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Valérie Pécresse, une candidate capable de préserver la ligne libérale conservatrice de François Fillon en cas de retrait ?
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Tout est possible

Porter l’alternance tout en affichant son intégrité morale, conserver la ligne d’inspiration plutôt libérale portée par François Fillon, etc. : autant de qualités attendues du possible remplaçant (ou remplaçante) de François Fillon.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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Qui devrait remplacer François Fillon comme candidat de la droite et du centre ? Pris en étau entre une opinion publique désarçonnée et sa majorité rapide de la gâchette, François Filon semble devoir être "débranché" par le bureau politique des Républicains dans les heures qui viennent. Nous avons rarement vu pareil effondrement d’une candidature au terme d’une telle dynamique de campagne. Le manque d’éthique du candidat a pris le pas sur son projet, hélas le plus abouti et le plus ambitieux en lice.

Emmanuel Macron se frotte les mains. Est-il pour autant certain de se retrouver au second tour avec un électorat de plus en plus instable ? Les Français à l’exaspération montante pourraient être tentés de vouloir "renverser la table" en mai prochain, à l’image des Britanniques votant le Brexit ou des Américains élisant Donald Trump. Menace une vague de "dégagisme" pour reprendre le néologisme de Jean-Luc Mélenchon inspirée du "dégage" hurlé, dans la langue de Molière, par les manifestants du printemps arabe.

Je n’appartiens pas à ce parti que je juge, comme je l’ai écrit, coresponsable de la déliquescence actuelle de notre pays. Je me permets toutefois de donner un conseil de citoyen à ses dirigeants en train de jouer leur survie, les mêmes qui étaient certains de leur victoire il y a 3 semaines. Non par sympathie pour les Républicains-UDI – je n’en ai aucune  mais par crainte de voir accélérer le glissement vers la démagogie d’une extrême droite en pleine ascension, voire plus tard vers une révolution dont personne ne peut imaginer l’issue.

Le candidat des Républicains-UDI actuel, drapé dans sa robe austère de la rigueur réformatrice, a éliminé tous ses adversaires haut la main pour deux raisons principales. Le personnage était d’une probité sans équivoque, atout précieux dans une formation qui ressemble davantage à une quincaillerie qu’à un parti. Mais son projet était surtout le seul à fixer un cap clair et à porter une vision de notre pays à 5 ans. Ses réformes avaient l’ambition d’éviter les bricolages qui ne font qu’aggraver la situation pour s’attaquer au cœur des problèmes du pays.

Pour rebondir s’il est encore temps, il vous faut de toute urgence un candidat présentant ces deux qualités. Un candidat capable de porter l’alternance sans n’avoir jamais été soupçonné d’avoir "mis la main dans le pot de confiture", ni d’avoir été associé au système de prébendes remontant aux années Chirac. L’intégrité morale n’a jamais été autant primordiale depuis le Pénélopegate.

Votre candidat doit surtout, en priorité, conserver la ligne d’inspiration plutôt libérale portée par François Fillon, largement plébiscitée à la primaire du 27 novembre. La jeunesse et une forte ouverture du nouveau candidat "de remplacement" à la société civile constitueraient en outre un moyen de ringardiser les notables, symbolisant la volonté de la droite et du centre de se renouveler. Il faut, enfin, un guerrier capable de gagner des élections dans des circonstances difficiles.

Ces quatre points excluent Alain Juppé comme Nicolas Sarkozy, mais aussi les autres candidats à la primaire. Leur absence de projet consistant et leur sens trop aiguisé de la tambouille politicienne ont eu raison de leur crédibilité. Ils ne peuvent que passer leur tour. Au risque de vous surprendre, une seule personnalité "coche toutes les cases" : Valérie Pécresse.

Elle présente une image de libérale – conservatrice – compatible avec tous les courants des Républicains-UDI. Elle ne traine aucune affaire ou soupçon de malversations. Elle a commencé à faire le ménage dans la région Ile-de-France qu’elle préside depuis un an. Au terme d’une campagne difficile, elle a accroché à sa ceinture le scalp de Claude Bartolone, rien moins que le président de l’Assemblée nationale.

Elle a donc le cuir assez épais pour gagner une élection dans un climat délétère. Elle est compatible avec les principaux clans de son camp. Elle a également adhéré depuis longtemps au projet de François Fillon, malgré sa trahison de l’ex-Premier ministre au profit d’Alain Juppé peu avant le premier tour de la primaire. Une absence de sentiment qui semble de bon augure s’il s’agit de faire face à Trump ou Poutine…

Qui croit encore, hormis les ricaneurs professionnels, qu’elle manque d’épaisseur ou d’expérience ? Secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, elle a réussi à ouvrir la voie de l’autonomie des universités, une gageure en France. Avec cette modeste expérience ministérielle, Valérie Pécresse représente-t-elle un saut dans l’inconnu ? Renouveler le personnel politique exige de ne plus confier le destin du pays à ceux qui ont été aux manettes pendant des décennies, surtout vu le résultat consternant de leur "bonne gestion". Sans doute moins que celui de laisser gagner Emmanuel Macron, qui n'a jamais été élu à rien mais qui fut conseiller de Hollande en tout pendant quatre ans.

Quant aux machos tentés de dénigrer une "frêle jeune femme", ils feraient bien de se rappeler que Margaret Thatcher avait le même âge qu’elle quand elle avait pris la tête du Parti conservateur au Congrès conservateur en 1975, bardée en tout et pour tout d’une expérience de… secrétaire d’Etat à l’Education, précisément comme Valérie Pécresse. Lors de ce congrès, Thatcher avait provoqué l’hilarité de l’assistance en balayant son pupitre avec un plumeau, pour illustrer la volonté d’une soi-disant faible femme de dire "du balai"  au personnel et aux pratiques anciennes. A Valérie Pécresse de reprendre le plumeau, pardon le flambeau.

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