Sur l’échelle social-démocratie, social-libéralisme, libéralisme, où se situe le programme économique d’Alain Juppé ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour ce qui est du droit du travail, on observe une grande ressemblance entre les deux, qui préconisent tous deux un passage aux 39 heures. Fillon insiste peut-être plus sur les accords d'entreprises, quand Juppé raisonne davantage sur une vision globale.
Pour ce qui est du droit du travail, on observe une grande ressemblance entre les deux, qui préconisent tous deux un passage aux 39 heures. Fillon insiste peut-être plus sur les accords d'entreprises, quand Juppé raisonne davantage sur une vision globale.
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Alors que François Fillon et Alain Juppé s'affronteront ce dimanche dans le cadre du second tour de la primaire de la droite et du centre, petite comparaison des programmes économiques des deux candidats avec la vision de François Hollande, actuel locataire de l'Elysée.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Alors qu'Alain Juppé, François Fillon mais également François Hollande (via le CICE, le pacte de compétitivité, etc.) semblent s'accorder sur la nécessité d'une politique de l'offre pour relancer l'économie française, quels sont les points sur lesquels les différences sont les plus marquées entre les visions économiques des trois hommes ?

Philippe Crevel : En ce qui concerne François Hollande, je dirais que nous sommes sur une conversion très fragile à l'économie de l'offre depuis 2013, qui reste encore à confirmer d'autant plus qu'il n'est pas suivi par sa majorité sur bien des points. D'autre part, on constate en réalité un mécanisme pointilliste (CICE, mesures étalées dans le temps et parfois remises en cause avant même d'être entrées en vigueur, etc.). Tout cela donne donc une copie assez brouillonne, qui ne permet pas de créer un vrai choc en faveur de l'économie de l'offre.

Alain Juppé, de son côté, prend le parti d'une économie un peu plus libérée, mais nous sommes encore sur un mouvement progressif. Il est relativement prudent, que ce soit sur le coût du travail et les charges sociales ou sur la fiscalité. C'est un programme d'offre, mais émis par quelqu'un qui vient des grands corps de l'État. On a donc le sentiment qu'il y a une certaine proximité intellectuelle avec François Hollande.

François Fillon propose, lui, un programme qui n'est pas ultralibéral, contrairement à ce que certains veulent l'affirmer depuis quelques jours. Il n'a pas un passé ultralibéral et était plutôt de la mouvance séguiniste-gaulliste de gauche il y a encore quelques années... En revanche, il est vrai que depuis 2012, il a plutôt axé son programme sur une réduction des charges sociales pour tout le monde, et non pas uniquement ciblée sur les bas salaires (et on sait que ce ciblage sur les bas salaires est aujourd'hui une chape de plomb assez anti-économique). Deuxièmement, il met énormément l'accent sur la formation professionnelle et le développement du travail indépendant, ce que fait moins Alain Juppé.

Pour ce qui est du droit du travail, on observe une grande ressemblance entre les deux, qui préconisent tous deux un passage aux 39 heures. François Fillon insiste peut-être plus sur les accords d'entreprises, quand Alain Juppé raisonne davantage sur une vision globale.

De votre point de vue, qui de François Fillon ou d'Alain Juppé est susceptible de mettre en œuvre la plus grande rupture avec le quinquennat de François Hollande d'un strict point de vue économique ?

Quand on regarde les engagements pris lors de cette campagne, François Fillon a évidemment les convictions les plus franches et les plus en rupture avec ce qu'il s'est passé ces cinq dernières années. Sans parler de choc libéral, il ambitionne un choc d'offre favorables aux entreprises mais aussi aux salariés à travers les allègements de charges qui profiteraient à tout le monde. Il veut également simplifier le code du Travail en réformant le RSI : là-dessus, il a une vision plus entrepreneuriale qu'Alain Juppé, même si ce dernier parle aussi de simplification du travail ou d'allègement de charges sociales (mais plutôt à hauteur de 1,8 fois le SMIC, ce qui reste dans le prolongement de ce qui a été fait en la matière depuis 1993).

Selon vous, de quel programme économique les Français ont-ils le plus besoin, entre ce que préconisent François Hollande, Alain Juppé et François Fillon ?

Il n'y a pas eu d'orientation économique extrêmement claire ces cinq dernières années. Nous avons eu un choc fiscal suivi d'une pseudo-politique de l'offre.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été marqué par une crise sans précédent, l'empêchant de développer à l'époque une politique économique cohérente (ce qui était valable pour tous les dirigeants européens).

Auparavant, nous avions connu une longue période pseudo-keynésienne en France. Il faut certainement remonter jusqu'à Raymond Barre et peut-être en 1986-1988 pour se souvenir d'une véritable politique libérale en France.

Je pense donc qu'il est justement temps aujourd'hui de remettre les compteurs si ce n'est à zéro, du moins de rééquilibrer les politiques économiques française. À ce niveau-là, François Fillon apparaît comme celui qui veut vraiment réorienter l'économie française vers l'offre, et ce dans un souci de développer les emplois de manière cohérente avec ce qu'il se passe chez nos partenaires.

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