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Le prochain pétrole se trouve au fond de nos toilettes
©Photo DR

Or marron

Des scientifiques ont fait breveter un procédé qui permet de transformer nos déjections en une huile similaire au pétrole qui une fois raffinée pourrait être utilisée comme source d'énergie.

Et si le prochain or noir… était en fait marron ? C'est ce que peuvent affirmer ces scientifiques du département américain du Department of Energy’s Pacific Northwest National Laboratory (PNNL), qui ont fait breveter un procédé permettant d'extraire de nos selles un liquide aux propriétés similaires à celles du pétrole, rapporte le Britannique The Daily Mail.

Imiter les conditions géologiques de la Terre

Et la technique n'est pas si compliquée : cette bouillie récoltée à partir des eaux usées de nos toilettes est simplement chauffée à plus de 340 degrés dans une cuve sous haute pression (plus de 200 bars). C'est ce qu'on appelle la liquéfaction hydrothermale. L'objectif : "imiter les conditions géologique que la Terre utilise pour créer le pétrole brut grâce à une forte pression et températures, afin de réaliser en quelques minutes ce que Mère Nature accomplit en plusieurs millions d'années", expliquent les scientifiques dans un article accompagnant l'étude, publiée sur le site du PNNL. Une fois raffinée, cette huile pyrolytique pourrait être utilisée de la même manière que le pétrole, dans les moteurs à combustion interne de nos voitures, comme l'imaginaient des chercheurs de l'Université de Californie à Los Angeles (États-Unis) en mars 2016

De quoi remplacer le pétrole ? Non, quand même pas. Toutefois, ce procédé, si son exploitation se généralise, pourrait s'avérer fructueux. En effet, et comme le signale le site Gizmodo, une personne comme vous et moi déféquons chaque année une cinquantaine de kilos de matière organique, convertibles en 8 à 11 litres de ce pétrole d'un nouveau genre. Chaque jour dans le monde, ce sont presque 130 milliards de litres de matières fécales et d'urine qui, mêlées au papier toilette et à l'eau, filent dans nos canalisations.

Le caca, notre avenir ?

Ce n'est pas la première fois que les scientifiques tentent de trouver une seconde vie à nos selles. Comme l'indique le site The Verge, des chercheurs de l'Université américaine de Stanford (Californie) avaient déjà réalisé une batterie alimentée par les bactéries présentes dans la matière fécale en 2013, pendant que nombre de leurs confrères de la communauté scientifique tentaient de convertir les déjections en méthane, ce précieux gaz inexploité. De même, il est possible de créer du gaz avec bien d'autres matières. En 2013, rappelle Gizmodo, des ingénieurs coréens avaient réussi à se faire développer une colonie de bactéries (E. coli, que l'on retrouve dans le microbiote intestinal des mammifères) productrices d'une sorte de pétrole. Toutefois, ces procédés scientifiques n'ont pas suffisamment retenu l'attention pour véritablement décoller.

Toutefois, cette initiative pourrait cette fois être la bonne. La technique, achetée par la société d'énergies renouvelables Genifuel Corporation, est davantage prometteuse car l'huile récoltée à partir des déjections est plus riche que celles produites auparavant – 60% du carbone contenu dans nos selles se retrouvent dans le liquide extrait. De plus, le processus génère une petite quantité de phosphore, un matériau notamment utilisé pour fertiliser les sols. Aussi, ce procédé une fois généralisé permettrait d'économiser de significatives sommes d'argent investies dans le traitement de ces eaux usées et dans leur transport. Enfin, ce processus de liquéfaction thermale pourrait être utilisé dans la formulation de nouveaux composés chimiques. "Le meilleur dans tout cela est que c'est une technique très simple", confie au Daily Mailla directrice des technologies bioénergétiques au PNNL, Corinne Drennan. Tous ces efforts pourraient être concrétisés : un partenariat a été passé avec le district régional du Grand Vancouver (Canada), MetroVancouver afin de tester cette technologie à plus grande échelle.

Jamais aller faire la grosse commission n'aura paru aussi utile et plein de sens.

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