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Mario Draghi a-t-il réussi à sauver l'euro avec ses 100 premiers jours à la tête de la BCE ?
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Super Mario ?

Avec une action plus interventionniste que son prédécesseur et tout en respectant sur la forme les règles européennes, Mario Draghi a ouvert les vannes des liquidités dans la zone euro et desserré la crise bancaire qui couvait.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Mario Draghi, dans son allocution du 9 février, estimait qu’il était encore trop tôt pour juger de son mandat, débuté il y a maintenant 100 jours. Cependant, au regard des décisions prises et de sa réactivité, et ce, malgré le caractère ultra conservateur de l’institution,  il faut reconnaître que la Banque centrale européenne, n’est plus tout à fait la même.

Dans un contexte de crise économique, dont le principal symptôme a été une crise de liquidité, le nouveau président est ainsi parvenu, en quatre conférences de presse, à abaisser les taux directeurs à deux reprises, atténuant l’étreinte monétaire au cœur de l’Europe, et soulager le secteur bancaire d’une crise de liquidités majeure, grâce à la mise en place des LTRO (opérations de refinancement à long terme).

La BCE, en tant qu’institution, se définit aussi bien par son cadre (la stabilité des prix), que par les hommes qui la composent, et leur vision de leur mission. Jean-Claude Trichet brillait par sa rigueur, et son attachement à l’héritage de la Bundesbank. Mario Draghi, en peu de temps, a permis de mêler héritage et innovation, en revendiquant dans son discours les décisions de Jean Claude Trichet, tout en les désavouant dans les faits, suite au double abaissement de taux de novembre et décembre (répondant ainsi aux hausses de Monsieur Trichet au cours des mois d’avril et juillet 2011).

Les réponses aux questions des journalistes, exercice récréatif du banquier central, font apparaître l’homme de la continuité, le nouveau président y faisant régulièrement mention de son attachement à la philosophie de la Bundesbank, se référant sans cesse aux traités. Les décisions prises, elles, marquent une rupture. Cette rupture est une sensibilité plus importante aux chiffres de la croissance, indicateurs avancés de l’inflation.

Plan de soutien au secteur bancaire

Le 9 décembre 2011 a été l’occasion pour le nouveau président d’annoncer la mise en place du plan de soutien au secteur bancaire, les LTRO, et permis aux banques européennes de se refinancer. Cette décision, à la limite de l’interprétation des traités européens, a permis au secteur d’accéder à nouveau à un financement devenu extrêmement tendu sur le marché interbancaire. Une seconde opération, prévue le 29 février, aura lieu. Mario Draghi sera alors confronté à un choix important, continuer ces opérations, en risquant de perdre sa crédibilité en garant des règles des traités, ou décider d’arrêter ces opérations, par nature exceptionnelles, et risquer un retour immédiat de la crise de liquidité.

Dans un environnement exceptionnel, Mario Draghi est parvenu à marquer immédiatement son autorité, en contrant dès son arrivée les décisions prises par son prédécesseur. Il est également parvenu à innover au sein d’une institution par nature conservatrice. Le nouveau président est sans doute allé au bout de ce que lui permet le carcan des traités européens.

La Banque centrale européenne, sans volonté politique de modification de son objectif, de ses moyens, reste une autorité au service de l’austérité, enfermée dans le dogme de la stabilité des prix. Elle se prive ainsi de tirer les leçons de la crise, des apports académiques monétaires des quinze dernières années, et d’une incapacité à se réformer. La nécessité de prendre en compte le niveau de chômage, la croissance, au même titre que la stabilité des prix, la possibilité d’offrir au conseil des gouverneurs les moyens d’évoluer, est aujourd’hui une urgence.

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