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Va-t-on finir par perdre notre odorat ?
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Ça sent le pâté

La pollution va-t-elle finir par nous faire perdre notre odorat ? Il apparaît que les citadins ont un odorat moins développé que les personnes qui vivent à la campagne. De quoi inquiéter les scientifiques.

L'odorat est un sens souvent sous-estimé. Et pourtant, il a un rôle majeur dans la perception que l'on se fait de notre environnement. Il nous donne des informations sur l'état des choses : la délicate odeur du linge propre, l'appétissant parfum de la boulangerie, ou encore celui plus agressif d'un composé chimique dangereux. Qu'on se le dise, l'odorat nous fait sentir, mais également ressentir les choses. Mais ce don inné pourrait bien être mis en danger par la pollution des villes, rapporte le site Inverse.

Pollution olfactive

"La pollution réduit notre capacité à sentir. Plus l'environnement est urbain, plus l'odorat s'affaiblit". Kara Hoover, bioanthropologue à l'Université d'Alaska (États-Unis) interrogée par Inverse, est catégorique. Les personnes qui vivent en ville sont en train de perdre leur odorat. Il faut dire que partout dans le monde, l'urbanisation est croissante et les sources de pollutions bien plus concentrées. Qu'il s'agisse des gaz d'échappements des automobiles, des aérosols pulvérisés en quantité ou simplement des très nombreuses odeurs que l'on rencontre au cours d'une journée, notre odorat est constamment sollicité, plus ou moins agréablement. Et en ville, c'est souvent pour le moins que pour le mieux : égouts, poubelles, pollution automobile, industries…

Une pollution olfactive qui pourrait avoir des conséquences à terme sur notre odorat. Des chercheurs de l'Université de Mexico (Mexique) avaient déjà suggéré cette relation entre pollution et odorat dans un article (lien en espagnol) paru en 2012, lorsqu'ils avaient observé que les habitants de la capitale mexicaine avaient des capacités olfactives réduites. Un constat en accord avec les résultats obtenus par la scientifique américaine, qui a compilé ses recherches dans une étude, La géographie de l'odorat. Si l'influence de la pollution sur les capacités olfactives n'a pas encore été prouvée, la bioanthropologue ne voit pas vraiment d'où cela pourrait venir. Les populations rurales semblent en effet avoir un odorat plus développé que les citadins. "Les personnes qui s'inscrivent dans des trains de vie traditionnels (comprenez les populations rurales, ndlr) peuvent réellement détecter les odeurs. Ils peuvent magnifier leur sens de l'odorat et avoir une interaction plus diverse avec leur environnement", affirme-t-elle.

L'odorat des citadins est moins précis

En effet, les tests réalisés sont sans équivoque. Lorsque l'on demande à des citadins puis à des habitants plus ruraux de différencier deux odeurs très similaires (telles que le menthol et les graines de carvi), les premiers en sont pour la plupart incapables, contrairement à leurs homologues qui habitent à la campagne. "C'est une différence intéressante, estime Hoover. Cela suggère que nous notre odorat diffère selon l'endroit où l'on vit. Je me demande ainsi si nos interactions avec notre environnement peuvent améliorer ou détériorer ce sens. Cela a-t-il une influence sur notre mode de vie ou régime alimentaire ?" En tout cas, la spécialiste estime que notre rapport à l'odorat va compter de plus en plus, alors que le réchauffement climatique devrait renforcer les odeurs qui nous entourent – les odeurs sont véhiculées par des molécules qui se déplacent plus rapidement dans l'air chaud. Une déchetterie à ciel ouvert ne sentira pas autant, qu'elle soit exposée à un soleil de plomb ou à un froid mordant.

Alors non, nous n'allons pas perdre notre odorat du jour au lendemain. "Ce n'est pas un sens que l'on peut s'enlever comme cela", s'amuse Hoover. Simplement, sa sollicitation constante et accrue par le réchauffement climatique pourrait le détériorer, c’est-à-dire réduire son spectre de senteurs "captables". Nous sommes bombardés d'odeurs sans arrêt. Selon Hoover, l'odeur qui nous entoure pourrait bien devenir un indice du milieu social dans lequel on se trouve. "Plus vous êtes proches d'une mauvaise odeur, moins vos conditions de vie sont bonnes". Elle n'a pas tort. 

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