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Le début de la fin pour l'Occident ? Un mathématicien a mis au point un modèle qui prédit un effondrement social dans les années 2020 (et son modèle décrit très bien les siècles passés...)
©Allociné

Nostradamus moderne

Le professeur Peter Turchin, qui utilise des équations historiques et mathématiques pour prédire l'évolution des sociétés, est très inquiet concernant l'avenir de la civilisation occidentale.

"Une civilisation, je vais vous dire une vérité de La Palice, vit tant qu'elle résiste à ce qui veut sa mort. Affaiblie, un jour, elle ne peut plus résister, alors elle meurt. (…) Notre civilisation a deux mille ans, c'est honorable pour un trépas." La fin de la civilisation, le philosophe Michel Onfray la prédit et même la retrace dans le deuxième volet de sa Brève encyclopédie du monde. Pessimiste, Michel Onfray, ou réaliste ? Au même moment, outre-Atlantique, un professeur de l'Université du Connecticut, Peter Turchin, pronostique la fin du monde tel que nous le connaissons. Il donne même une date : la décennie 2020.

A lire aussi sur notre site : "Michel Onfray et la décadence de l’Occident… Oui mais y a-t-il vraiment une autre civilisation en meilleure forme ?"

Cette prédiction n'a rien à voir avec les scénarios cataclysmiques relayés par des auteurs en mal de sensations fortes, tel David Meade qui dans son livre Planète X : L'arrivée 2017 prévoit qu'une planète entrera en collision avec la Terre entre le 23 septembre et le 5 octobre de cette année.

Les propos de Peter Turchin sont malheureusement plus terre à terre, et à ce titre plus inquiétants. Professeur d'écologie et de mathématiques, il étudie l'histoire comme une science dure, à l'aide d'équations, de tendances et de modèles prédictifs. Ce champ d'étude, appelé cliodynamique, vise à "découvrir les principes généraux qui expliquent le fonctionnement et la dynamique des sociétés historiques réelles", explique-t-il sur son site. Cette idée peut être mise en relation avec celles des chercheurs en écologie, qui cherchent à prédire l'évolution et les déplacements des espèces animales.

"La cliodynamique (de Clio, la muse de l’histoire, et la dynamique, l’étude des raisons pour lesquelles les choses changent avec le temps, ndlr) est la nouvelle zone transdisciplinaire de la recherche à l’intersection de la macrosociologie historique, de l’histoire économique/cliométrie, de la modélisation mathématique des processus sociaux à long terme, et de la construction et de l’analyse des bases de données historiques", précise-t-il.

Il a étudié l'évolution des sociétés humaines entre 1500 avant Jésus-Christ et l'an 1500 ans, et en a retiré quarante facteurs, qui lui permettent – assure-t-il – de prédire l'évolution de notre société actuelle.

Dans une étude publiée en 2013 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, il avait noté que la technologie militaire et les conflits entre sociétés étaient les principaux facteurs d'évolution d'une civilisation.

Ce modèle montre que "l'instabilité sociale et la violence politique vont atteindre un pic dans les années 2020",écrit-il dans un article publié sur Phys.org. Selon lui, "l'élection présidentielle que nous avons vécue, malheureusement, confirme cette tendance". Il admet néanmoins n'avoir pas vu venir l'élection de Donald Trump, sa théorie ne visant pas à prédire des évènement précis, mais seulement des tendances globales.

"Par contre, elle avait bien prédit la montée de l'instabilité politique et sociale. Et si rien n'est fait, cette instabilité va continuer à progresser".

L'un des facteurs étudiés par le professeur est le concept de "surproduction de l'élite", dans lequel les riches deviennent de plus en plus riches, mais aussi de plus en plus nombreux, et se coupent de la population, ce qui entraîne une "polarisation idéologique et une fragmentation de la classe politique". Un constat déjà ancien et proposé par des sociologues comme Jack Goldstone ou Michael Mann, note-t-on.

Selon Peter Turchin, l'instabilité viendra aussi de la mauvaise santé financière des Etats, dont les revenus chutent et les dépenses augmentent, alors que la qualité de vie stagne ou décline.

Le professeur Turchin précise néanmoins que ces prédictions ne sont pas fixées dans le marbre et que son modèle pourrait justement permettre de les éviter, en montrant les dangers de la voie dans laquelle le monde s'est engagé. "La descente n'est pas inévitable", note-t-il, dans la mesure où, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, "notre société est la première qui peut percevoir comment ces forces opèrent". Reste à mettre les autorités autour de la table pour en discuter, ce qui risque d'être particulièrement difficile. Peter Turchin estime que le point de non-retour sera atteint dans 3 ans.

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