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Hausse de l’immobilier à Paris : la politique du logement suivie depuis 5 ans en cause
©Reuters

Logement

Pour ce premier trimestre 2017, les prix de l'immobilier ont connu une augmentation de 5% selon Century 21 et Guy Hoquet, malgré les lois successives du gouvernement visant à faciliter l'accès au logement à la population. Mais quels impacts ces dernières ont-elles réellement eu sur le quotidien des Français?

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Réduction d'impôt pour inciter à l'investissement locatif, plafonnement des loyers et des ressources des locataires, prêts à taux zéro... Quel bilan peut-on dresser aujourd'hui de la politique de François Hollande, que ce soit en termes d'accès au logement, à la propriété, de construction ?

Philippe Crevel : Il n’y a pas eu une politique du logement sous François Hollande mais plusieurs. Il y a eu la période anti-immobilier qui s’est traduit par la loi Dufflot et par une diminution sans précédent du nombre de logements neufs construit. Il y a eu la deuxième période symbolisé par le dispositif Pinel. Depuis 2015, les mises en chantier progressent. Depuis l’année dernière, les ménages ont retrouvé le chemin de l’investissement immobilier. Le nombre de permis de construire délivrés l’année dernière s’est élevé à 463.900, soit une hausse de 16 % par rapport à 2015. La construction de logements individuels a progressé de 14,5 % sur un an. La promotion immobilière enregistre de bons résultats avec 119 005 logements mis en vente, soit 16 % de plus qu'en 2015. Cela ne permet pas néanmoins de compenser le point bas atteint en 2014 avec 297 532 logements. Nous étions alors très loin de l’objectif de 500 000 logements que François Hollande s’était fixé.

Ce ne sont pas les 37 milliards d’euros d’aides publiques qui ont sauvé l’immobilier mais les taux d’intérêt. En 2016, ils se sont abaissés à des niveaux historiquement inconnus. Les ménages ont ainsi pu financer des achats immobiliers avec des emprunts à 10 ans ayant un taux inférieur à 1 %. C’est donc la BCE et sa politique monétaire non-conventionnelle qui ont provoqué la reprise de l’immobilier.

Les prix de l'immobilier à Paris ont augmenté de 5% au premier trimestre 2017 selon Century21 et Guy Hoquet. Est-il aujourd'hui plus difficile d'accéder à la propriété qu'il y a 5 ans dans des zones tendues comme Paris ? Quelles sont les catégories de population qui en souffrent ?

La baisse des taux diminue le coût du crédit et permet à moindre coûts d’acquérir un logement à la limite près que l’inflation est faible et que les salaires augmentent peu. Il vaut mieux avoir des taux plus élevés, une inflation qui érode la valeur du capital et des rémunérations professionnelles en augmentation et qui facilitent le remboursement des mensualités. En outre, si le coût du crédit a baissé, les conditions d’octroi des prêts se sont durcies depuis la crise financière. De ce fait les jeunes actifs et les primo-accédants éprouvent des difficultés pour acheter un logement. L’augmentation des prix de ces derniers mois complique un peu plus la donne pour ces catégories. De même, les détenteurs de revenus modestes ou irréguliers ne peuvent pas acheter un logement situés dans le cœur des grandes agglomérations. Il en est de même pour les familles avec plusieurs enfants. Les hyper-centres sont de plus en plus segmentés avec des classes aisées et des personnes pouvant bénéficier de logements sociaux.

Parmi les différents programmes des candidats à l'élection présidentielle, lequel selon vous pourrait répondre le mieux aux défis actuels ?

La Cour des comptes a, à plusieurs reprises, souligné que la politique menée depuis une trentaine d’années aboutissait à augmenter le coût d’acquisition des logements et le montant des loyers. Cette politique fausse les repères et elle est de nature malthusienne. Le candidat qui certainement a la vision la plus moderne et la plus en rupture avec le passé est François Fillon. Même s’il ne va pas assez loin pour augmenter le foncier disponible et créer de nouveaux pôles urbains pour permettre la respiration des hypercentres des agglomérations, il a néanmoins la volonté de redessiner en partie la politique du logement. Il entend redéfinir les conditions d’accès du prêt à taux zéro et réduire le coût des hypothèques. Il souhaite que 80 % de la population puisse accéder à des mécanismes de prêts. Il a promis l’abrogation de la loi Alur sur le logement. L'encadrement des loyers sera ainsi supprimé. Il veut créer un bail homologué à loyer modéré disponible en ligne, avec des avantages fiscaux proportionnels à la faiblesse des loyers pour les bailleurs. Il préconise la mise en place d’une procédure accélérée d'expulsion pour impayés de loyer en contrepartie. Il est par souci de simplification et de neutralité pour une fusion des aides au logement dans une prestation sociale unique.

Il s’est engagé à instituer un statut de bailleur privé et d’instaure un dispositif unique d'incitation à l'investissement locatif reposant sur un amortissement de longue durée. Pour la fiscalité, il veut revenir au principe d’exonération fiscale des plus-values immobilières après 15 ans de détention ce qui était le régime fiscal en vigueur de 2004 à 2011.

Emmanuel Macron penche plutôt pour le statuquo avec le maintien du dispositif Pinel et de la fiscalité sur les plus-values. L’encadrement des loyers serait également maintenu L’ISF deviendrait un impôt pesant exclusivement sur l’immobilier.

Pour les personnes (CDD,intérim etc) qui ont des difficultés à se loger, Emmanuel Macron a proposé un bail mobilité valable un an qui s’appliquerait uniquement dans les zones tendues. Emmanuel Macron ne s’est pas interdit de revoir la politique d’aide.

De son côté, Marine Le Pen a opté pour des mesures de gauche en matière d’immobilier à l’exception de celles liées à la préférence nationale. Elle a promis de réaliser un audit sur les conditions d'occupation des logements sociaux et l'application du surloyer de solidarité. Elle veut renforcer la transparence dans l'attribution des logements sociaux et instaurer un critère de préférence nationale dans les règles d'attribution des logements sociaux. Les aides personnelles au logement seraient pérennisées. Elles seraient revalorisées de 25 % pour les jeunes de moins de 25 ans. La taxe d'habitation pour les plus modestes seraient allégées ce que partage également Emmanuel Macron. Elle entend également renforcer les aides d’accès à la propriété et réduire les droits de mutation.

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