Infidélité ? Et si les femmes étaient devenues pires que les hommes ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean Dujardin revient sur les écrans dans "Infidèles" ce mercredi.
Jean Dujardin revient sur les écrans dans "Infidèles" ce mercredi.
©DR

Fidèles castrés

Jean Dujardin revient sur les écrans dans "Infidèles" ce mercredi. Dans ce film à sketchs, il est question d’infidélité, un thème souvent incarné par l’image du dragueur impénitent et plutôt sympathique. Ce comportement demeure-t-il aujourd’hui, l’apanage presque exclusif du "sexe fort" ? Pas si sûr...

Gérard Leleu

Gérard Leleu

Gérard Leleu est médecin et sexologue. Il est également écrivain et conférencier, auteur de nombreux ouvrages sur le couple et le plaisir.

 

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Atlantico : Jean Dujardin revient sur les écrans dans "Infidèles" ce mercredi.  Dans ce film à sketchs, il est question d’infidélité, un thème souvent incarné par l’image du dragueur impénitent et plutôt sympathique. Ce comportement est-il encore aujourd’hui, l’apanage exclusif des hommes ?

Gérard Leleu : Non ! Les femmes nous rattrapent sur le plan de l’infidélité. Il y a quelques années, une enquête montrait qu’autrefois on ne comptait que 15% de femmes infidèles et que maintenant, elles rejoignent presque les hommes. Elles seraient aux alentours de 45% - contre 55% des hommes - à avouer avoir été infidèle.

Pour quelles raisons ?

Ce n’est pas que les femmes aient moins de désir ou d’envie de faire l’amour que les hommes. Mais beaucoup de choses entravaient leurs envies. En premier lieu la répression terrible de l’adultère assortie de punitions terribles (lapidation, bûcher, décapitation, répudiation). Il y avait de quoi y réfléchir à deux fois. Cette différence tient aussi au fait qu’autrefois, on a culpabilisé les femmes et considéré le fameux pêché d’Eve (à tort) comme sexuel. Il n’y a plus aujourd’hui de répression. On note aussi que la femme avait alors une impossibilité : elle devait remplir la fonction de mère, de femme d’intérieur et restait à la maison sous un contrôle permanent. La maison était une prison.

Ensuite, il y avait aussi la peur d'avoir un bébé qui pouvait refroidir les femmes. Enfin, il y avait un problème de ressources en cas de divorce : une femme abandonnée était une femme soit condamnée au couvent soit à la misère…

Enfin, même si les femmes sont émancipées et modernes, la sexualité est liée à l’affectif. Ca a toujours été vrai et cela le resterait quand on parle avec les femmes… Alors que l’homme a pu dissocier le plaisir de l’affection. La femme, semble-t-il, peut faire de plus en plus cette dissociation entre plaisir et amour. Autrefois, les femmes ne pouvaient pas faire l’amour sans aimer. Maintenant, elles savent le faire.

Enfin, l’infidélité a cessé d’être un délit il y a peine vingt ou trente ans. Aujourd’hui, on sait que l’amour n’est plus un pêché. C’est ce qui a libéré les femmes. Aujourd’hui, elles travaillent dehors. Et donc, elles ont des possibilités de rencontrer des hommes. D’ailleurs, les enquêtes montrent que l’essentiel des infidélités se font avec des gens du travail.

A vous écouter, on penserait que l’émancipation de la femme par le travail et la contraception est une porte ouverte au risque d'infidélité !

Oui ! La pilule est un vrai phénomène de société. La contraception orale n’est pas simplement une invention « médicale » mais un changement de civilisation car délier la sexualité de la grossesse est quelque chose de faramineux et qui permet aux femmes ce que les hommes ont toujours connu…

En distinguant amour et plaisir, les femmes sont-elles devenues des hommes comme les autres ?

C’est justement une expression que j’utilise dans le livre que j’écris actuellement ! Les femmes, en effet, peuvent avoir des coups de sang ou des besoins car elles sont devenues des hommes comme tout le monde ! Sans contrainte ni risque, il reste peut-être chez la femme un côté sentimental. Cependant, on note que les femmes entre 18 et 25 ans ont vraiment envie de s’éclater et de s’ouvrir à tout. Puis elles se rangent à nouveau, en associant alors de nouveau le plaisir et les sentiments.

Quels conseils donneriez-vous aux hommes pour éviter de paniquer en vous lisant ?

Quand une femme est tout à fait satisfaite, elle est tout à fait fidèle ! On peut rappeler les causes de l’infidélité de la femme qui sont très différentes de celles des hommes. En général, les hommes sont infidèles par insatisfaction sexuelle : pour avoir plus et jouir plus. En revanche, quand les femmes vont voir ailleurs, c’est rarement pour des raisons sexuelles. Elles trompent par besoin de reconnaissance car leur partenaire ne les voit plus. C’est le cas de la « femme-potiche » qui n’est plus considérée et qui se demande si elle est toujours féminine et attirante. Elles font des « infidélitests » afin de vérifier si elles toujours autant de pouvoir.

Les femmes ont également besoin de communication. Elles reprochent en général, aux hommes de ne pas parler, de ne pas les écouter, de ne pas les comprendre. L’homme qui ne communique pas risque, un jour, que sa femme rencontre un homme qui communique, qui lui glisse des confidences et qui lui dise qu’elle est belle, qu’elle existe donc. Là c’est dangereux car être comprise est primordial pour une femme.

Une autre cause de l’infidélité féminine est le manque de tendresse. Sans essayer de tomber dans les stéréotypes, on peut dire que les femmes sont des êtres de tendresse et de caresses. Les grands reproches ont trait à ce manque. Les hommes qui ne veulent pas être trompés doivent bien écouter la femme. D’autant qu’autrefois on se mariait pour la vie et qu’aujourd’hui, on se marie pour dix ans.

Peut-on être aujourd’hui fidèle pendant 60 ans ?

C’est impossible sauf si on sait ce qu’est l’amour. La plupart du temps, on croit que c’est un duo d’opérette. Or l’amour - sans vouloir faire de l’ésotérisme -, est un chemin initiatique fait pour nous apprendre nos défaillances, notre jalousie, notre égoïsme, nos possessivités : les traverser et les améliorer. Il s’agit de "se connaître soi-même" et, finalement, de devenir un être conscient...

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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