Face à l'afflux touristique, Cuba peine à nourrir sa population<!-- --> | Atlantico.fr
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Sur la première moitié de l'année 2016, ils étaient quelque 2 millions à s'être déplacés sur cette île encore figée dans le temps, soient 11,7% de plus qu'en 2015 sur la même période.
Sur la première moitié de l'année 2016, ils étaient quelque 2 millions à s'être déplacés sur cette île encore figée dans le temps, soient 11,7% de plus qu'en 2015 sur la même période.
©CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Trop de gens à la table

Alors que Cuba s'ouvre peu à peu au monde, les touristes venus visiter l'île des Caraïbes se font de plus en plus nombreux. Trop nombreux peut-être, puisque les Cubains en sont réduits à manger du riz et des patates.

Cuba s'ouvre au monde, et c'est une bonne chose. On pourrait d'ailleurs penser que la manne financière que représente l'afflux touristique extérieur pourrait donner un bon coup de pouce à l'économie caribéenne. Mais pour le moment, tout cela met bien Cuba et ses habitants bien en difficulté. Pour cause, l'île n'est pas habituée à devoir nourrir autant de monde, rapporte The New York Times.

Cuba est devenue la nouvelle destination touristique à la mode. Sur la première moitié de l'année 2016, ils étaient quelque 2 millions à s'être déplacés sur cette île encore figée dans le temps, soient 11,7% de plus qu'en 2015 sur la même période. Si l'on y croise déjà un grand nombre de touristes canadiens, les Américains ne devraient pas tarder à faire leur arrivée sur l'île, alors que la réglementation sur les voyages à destination de Cuba s'est assouplie (augmentation de 76,5% sur l'année 2015), indique le site Quartz.

Pénurie de ressources

Mais quel est le problème ? Eh bien, disons que les Cubains ne font pas le poids face aux touristes, financièrement parlant. Il faut dire que la monnaie déboursée par les étrangers est plus sonnante et trébuchante (comprenez plus forte) que celle des habitants. Les entreprises de tourisme se jettent sur les produits frais et rares pour les faire goûter aux vacanciers étrangers, quitte à payer plus cher : ils sauront que l'opération sera rentable. Le grossiste Ruben Martinez, interrogé par le New York Times, peut témoigner : "La quasi-totalité de nos clients sont des paladares (des entreprises privées, ndlr). Seules ces entreprises peuvent se permettre de payer davantage pour des produits de qualité".

Car les prix ont augmenté. Inévitablement, cette disproportion entre l'offre et la demande a donné lieu à une forte inflation qui a poussé les Cubains à se rabattre sur les produits les plus basiques. Exit les tomates, les oignons et les poivrons, et bonjour les féculents tels que le riz, les haricots et les patates douces. "L'industrie privée du tourisme entre en compétition directe avec l'approvisionnement de la population en nourriture", explique Richard Feinberg de l'Université de Californie de San Diego au New York Times. Résulat : "Nous ne devons plus nourrir 11 millions, mais 14 millions de personnes dorénavant", constate l'économiste cubain Alejandro Triana.

Droit dans le mur ?

Alors que faire pour faire pour à la fois continuer à accueillir les touristes et leurs billets tout en contentant la population locale ? Un recours massif à l'import semble inévitable. Une grande partie des terres cultivables sont déjà dédiées aux cultures du tabac et du sucre qui comptent pour un tiers des exportations, et le gouvernement se montre encore assez contraignant envers les entreprises privées qui voudraient monter une exploitation agricole sur le sol cubain. En parallèle, de nombreux "restaurants à touristes" ont fleuri dans le pays suite aux réformes libérales de 2011 menées par le gouvernement. On compte aujourd'hui plus de 1 600 restaurants, contre une centaine avant les réformes.

En tout cas, les vagues de touristes qui déferlent sur Cuba s'abattent avec plus ou moins de douceur. Rafraichissantes, mais quelque peu violentes pour une économie encore fragile.  Gaviota, l'entreprise de tourisme possédée par l'État, compte construire encore 50 000 chambres d'hôtel d'ici 2020 en plus des 70 000 déjà existantes. Un appât du gain auquel la société Airbnb a également succombé : plus de 4 000 locations à Cuba sont proposées sur le site. 

Reste à savoir si les Cubains censés les accueillir ne seront pas morts de faim entre temps.

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