Le Sahel, symbole de cette Afrique qui attend un nouveau "deal" avec la France<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Le Sahel, symbole de cette Afrique 
qui attend un nouveau "deal" 
avec la France
©

Vieux démons

La coopération entre notre pays et l'Afrique francophone nécessiterait-elle un second souffle ?

Jean-Paul Bachy

Jean-Paul Bachy

Jean-Paul Bachy est le Président socialiste de la région Champagne Ardennes et Vice-Président de l’Association Internationale des Régions Francophones.

Au sein du PS, il travaille tout particulièrement sur les questions liées à la francophonie.

Voir la bio »

Des grandes heures de la décolonisation au malaise actuel, le fossé s’est peu à peu creusé entre la France et l’Afrique. Côte d’Ivoire, Sénégal, aujourd’hui Mali, le cœur de l’Afrique francophone se porte mal. Les causes de fractures sont multiples : guerres de succession, dérives autocratiques, corruption, conséquences indirectes de la crise en Lybie… Les solutions ne peuvent être les mêmes. Mais le mal est profond, et les errances de la diplomatie sarkozyste portent atteinte lourdement à la confiance que les Africains peuvent avoir en la France.

Ce n’est pas d’hier que les tribus touaregs du Nord Mali revendiquent leur autonomie. Mais a-t-on mesuré l’impact sur cette région des suites de la guerre en Lybie ? Khadafi est mort. Mais beaucoup de ses partisans ont quitté le pays. Armes, trafics en tous genres, exode de population… Le Sahel est devenu une zone de non droit et un champ de manœuvres en tous genres dont l’objet est de déstabiliser les pays voisins (Mali, Niger, Burkina), dont les richesses et les territoires deviennent autant d’enjeux. La visite récente courtoise, mais bien timide, de Monsieur de Raincourt à Bamako n’a servi à rien.

La France a pourtant toutes les cartes en mains, pour proposer à l’Afrique, un nouveau « deal ». Elle y répond par l’indifférence ou pire, par le mépris. Le 26 juillet 2007, au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy s’exprimait ainsi :

« le drame de l’Afrique est que l’homme africain n’est jamais entré dans l’histoire. Jamais il ne s’élance vers l’avenir. Le problème de l’Afrique est qu’elle vit uniquement le présent dans la nostalgie du paradis perdu de son enfance… »

Maladresse ou provocation ? Le moins que l’on puisse dire est qu’il est difficile, quand on est africain, de ne pas se sentir bafoué par de tels propos. Tendre la main à l’Afrique et repartir avec elle sur de nouvelles bases est moins une question de budget que de méthode : chasser les vieux démons du clientélisme et de l’assistanat pour proposer une coopération équilibrée où chacun puisse gagner. C’est la priorité, et il y a urgence. Les pays d’Afrique attendent d’abord de la France qu’elle soit actrice de leur développement.

Les marchés sont énormes. Deux exemples : 80 % du territoire africain n’a pas d’électricité. Les routes goudronnées sur tout le continent représentent moins de km que celles de la seule Pologne. En Afrique comme ailleurs, la stabilisation de la démocratie et la paix civile passent par la croissance économique. Les restrictions de visas imposées par la circulaire Guéant aux étudiants africains les poussent à faire leurs études au Canada et aux Etats-Unis. La France ferait mieux de mobiliser ses entreprises en direction des secteurs où les besoins des pays africains sont les plus cuisants : les infrastructures, l’eau, l’énergie, l’agriculture…

Fédérer PME et grands groupes, mobiliser les capacités d’expertise, développer les outils de formation professionnelle et de télé-enseignement sont les meilleurs moyens pour que les enjeux d’exportation comme d’investissement soient gagnés par la France plutôt que par les concurrents (Chine, USA…) et qu’enfin renaisse la confiance entre notre pays et l’Afrique.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !