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Emmanuel Macron vu par les Arvernes : Hollande 2.0
©RTL

Héritage

Pour le groupe Les Arvernes, le programme d'Emmanuel Macron est pour le moins inquiétant, en ce sens qu'il s'agit d'un quasi décalque de celui de François Hollande, ce que d'autres pointent du doigt.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Les jours se suivent et se ressemblent tristement dans cette campagne présidentielle 2017. Nulle allusion à la situation internationale pourtant éminemment conflictuelle et déstabilisante dans de nombreuses régions du monde ! Mais qui pense à la menace balistique et nucléaire nord-coréenne ou qui croit encore que Daesh existe ? Nul bilan économique et social permettant de revenir sur un quinquennat hollandais désastreux ! Mais qui parle de nos dettes, de nos déficits, de notre balance commerciale de plus en plus négative, de nos entreprises qui s’effondrent ou qui sont rachetées par tous nos concurrents étrangers ? Nulle considération pour les propositions et les programmes des candidats ! Mais est-ce vraiment le plus important ? Comme l’a d’ailleurs précisé le 12 février dernier le candidat Emmanuel Macron dans Le Journal du Dimanche, "c’est une erreur de penser que le programme est le cœur" d’une campagne électorale, alors que, selon lui, la politique, c’est "mystique", c’est un "style", une "magie".

Même si nous espérons que la France n’est pas encore un royaume enchanté tiré d’une superproduction de Walt Disney, la vie politique française, vue par le prisme de l’actualité quotidienne, est devenue de facto, espérons-le provisoirement, une succursale de l’émission de téléréalité Big Brother, voire un succédané de celle des Kardashian, avec la complicité réelle de ceux qui ont un intérêt à ce que le débat politique n’évoque pas trop ce quinquennat finissant et son bilan épouvantable pour notre pays, avant les échéances électorales fatidiques d’avril prochain.

Au pire, ce à quoi nous assistons est un avant goût "light" de l’émission russe sordide de téléréalité Game2 : winter, bientôt diffusée à Moscou, où tous les coups sont permis, y compris d’ailleurs la mise à mort des participants puisqu’ils doivent signer un formulaire qui dégage les organisateurs de toute responsabilité en cas de décès. François Fillon en a eu lui-même un petit avant-goût pour sa propre personne en étant la cible de tous ceux qui, dans notre pays, jouent un jeu de plus en plus dangereux pour la démocratie.

Pourtant, ce ne sont pas les vrais sujets politiques, économiques ou sociaux qui manquent pour animer cette campagne. Dernier exemple en date : la France a affiché, pour le seul mois de janvier 2017, un déficit historique de sa balance commerciale de 7,9 milliards d’euros, dans un contexte d’euro fort par rapport à de nombreuses devises étrangères et de prix réduits des matières premières, avec un pétrole d’ailleurs récemment repassé sous la barre des 50 dollars le baril à New York. Que serait notre déficit avec une énergie chère ? Dix milliards par mois ? Quinze ? Vingt ? Où s’arrêtera-t-on ?

Il ne faut donc pas être grand clerc pour comprendre que l’économie française en général, et nos industries et produits d’exportation en particulier, sont dans le rouge cramoisi du fait d’une politique économique inepte menée depuis 2012 par le président François Hollande, ses équipes et ses collaborateurs.

Au premier rang de ses collaborateurs, nous trouvons d’ailleurs Emmanuel Macron, l’homme qui voudrait nous faire croire que la France se gouverne uniquement à coup de "je vous aime" ou de "magie". Mais Emmanuel Macron n’est pas le prince charmant, quoi qu’en pensent ceux qui vont à la soupe ou les médias qui lui sont proches. Emmanuel Macron a aussi un bilan, celui de ministre de l’économie et des finances de François Hollande. Il a aussi un programme et là, il y a de quoi être inquiet.

Le programme d’Emmanuel Macron pour 2017 est un quasi décalque de celui de François Hollande et nous ne sommes pas les seuls à le dire. Un grand quotidien du soir peu suspect d’anti-macronisme primaire nous l’explique fort doctement dans son édition datée du 7 mars. D’après ce quotidien, au moins 40% des propositions d’Emmanuel Macron seraient un copier-coller ou des prolongements des promesses de François Hollande, comme par exemple les "emplois francs", un dispositif censé dynamiser l’emploi dans les quartiers difficiles, abandonné par le gouvernement en 2015.

En fait, c’est tout à fait normal ! Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, non mais allô quoi, comme le dirait notre charmante Nabilla Benattia, Emmanuel Macron est, surprise, le candidat du Hollandisme et d’une frange croissante du Parti socialiste. Vous avez aimé François Hollande ? Vous allez adorer Emmanuel Macron !

La France a besoin de réformes structurelles lourdes, de courage politique, d’empathie réelle et non feinte pour ceux qui souffrent, de cohésion sociale, de stratégie industrielle, de refonte de notre diplomatie, de restauration de notre patriotisme et de rétablissement de la sécurité dans nos villes, nos banlieues et nos campagnes.

Nous devons résorber nos multiples déficits car ils sont mortels pour notre pays et pas parce que c’est notre bon plaisir. En effet, et ce n’est pas franchement un scoop, la France est bien en faillite ! C’est là la simple constatation d’une réalité objective qu’il suffit de contempler lorsqu’on dépasse le cadre du périphérique et de certaines stations chics des côtes françaises, lorsqu’on a la capacité de regarder le pays en se dégageant totalement du prisme de communicants nombrilistes et lorsqu’on accepte de voir que si nos entreprises ferment et que nombre de nos villes et villages se meurent, c’est bien parce que ceux qui ont été au pouvoir ces dernières années nous ont emmené dans le mur et qu’ils s’apprêtent à persévérer dans l’erreur.

Emmanuel Macron incarne peut-être un changement physique, par son âge et son apparence, mais il n’incarne en aucun cas le changement de politiques qu’appellent les Français de toutes conditions et de toutes origines de leurs vœux. Nous ne savons qu’une seule chose : si Emmanuel Macron est élu, nous reprenons pour cinq ans de François Hollande, d’immobilisme et de gestion calamiteuse de notre pays. Et là, oui, les extrémistes de tout poil auront effectivement un boulevard périphérique devant eux. Est-ce vraiment ce que nous voulons ?

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