoi qu'il en soit, sa qualification pour le second tour semble probable. C'est déjà une manière de remplir la moitié du contrat. Ensuite, la séquence électorale a mis en lumière Macron et Melenchon, et Marine Le Pen n'a pas été excellente dans le débat de France 2, elle qui est meilleure en duel que noyée parmi 11 candidats. Il lui reste encore un grand rendez-vous à Paris, le 17 avril, pour réaliser une prestation qui sort du lot. Son problème, de ce côté, c'est qu'elle déroule partout un argumentaire, des mesures, qui sont déjà bien connues. Il n'y a pas d'effets d'annonce, de surprises. C'est un choix tactique qui se défend que de miser sur l'effet de répétition et de constance.

Dans une récente interview de Marine Le Pen accordée aux lectrices de Femme Actuelle (voir ici), la candidate du FN a déclaré, quant à la potentielle place que pourrait occuper sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, dans son futur gouvernement : "Je ne lui dois rien".  Compte tenu de l'implication politique et du travail idéologique fournis par Marion Maréchal-Le Pen depuis plusieurs mois, comment peut-on interpréter la relation politique entre les deux femmes ? Pourrait-on parler d'un sentiment d'infériorité de Marine Le Pen à l'égard de sa nièce ? 

Au pied de la lettre, Marine Le Pen a raison: elle a été élue à la tête du FN par le congrès de 2011. C'est elle qui a écarté son père. Mais elle devrait se demander: "Que et qui peut-elle me faire perdre, si elle quitte la politique?". Il existe incontestablement une sensibilité à l'intérieur du FN, qui se sent plus proche des idées de Marion Maréchal-Le Pen sur l'identité, les questions sociétales et le national-libéralisme économique. Ce sont des bataillons d'électeurs à conserver. La réponse à la rivalité va être donnée par le score de Marine Le Pen aux présidentielles, au plan national et en ventilant par régions. Si Marine Le Pen est très haut, sa ligne politique et celle de Florian Philippot sera confortée. Si elle trébuche, elle sera contestée. Faut-il parler de sentiment d'infériorité de l'une envers l'autre? Plutôt d'un certain agacement face à la trajectoire très rapide de quelqu'un qui, contrairement à Marine Le Pen, n'était pas, en raison de son jeune âge, dans le bateau au moment des grosses tempêtes.

Depuis plusieurs jours, Jean-Luc Mélenchon continue sa percée dans les sondages (dans celui mentionné ci-dessus, il est crédité de 16% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle). Dans quelle mesure cela pourrait-il nuire à Marine Le Pen ?

Je ne crois pas à la porosité des deux électorats. Même s'il existe une déperdition, les reports de voix de Jean-Luc Mélenchon vers le candidat socialiste et même vers Emmanuel Macron se feront. Le barrage au FN fonctionne encore. Chez les électeurs de François Fillon, l'indécision progresse par contre, avec des reports vers Marine Le Pen qui passent de 24 à 33%. Ce qui peut nuire à Marine Le Pen, c'est une très forte mobilisation de l'électorat dès le 1er tour. Nous n'en prenons pas vraiment le chemin...

Lors du grand débat de la présidentielle de ce mardi, Marine Le Pen s'est retrouvée confrontée à d'autres candidats qui, comme elle, proposent une sortie de la France de l'Union européenne, mais une sortie plus radicale, la candidate du FN proposant, elle, une sortie par voie référendaire. Face à cette radicalité d'autres candidats à la présidentielle sur des thématiques comme celle-ci, que peut faire le FN ? 

Rien! Sur le thème de l'Europe, elle a la notoriété, l'antériorité et l'avantage de proposer une voie de sortie qui dépend du vote populaire, ce qui est tout de même plus démocratique que de ne pas consulter les Français.

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