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2017, l’année de tous les dangers pour la France : sauf à relever ces trois défis… mais qui pourra le faire ?
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L’édito de Jean-Marc Sylvestre

L'année 2017 se présente mal parce que la France n'est pas solide. Sauf à considérer que les risques sont autant d'opportunités.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Demain est un autre jour et l'autre jour est sombre. La France n'a, en cinq ans, pas réussi à surmonter la plupart de ses difficultés. L'année 2017 est l'année où le pays va tourner la page et se doter d'une nouvelle gouvernance.

L'époque est marquée par le pessimisme, le déclinasse, le défaitisme presque. D'où la confusion politique, à droite comme à gauche. D'où la perte de repères idéologiques. Certains fuient, d'autres se replient et s'enferment dans leurs petites certitudes.

Tout va dépendre de la capacité des gouvernants à conjurer les risques qui nous privent d'oxygène et d'espoir.

Il va falloir beaucoup de courage pour forcer le destin et relever les défis qui s'imposent a nous. Qu'on le veuille ou non, il y a des contraintes auxquelles on n'échappe pas. On réussit à les gérer ou alors elles nous submergent et il est trop tard pour réagir. Il faut payer la facture.

Les chinois considèrent que toutes les crises, tous les défis sont porteurs de danger, mais ils sont aussi porteurs d'opportunités.

Les hommes politiques, les décideurs et finalement tous les acteurs de la société ont, chacun à leur place, trois séries de défis à relever.

1° Le défi du populisme. La crise économique mondiale a déstructuré les sociétés démocratiques, elle a alimenté des offres de gouvernances fondées sur le nationalisme, le protectionnisme, le repliement et le sentiment que les élites ont été incapables d'apporter des remèdes aux difficultés. Ce qui n'est pas faux. Cela dit les promesses faites sont souvent chimériques, et les offres alternatives sont rarement réalisables. Elles ouvrent les portes d'accès au pouvoir, elles ne permettent pas l'exercice de ce pouvoir. On ne pourra pas sortir de l'euro, on ne pourra pas vivre en autarcie avec des frontières fermées, sauf à créer des conditions de vie qui seraient rapidement insupportables. En 2016, le vote d'un Brexit en GB, l'élection de Donald Trump aux USA, ou l'éviction de Matteo Renzi en Italie sont des manifestations de ce populisme rampant partout dans le monde occidental. Mais ces évènements montrent aussi le besoin d'expression et d'interpellation du peuple. Les dirigeants politiques vont devoir revenir dans le champ du possible et de la responsabilité. C'est sans doute ce que Theresa May ou Donald Trump vont faire. Ils peuvent saisir cette opportunité de réagir.

Ce qui est intéressant, c'est que tous ces mouvements manifestent une formidable demande de liberté, liberté d'expression, liberté d'entreprendre, d'inventer, de créer, de s'enrichir aussi. Mais paradoxalement ces mouvements expriment aussi un besoin de protection contre tous les dangers de la société. Il faut donc répondre à cette double demande qui peut être contradictoire. Mais les hommes politiques peuvent avoir du talent. Il y en a quelques-uns à droite comme à gauche.

2° Le défi digital. L'invention de l'Internet a provoqué une révolution aussi importante que la découverte de l'électricité dans l'organisation de la vie en société. Tout est en voie de bouleversement. L'Internet, les réseaux sociaux, les applications collaboratives, l'ubérisation et déjà la robotisation remettent en cause tous les modèles économiques (production, distribution, commerce, finance), mais transforment aussi les organisations sociales, les rapports entre les hommes, les entreprises et les administrations. Cette révolution technologique est très déstabilisante parce qu'elle accélère l'obsolescence de ce qui existe depuis un demi-siècle. Nous sommes au cœur du processus décrit par Schumpeter de la "destruction créatrice" donc ça fait peur. Sauf si on sait en profiter pour créer de la croissance et du progrès. Sauf si on sait gérer la période transitoire. Mais on sait mal le faire, surtout en France.

Or, on n'a sans doute pas le choix. Et c'est tant mieux.

3° Le défi d'installer un Etat libéral. Tous les responsables politiques y pensent, mais c'est évidemment le défi le plus compliqué à relever. Un Etat libéral c'est un Etat qui devrait d'un côté laisser le maximum de liberté et d'initiatives à ses acteurs intérieurs, tout en renforçant ses fonctions régaliennes de défense, de justice et de régulation. Mais là où la mutation est compliquée sur le continent européen c'est que les Etats ont aussi l'obligation de renforcer leurs solidarités. La construction européenne est sans doute le plus beau projet de l'après guerre, l'euro et la libre circulation sont incontestablement des succès. Mais au bout d'un demi siècle de mutation, il faut reconnaître que la gestion de cette Europe dans un espace mondialisé est un échec. Les risques peuvent venir de partout, y compris de l'intérieur. L'année 2016 a été terrible. Il faudra passer à autre chose en terme d'organisation, plus de fédéralisme mais plus d'identité. Politiquement c'est un peu la quadrature du cercle. Du coup, la tentation de la dislocation est grande. La majorité des candidats à la présidence de la république sont étrangement discrets sur le dossier européen. A droite, François Fillon s'en inquiète mais il est presque le seul. A gauche, Emmanuel Macron s'en préoccupe, mais est-il encore à gauche ?

Compte tenu des enjeux, cette discrétion est tout aussi honteuse que dangereuse.

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