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Charlie Hebdo et Hyper Casher, deux ans après : les 5 points sur lesquels les Français ne sont plus comme avant
©DR

Nouvelle ère

Depuis les attentats de janvier 2015, la France a véritablement basculé dans un climat de terrorisme, caractérisé notamment par une montée spectaculaire de la demande de sécurité.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Au regard des principaux baromètres Ifop pour Atlantico réalisés depuis les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher en 2015, par quels aspects la France a-t-elle changé ? 

Jérôme FourquetClairement, on observe des mouvements tout à fait décisifs et importants en matière de sentiment de sécurité. Si l’on prend le baromètre de l’évaluation de la menace terroriste, on voit bien qu’il y a un avant et un après Charlie Hebdo. Nous sommes entrés dans un climat de terrorisme. Selon les enquêtes, entre 3 et 4 Français sur 10 affirment avoir changé leurs habitudes en fonction de cela.

On observe aussi une prise de conscience de l’ampleur et de la gravité de la menace, ainsi que de sa dissémination partout sur le territoire et du nombre important de personnes impliquées dans les réseaux. Il résulte de cela une demande pour l’instauration de mesures préventives de la part des pouvoirs publics. Ainsi, suivant les moments, entre 65 et 80% des Français sont apparus, dans les précédents baromètres Ifop pour Atlantico, favorables à l’internement préventif des fichés S.

Autre conséquence de cette situation : l’adhésion à l’instauration et au maintien de l’état d’urgence. Par ailleurs, un certain nombre de Français acceptent le renforcement du contrôle sur la vie privée avec le souci que cela soit fait pour la "bonne cause". Nous ne sommes pas dans la situation de l’Allemagne il y a encore quelques mois où, en raison de son passé ancien et plus récent avec ce qui a pu se passer en RDA, demeurait une méfiance tout à fait répandue vis-à-vis de l’intrusion de l’Etat et des organes de sécurité dans la vie privée des individus. En France, on a basculé très vite dans le renforcement des contrôles et des moyens, et plus largement dans une nouvelle ère.

Néanmoins, ce basculement ne s’est pas manifesté avec la même intensité sur tous les paramètres. Ainsi, quand on regarde le rapport des Français à l’islam, qui était déjà mauvais avant Charlie Hebdo, on constate notamment, chez ceux chez qui la perception était déjà mauvaise, un renforcement de cette perception négative, en dépit d’une relative stabilité au global du regard porté sur l’islam. Cette relative stabilité a été confortée par les chiffres de la Licra qui montrent que, s’il y a une hausse des actes antimusulmans au lendemain de Charlie Hebdo, mais également en novembre 2015 après l’attaque du Bataclan et au cours de l’été 2016 après Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray, le pic de ces actes a toujours été moins élevé que le pic précédent. Les opinions sont donc restées relativement stables sur le sujet, sans que cela ne soit accompagné d’une radicalisation et d’un passage à l’acte d’une minorité qui aurait pu vouloir en découdre ou rendre justice eux-mêmes ; au contraire, le nombre d’actes antimusulmans n’a cessé de baisser à la suite des trois attaques terroristes que notre pays a subies

Si la société a su se montrer résiliente, solide en dépit des chocs vécus, il y a tout de même une contrepartie à cela, concrétisée par la montée en flèche de la demande de sécurité,ainsi que l’adhésion de plus en plus forte à un renforcement de tout l’arsenal. On retrouve donc, de manière tout à fait symptomatique, l’illustration de la fameuse formule de Max Weber qui définit l’Etat comme l’entité ayant le monopole de la violence physique  légitime. Tous, collectivement, nous sommes confrontés à un niveau de menace auquel nous n’avons pas été confrontés depuis plusieurs décennies. Se faire justice soit même, dans ces conditions, n’aurait pas vraiment de sens, hormis jeter de l’huile sur le feu ; néanmoins, si la société est restée unie, c’est parce que le pouvoir politique a donné des gages de sa fermeté, donnant le sentiment ou renforçant considérablement notre arsenal. Je pense que c’est un peu cela qu’avait en tête François Hollande lorsqu’il se justifiait, a posteriori, sur le débat à propos de la déchéance de nationalité. Toutefois, on peut se demander si c’était vraiment cette mesure là qu’il fallait pour répondre au choc.

Ce basculement dans une nouvelle ère a eu des effets très concrets, comme l’armement des polices municipales un peu partout en France, l’alignement des conditions de la légitime défense des policiers sur celles des gendarmes, le maintien de l’état d’urgence, les perquisitions administratives, le renforcement des moyens d’écoute, etc. A cause de la situation inédite, ces mesures ont été adoptées rapidement, alors que certaines d’entre elles étaient réclamées depuis des années par les professionnels de la sécurité. Pour ceux qui sont les défenseurs acharnés de la liberté individuelle, c’est le prix à payer pour empêcher certaines composantes de la société française de basculer dans les prémisses de ce qui pourrait prendre l’allure d'une guerre civile ou de troubles intercommunautaires. 

Sondage 1 : L'adhésion à l'accueil des migrants en France

Cliquez ici pour voir le sondage en intégralité : "62% des Français sont opposés à l'accueil des réfugiés sur le territoire français, un plus haut depuis le pic de la crise des migrants de l’été 2015"

Sondage 2 : Les Français et le terrorisme

Cliquez ici pour voir le sondage en intégralité : "Le sondage qui montre comment la France est devenue un tout autre pays avec le tragique mois de juillet 2016 "

Sondage 3 : Le rapport des Français à l'islam

Cliquez ici pour voir le sondage en intégralité : "Attentat de Nice : une cocotte minute nommée France ? Terrorisme, risques de représailles incontrôlées et escalade généralisée de la violence, le sondage qui fait peur"

Sondage 4: Les Français et l'Etat de droit

Cliquez ici pour voir le sondage en intégralité : "+5 points en 3 mois : 75% des Français pensent désormais que notre société serait contrainte de remettre en question ses valeurs de tolérance, d’ouverture ou de respect de la vie privée en cas de nouvel attentat majeur" 

Sondage 5 : L'attirance des Français pour un gouvernement technocratique

Cliquez ici pour voir le sondage en intégralité : "Fatigués de la démocratie !? Le sondage choc sur l’attirance des Français pour un gouvernement technocratique non élu ou autoritaire"

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