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Le vote des agriculteurs peut-il basculer à l'extrême droite ?
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La campagne, ça vous gagne

Le Salon de l'agriculture débute ce week-end. Si leur vote ne pèse guère en termes de volume, les agriculteurs continuent de représenter un symbole dans le paysage électoral français. Et leur vote a évolué depuis ces dernières années...

Joël Gombin

Joël Gombin

Joël Gombin est doctorant en science politique au CURAPP (Université de Picardie-Jules Verne – CNRS).

Ses travaux portent  notamment sur le vote en faveur du Front national et sur les comportements politiques des mondes agricoles.

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Atlantico : Les candidats à la présidentielle vont défiler au Salon de l'agriculture ce week-end. A-t-on des éléments sur les intentions de vote de cette profession qui reste en proie à d’importantes difficultés ?

Joël Gombin : Il reste très compliqué d’évaluer les intentions de vote des agriculteurs. Non seulement la prévision électorale est un exercice compliqué mais il l’est encore plus pour cette population. Au vu du faible poids qu’ils représentent au sein des Français, ils ne sont même plus pris en compte comme une catégorie à part dans les sondages classiques.

On sait qu’en France, il y a une tradition historique depuis les années 1960 chez les agriculteurs vers un vote plutôt orienté à droite. Il y a peu de chances que cette tendance évolue de manière violente. Par contre, il faut bien comprendre qu’au-delà de cette constante, le vote des agriculteurs est beaucoup plus hétérogène qu’on ne veut le croire. Il subsiste des fractions significatives du monde agricole qui votent à gauche.

On sait qu’en 2007, les agriculteurs avaient voté majoritairement pour Nicolas Sarkozy mais dans une proportion moindre qu’au cours de précédents scrutins, notamment en faveur de Jacques Chirac. Nicolas Sarkozy s’est très largement désintéressé des agriculteurs, aussi bien au cours de sa première campagne qu’au cours de son mandat. Il est un urbain qui s’assume comme tel et qui n’a jamais cherché, contrairement à d’autres politiques, à se rapprocher de cet univers.

Dans un contexte où les dernières années ont été difficiles pour de nombreuses branches du monde agricole, Nicolas Sarkozy risque de ne pas être plébiscité. Un décalage des votes vers la droite de la droite est une possibilité. Dans le nord-est de la France, c’est une tendance remarquée. Mais François Hollande incarne une gauche qui a un lien traditionnel réel avec le monde agricole. Il est élu en Corrèze, département à forte tendance agricole. Le candidat socialiste connaît mieux ces enjeux que Nicolas Sarkozy et il devrait avoir une certaine audience. D’autant plus qu’il mène une campagne qui reste peu orientée sur les questions environnementales.

Pour les candidats, le vote agricole est-il encore un enjeu ?

D’un point de vue strictement quantitatif, ce n’est pas un enjeu. A moins d’être dans une campagne extrêmement serrée, mais les candidats ne sont pas encore à la chasse du point qui fait la différence. La population agricole ne représente plus qu’une fraction minime de l’électorat. Néanmoins, c’est un enjeu symbolique. Le poids symbolique du monde agricole et rural dans l’imaginaire politique français est largement supérieur à son poids démographique réel.

Enfin, le vote agricole devient un enjeu beaucoup plus concret lorsque l’on parle des élections législatives et territoriales. Dans ces scrutins, la population agricole devient déterminante dans certaines circonscriptions et ne peut pas être négligée. Or ces résultats sont importants pour affirmer ou infirmer le choix de la présidentielle. Il ne faut pas négliger le fait qu’en 2014, il va y avoir un grand renouvellement des élus à tous les échelons, depuis les communes jusqu’au Sénat.

Qu’attendent les agriculteurs des candidats à la présidentielle ?

Ce qui me frappe, c’est que pour l’instant, les questions relatives à l’agriculture d’une part et à la ruralité d’autre part, sont complètement absentes de la campagne électorale. Cette tendance est encore plus marquée qu’au cours des scrutins précédents. Par le passé, des candidats avaient même fait de la ruralité leur cheval de bataille. Tous, dans tous les cas, avaient été obligés d’aborder le sujet.

C’est d’autant plus étonnant que nous sommes à la veille d’échéances  majeures pour le monde agricole (réforme de la Politique agricole commune...). Les porteurs traditionnels de cette thématique ont totalement disparu des radars.

Il y a pourtant des enjeux économiques majeurs. Une part importante du monde agricole éprouve de réelles difficultés à s’en sortir économiquement et financièrement. Au-delà, les agriculteurs aimeraient voir leur contribution à la vie sociale, en nourrissant la population, davantage reconnue.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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