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Le Dow Jones franchit pour la première fois la barre des 20 000, mais pourquoi le CAC 40 se traîne-t-il encore 25% en dessous de son record pré-2008 ?
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

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Encore en deçà du record datant de... 17 ans, le CAC 40 ne connait pas le retour en force de son cousin américain. En cause? Trump, la situation française et deux modèles différents de mesure de l'économie.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Lors de la séance du 25 janvier, le Dow Jones, indice emblématique de la bourse de New York, a franchi un nouveau cap en dépassant les 20 000 points, son plus haut niveau historique. Comment expliquer cette flambée de la bourse américaine ?

Philippe Crevel : La bourse américaine enchaîne depuis maintenant plusieurs semaines records sur records pour plusieurs raisons : tout d’abord parce que la situation américaine est correcte, qu’il y a une situation de plein emploi, parce que la croissance tourne autour de 2% et que les résultats des entreprises sont globalement bons. Ce sont des fondamentaux économiques plutôt favorables. L’autre raison est d’ordre politique : l’arrivée de Donald Trump, contrairement à ce que de nombreux commentateurs avaient affirmé, renforce les tendances haussières de la bourse. Tout d’abord il a annoncé un plan de relance budgétaire avec des grands travaux, ce qui favorise le secteur de la construction. Il a aussi promis de renforcer l’économie américaine. Deuxièmement, il a prévu de renforcer l’économie américaine par la demande intérieure. Troisièmement il a prévu de démanteler un certain nombre de réglementations qui pouvaient nuire à nombre d’activités, à commencer les questions énergétiques dont la construction d’un oléoduc dont le projet avait été rejeté par Barack Obama. L’ensemble de ses promesses et la réalisation de celles-ci a été jugée satisfaisante et la bourse semble fermer les yeux sur les risques protectionnistes et sur les conséquences de l’emballement de la dette américaine pour ne voir que les bons côtés de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

De l'autre côté de l'Atlantique, le CAC 40 semble être à la traîne de cette tendance, en affichant un niveau toujours largement inférieur celui qu'il avait pu atteindre à la fin des années 90 et du début des années 2000. Comment expliquer une telle divergence ? 

Il y a plusieurs facteurs. Tout d’abord il est difficile de faire des comparaisons entre indices, tout simplement parce que les modes de calculs de ceux-ci diffèrent. C’est le cas entre le Dow Jones, indice historique vieux de plus de 120 ans qui n’est pas l’indice de référence (c’est le Standard & Poors 500 qui est choisi à cet effet) aujourd’hui et le CAC 40, qui a la différence du Dax ne prend pas en compte les bénéfices réinvestis. Le Dow Jones n’est pas pleinement rationnel, et le CAC 40 est incertain.

Il y a eu de plus un changement de calcul entre les années 80 et les années 90. On est passé d’un système où l’on prenait en compte l’ensemble de la capitalisation des entreprises à un système où l’on ne prend en compte que le flottant. Pour certaines entreprises publiques, ce n’est évidemment pas la même chose, car le flottant y est relativement faible et cela limite la progression du CAC 40.

Mais il est vrai que le retard de l’indice français s’explique aussi par le poids du secteur financier, qui a été fortement impacté par la crise des dettes souveraines. D’autre part, un certain nombre d’entreprises françaises sont sorties de la cote parce qu’elles sont sorties de la cote en étant rachetées par des entreprises étrangères, et sont donc aujourd’hui cotées à l’étranger. Evidemment, cela réduit le périmètre des entreprises du CAC 40 qui ont du se tourner vers des entreprises moins importantes puisque les belles entreprises sont cotées à l’étranger. Enfin, il y a le fait que la France connait une situation économique compliquée ces dernières années que retrace le CAC 40 même s’il est un indice d’entreprises majoritairement mondialisées. La France tire certainement cet indice vers le bas.

Dans quelle mesure la progression de la bourse américaine peut-elle être un signal pour les investisseurs français ? La tendance new yorkaise a-t-elle vocation à entrainer l'Europe dans son sillage ? 

La situation américaine est contradictoire : certes il y a des records qui se succèdent aux Etats-Unis avec un risque de retour à une situation inférieure, ce qui fait qu’il est aujourd’hui assez dangereux de se projeter sur les prochains mois tant on ignore les décisions qui vont être prise par Donald Trump et le Congrès américain.

D’autre part, il y a un affaiblissement de l’euro et une augmentation du dollar qui encourage les entreprises américaines à faire leur marché en Europe et qui rend plus difficile les investissements aux Etats-Unis. Cela risque ainsi de faire monter les prix en Europe et pourrait favoriser les cours européens. Il y a cependant de nombreuses incertitudes en la matière : incertitudes américaines d’abord, pour savoir ce qui va être réellement fait par le nouveau gouvernement, et incertitudes européennes avec le Brexit et les élections imprévisibles en France et en Allemagne. L’année 2017 est extrêmement complexe et il sera difficile de faire des pronostics certains en la matière ! 

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