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Coup de déprime d’après-Noël: souffrez-vous du syndrome de jet-lag familial ?
©Flickr/Bart Fields

Festivement stressé

Les fêtes de Noël en famille sont souvent une source de stress intarissable, cela peut même avoir des conséquences sur notre santé. Ces injonctions au bonheur familial obligatoire peuvent nous fatiguer plus que de raison : c'est le jet lag familial.

Christophe Bagot

Christophe Bagot

Christophe Bagot est médecin psychiatre et psychothérapeute. Il exerce à Paris.

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Atlantico : Plusieurs psychologues mettent en garde contre ce qui peut être appelé le "jet-lag familial", soit une intense fatigue survenant après les fêtes de fin d'année passées en famille, à cause du stress notamment que ces dernières suscitent. Quels sont les facteurs propres à cette période du calendrier qui génèrent la fatigue et le stress à l'origine de ce syndrome post-Noël ? A quel point l'envie de perfection liée à ces fêtes est-elle néfaste ?

Christophe Bagot : Les fêtes de Noël sont devenues un stress à la hauteur des injonctions fixées par le consumérisme. Ainsi chacun va peu ou prou essayer de remplir la tâche qui lui est prescrite : faire la fête et être heureux en famille, autour d’une table, en s’échangeant des cadeaux, dans un décorum particulier. L’aspect religieux est rarement stressant, les églises prêchent la simplicité : mais elles sont peu écoutées, même par leurs fidèles. Le stress de Noël débute juste après la Toussaint : début novembre commencent les préoccupations d’organisation qui reflètent les obligations familiales. Noël est une fête de famille et il ne faut laisser personne seule ! Or, dans une société de plus en plus individualiste, les relations peuvent être tendues. Se réunir devient un exercice inhabituel et non parfois sans raison… Il n’est  pas aisé d’organiser un événement qui convienne à tout le monde, tout peut être l’occasion de discussions sinon de conflits : horaires, type de nourriture, cadeaux, personnes invitées. Passer un long moment à table peut être inconfortable pour des beaux-frères sans affinités, quand chez d’autres cela devient un calvaire de se sentir "emprisonnés" : chez certaines personnes qui souffrent de troubles anxieux mais aussi chez des "pièces rapportées" dont la culture n’impose pas ces longs repas (une belle sœur américaine par exemple). L’obligation d’ingurgiter une grosse quantité de nourriture est un cauchemar chez les participants obsédés par leur taille de vêtement comme par leur performance au prochain marathon… Si l’alcool peut apaiser les conflits, il peut aussi les enflammer… Les cadeaux feront plaisir ou non, ils révèlent si on connaît bien ou mal le destinataire : autant de tests… Sans noircir le tableau, beaucoup de maîtresses et de maîtres de maisons auront des raisons d’être soulagés, le sentiment du devoir accompli, le lendemain du réveillon : sous réserve, bien sûr, de la perspective d’un parcours du combattant pour visiter les oncles, tantes et autres proches "obligatoires" le jour suivant. Noël fonctionne pour beaucoup en "mode projet" selon une "check-list" pour éviter les erreurs diplomatiques pouvant ternir les relations familiales le reste de l’année. Pensons aussi aux "personnes isolées" qui se sentiront d’autant plus isolées de n’être visitées que le jour de Noël !

Quel impact sur notre santé peuvent avoir ce stress et cette fatigue accumulées au cours des célébrations de Noël passées en famille ?

Je ne crois pas que Noël puisse poser de véritables problèmes de santé. Bien sûr, on mange plus et on boit plus. On se rencontre et on fait la fête. De tous temps l’humanité a connu de telles traditions comme les très célèbres bacchanales antiques et Noël ce ne sont pas des bacchanales ! Il faut, à mon avis, arrêter de poser cette question de l’impact sur la santé à tout bout de champ : souhaite-t-on une société puritaine où tout soit réfléchi en fonction de l’impact sur la santé ? Un jour nous fera-t-on le coup de chiffrer du coût de Noël infligé aux assurances de santé ?!  Cela ne marchera pas et au contraire les débordements n’en seront que plus grands et plus imprévisibles ! Pourquoi culpabiliser les gens à tout bout de champs? Le désir de fête est trop grand, comme la nécessité saine de laisser de côté le raisonnable à certains moments ! On mange plus, on dépense plus : c’est la fête et c’est la vie !

Quelles sont les solutions à mettre en place pour éviter de souffrir de ce "jet-lag familial" ? 

Pour minimiser le stress de Noël, il faut s’approprier cette fête, minimiser les injonctions qui ne nous concernent pas, particulièrement en provenance du consumérisme. Difficile d’y réchapper, on sait que l’image actuelle du Père Noël a été créée par une marque célèbre de soda ! Pour s’approprier cette fête, il faudrait avant tout répondre à cette question : pourquoi se réunit-on ? Ok, c’est Noël, mais qu’est-ce que c’est pour moi et mes proches, cette fête de Noël ? Qu’est-ce que j’ai envie de fêter et sous quelle forme ? Alors tout deviendrait plus clair et le stress inutile sera évité !

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