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Google, l’entreprise la plus puissante du monde continue de croître au rythme de 20% par an… et invente un système de gouvernance mondiale
©Reuters

Atlantico Business

Le géant américain est devenu un bulldozer qui peut tout se permettre, y compris inventer un système de démocratie mondiale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les derniers résultats trimestriels de Google sont époustouflants. Le chiffre d'affaires a encore progressé de 20% en rythme annuel au 3ème trimestre. C'est du jamais vu dans l'histoire économique mondiale. 

En général une entreprise commence par grossir très vite. Et puis, au fur et à mesure qu'elle s'installe sur son marché, elle ralentit sa croissance. Quand l'animal devient très gros il bouge plus difficilement. 

Google c'est l'inverse. Plus Google grossit dans le monde, plus il accélère son évolution. 

Google qui atteint les 70 milliards de CA n'est pas la plus grosse entreprise du monde. Walmart (Etats-Unis), State Grid (Chine), China Petroleum (Chine), Exxon (Etats-Unis), ou même Apple (Etats-Unis) ont des chiffres de ventes supérieurs à 200 milliards de dollars. 

Google n'est pas la plus grosse entreprise du monde, mais c'est incontestablement la plus puissante de la planète. 

Pour deux raisons qui résument toute sa puissance :

  • 1. Google est l'entreprise la plus chère. La capitalisation boursière atteint les 600 milliards de dollars, juste devant Apple (en légère perte de vitesse, devant Microsoft, Facebook, Amazon. Une telle valeur l'autorise à acheter la terre entière. 

  • 2. Google est l'entreprise qui dégage la marge de profit la plus importante, (environ de 35% du chiffre d'affaires soit 25 milliards de dollars), ce qui lui permet de financer des investissements de développement et de recherche colossaux sans avoir à demander des financements extérieurs. Son moteur est donc en permanence alimenté en énergie d'où un taux de croissance récurrent à plus de 20%. 

Ce qui est extraordinaire c'est que sur les dix entreprises mondiales, les plus chères, donc les plus riches et puissantes, appartiennent à l'économie digitale : Alphabet, le holding de tête de Google, Apple, Microsoft, Facebook, Amazon. Et hormis Microsoft, toutes sont nées avec la révolution technologique de l'Internet, il y a moins de 20 ans. 

Ce qui est extraordinaire aussi, c'est que ces entreprises ont inventé des modèles de croissance autoalimentés et perpétuels. Rien ne paraît freiner leur développement à la fois dans les types d'activité (le digital pénètre et influence toutes les activités et les force à s'adapter) et les zones géographiques. 

Ce qui est extraordinaire c'est que ces entreprises passent quasi-librement les frontières, défient les lois locales et obligent les Etats à s'adapter. La plupart de ces entreprises sont plus puissantes que la plupart des Etats politiques, elles sont plus riches, plus réactives et plus faciles à gouverner. 

Ce qui est extraordinaire, enfin, c'est que ces entreprises nées de la révolution digitale sont en train d'inventer un modèle d'organisation et de gouvernance mondiale en marge des institutions démocratiques existantes. 

Le plus inquiétants dans cette affaire, ça n'est pas la nature du modèle que les grands du digital sont en train de construire. C'est le fait que les institutions politiques existantes n'ont pas d'autre alternative que de résister, de se protéger, donc de freiner ce qui est quand même perçu par le plus grand nombre comme un progrès. 

Les responsables politiques se mettent systématiquement hors jeu en se repliant sur des promesses protectionnistes, voire populistes, sous le prétexte que l'opinion n'adhère pas à la modernisation. La campagne présidentielle aux Etats-Unis a été dramatique. La campagne présidentielle française sera-t-elle plus courageuse et responsable ? Personne ne le sait, mais pour l'heure ce qui se passe à droite comme à gauche augure mal de ce qui sortira des urnes.

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