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Concernant le membre de la fratrie qui s'estime floué par un "héritage informel", il est conseillé de communiquer son mécontentement, mais pas n'importe comment.
Concernant le membre de la fratrie qui s'estime floué par un "héritage informel", il est conseillé de communiquer son mécontentement, mais pas n'importe comment.
©Pixabay

Allô maman bobo

Selon une enquête réalisée par TNS Sofres pour la Clarac, mutuelle spécialisée en épargne, plus de trois quarts des Français ont déjà aidé financièrement un membre de leur famille, ce qui, comme toutes les questions liées à l'héritage, ne manque pas de générer de fortes tensions entre les différents membres des fratries.

Christine  Ulivucci

Christine Ulivucci

Christine Ulivucci exerce la psychothérapie analytique et transgénérationnelle à Paris. Elle est l'auteure de "Psychogénéalogie des lieux de vie, ces lieux qui nous habitent", et de "Ces photos qui nous parlent, une relecture de la mémoire familiale", Payot.

Dans le cadre de l’Atelier de Recherche sur le Transgénérationnel, elle anime des stages et une formation en psychanalyse transgénérationnelle. Elle réalise également des chroniques sur les photos de famille dans l'émission "Le Divan de Marc-Olivier Fogiel".

Sites web : www.christineulivucci.net / www.transgenerationnel.com

Emissions : Reportage France 2 sur la psychanalyse transgénérationnelle tourné au cabinet de Christine Ulivucci / Psychogénéalogie des lieux de vie, CanalObs / Chronique Divan France 3 / Ce que nous racontent les photos de famille, France Culture.

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Atlantico : Selon une enquête réalisée par TNS Sofres pour la Clarac, mutuelle spécialisée en épargne (voir ici), de leur propre chef, 34% des Français auraient déjà donné de l'argent à un membre de leur famille pour pallier une difficulté financière passagère et 30% pour répondre à un besoin précis. Cet "héritage informel" se transmettant principalement des grands-parents aux petits-enfants ou des parents aux enfants, quelles sont selon vous les règles à suivre pour aider les membres d'une même fratrie sans que cela ne suscite de jalousies et autres drames familiaux ?

Christine Ulivucci : Tout d'abord, concernant les parents et les grands-parents, il faut être le plus transparent possible avec tous les membres de la fratrie. Pas lorsqu'il s'agit de petits avantages en nature bien sûr, comme l'achat de vêtements ou des invitations au restaurant par exemple, mais quand il s'agit d'avantages financiers conséquents, comme l'achat d'une voiture, d'un logement ou encore le prêt d'un appartement familial. 

Ensuite, concernant le membre de la fratrie qui s'estime floué par un "héritage informel", il est conseillé de communiquer son mécontentement, mais pas n'importe comment. Il faut d'abord en parler à ses frères et sœurs, de préférence seuls à seuls, avant d'en parler aux parents ou aux grands-parents. Cela permet de régler l'injustice au niveau de sa génération dans un premier temps, c'est-à-dire en tant qu'adulte et non pas en tant qu'enfant lésé par les parents.

Il est après bienvenu d'organiser une réunion de famille avec tout le monde pour mettre les choses à plat, en essayant de ne pas se laisser submerger par ses émotions, souvent violentes lorsqu'il s'agit d'héritage, "formel" ou "informel".

En quoi cet "héritage informel" peut-il créer des tensions au sein d'une même famille ? Quelles situations concrètes peuvent heurter les sensibilités des frères et sœurs ?

Les tensions les plus fortes se cristallisent souvent autour du logement familial, lorsqu'il est occupé par un membre de la fratrie et jamais par les autres, ce qui arrive fréquemment quand les parents choisissent de prêter l'appartement seulement à celui ou celle qui lance sa start-up par exempe. Outre le fait qu'il s'agit de sommes économisées importantes, surtout lorsque l'on vit dans un ville comme Paris où les loyers sont très chers, le logement symbolise dans l'inconscient des enfants la protection des parents et la confiance qu'ils placent en eux. Leur retirer en les privant de l'utilisation du logement familial peut être violent. 

En revanche, les donations informelles sont beaucoup mieux acceptées par les frères et sœur lorsqu'elles sont ponctuelles et servent à aider une personne en difficulté (problèmes de santé, financement des études, chômage, séparation...).

Est-il possible, pour un membre d'une fratrie qui s'estime floué dans la distribution de "l'héritage informel", de demander une compensation sur "l'héritage formel" ? Si oui, comment ? Si non, d'autres solutions existent-elles pour sortir de ce type de conflit familial selon vous ? Lesquelles ?

Il est possible de faire valoir lors de la succession officielle les avantages "informels" qu'aurait reçu un autre membre de la fratrie, en comptabilisant devant notaire le montant de l'exonération des loyers dont a bénéficié un descendant pour l'occupation à titre gratuit d'un appartement familial.

Pour sortir d'un conflit familial noué autour d'un "héritage informel", qui se durcit si les parents de la personne flouée ne donnent pas suite à ses plaintes, il faut que celle ou celui qui s'estime victime fasse un travail sur soi-même pour :

1) Accepter que sa famille n'est pas parfaite.

2) Essayer de comprendre ce que les parents projettent sur l'enfant qu'ils avantagent en nature.

3) Arréter d'être en demande d'affection et de reconnaissance vis-à-vis de ses parents.

4) Relativiser la position du frère ou de la sœur privilégié, en prenant conscience qu'acquérir définitivement son indépendance affective et matérielle vis-à-vis de ses parents permet de construire une vie plus équilibrée.

D'après vous, quels acteurs de la famille (grands-parents, parents, enfants) doivent faire le plus gros travail sur eux-mêmes pour arriver à résoudre un conflit familial noué autour d'un "héritage informel" ?

C'est la personne que se sent lésée qui doit faire le plus gros travail sur elle-même.

En effet, les parents et les grands-parents obéissent, à travers leur dons, à des logiques inconscientes de projection, qui, dans le cas des héritages informels, sont souvent trop compliqués à transformer lors de ce type de crises familiales. Inutile donc de trainer ses parents ou ses grands-parents sur le divan.

Quand au membre de la fratrie privilégié qui préfère le confort de l'aide parentale à l'équité de la transmission, il lui sera souvent difficile de se remettre en question en lâchant un choix parental qui lui donne une place particulière et le valorise.

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