La gauche est-elle en train de voler la primaire de la droite et du centre ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Tribunes
La gauche est-elle en train de voler la primaire de la droite et du centre ?
©Reuters

Tribune

Alors que Nicolas Sarkozy multiplie les polémiques pour attirer à lui l'attention médiatique et limiter la progression de son adversaire dans les sondages, l'équipe d'Alain Juppé répond dans cette tribune au dernier argument avancé par l'ancien chef de l'Etat : "le vol de la primaire par la gauche".

Maël de Calan

Maël de Calan

Maël de Calan est conseiller départemental du Finistère et conseiller d'Alain Juppé.

Il est l'auteur de "La vérité sur le programme du Front national" (Plon).

Voir la bio »

A mesure qu’Alain Juppé consolide son avance dans les sondages, son principal adversaire imagine toutes sortes de polémiques pour faire le buzz et concentrer autour de lui l’attention médiatique. Après le burkini, le réchauffement climatique et les Gaulois, voici "le vol de la Primaire par la gauche". De quoi s’agit-il ? Les enquêtes d’opinion relèvent que les participants à la Primaire pourraient être à 80% des électeurs de la droite et du centre – tout va bien pour l’instant – mais aussi à 10% des électeurs du FN, et à 10% des électeurs de gauche, ces derniers étant supposés favorables à Alain Juppé.

Comme d’habitude, on n’y est pas allé de main morte : "si on est élu avec des voix de gauche, c’est qu’on s’apprête à gouverner avec la gauche" dit-on en substance. Il est vrai que Nicolas Sarkozy est un expert du genre, puisqu’après avoir été élu en 2007 sur un programme de droite, il s’est cru obligé de nommer pas moins de 6 ministres de gauche dans son gouvernement : Eric Besson, Jean-Marie Bockel, Jean-Pierre Jouyet, Bernard Kouchner, Martin Hirsch et Fadela Amara (ces deux derniers appelant à voter pour François Hollande en 2012).

De la même manière, ceux qui dénoncent le soutien du Modem à Alain Juppé, se félicitaient en décembre 2015 d’avoir fait alliance avec le Modem dans toute la France pour remporter les élections régionales. Mais passons.

Répondons plutôt à la question suivante : la gauche s’apprête-t-elle à voler la Primaire de la droite ? Cinq éléments devraient rassurer l’équipe de Nicolas Sarkozy, et mettre un terme à cette polémique ridicule.

Premièrement, les électeurs de gauche seront très peu nombreux à participer à la Primaire. Les sondages tablent sur 10% du corps électoral : tous les exemples étrangers indiquent qu’ils seront moins nombreux. C’est une chose d’envisager de voter, c’en est une autre de passer à l’acte en signant une déclaration qui ne souffre aucune ambiguïté : "je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France".

Ensuite, il y a à peu près autant d’électeurs du FN qui envisagent de participer à la Primaire que d’électeurs de gauche, de sorte que leurs votes risquent de s’annuler. On notera au passage que ceux qui s’alarment du "vol de la Primaire par la gauche" ont oublié de dénoncer le "vol de la Primaire par le FN". Suspecter Alain Juppé de préparer une politique de gauche (il propose la retraite à 65 ans, 30 Md€ de baisses d’impôts, 10 000 nouvelles places de prison et le recrutement de milliers de policiers et gendarmes) est à peu près aussi ridicule que d’affirmer que Nicolas Sarkozy s’apprêterait à appliquer le programme du FN au motif qu’il serait soutenu par des électeurs FN.

Troisième élément, Alain Juppé n’a pas besoin des voix de gauche pour gagner. Les choses sont en réalité très simples : Juppé est un candidat de droite, qui défend un programme de droite, et qui est en tête auprès des électeurs de droite. A la fois parce que son programme est jugé comme le plus crédible, et parce que son tempérament et sa hauteur de vue correspondent à ce que les Français attendent d’un président de la République.

Quatrième argument : la droite a grand besoin des déçus de la gauche si elle veut revenir au pouvoir. Dès lors que 51,7% des électeurs ont choisi François Hollande en 2012, nous perdrons en 2017 aussi sûrement qu’en 2012 si nous ne parvenons pas à convaincre une partie d’entre eux de changer d’avis. C’est d’ailleurs le cas à chaque élection : des millions de Français se déterminent en conscience, au regard des candidats et des programmes. Pourquoi les insulter aujourd’hui en parlant de "hordes d’électeurs de gauche", et leur refuser le droit de s’être trompés en 2012 ?

Enfin, si parmi les électeurs de gauche, certains envisagent de voter à la Primaire de la droite non en toute sincérité mais pour manipuler le scrutin, notre ancien Président n’a rien à craindre. Il est en effet le candidat rêvé du PS, le seul qui puisse perdre face à François Hollande et lui offrir la possibilité d’un deuxième mandat.

C’est à cela qu’il faudrait songer. Qui est le seul candidat qui offre à la droite l’assurance de figurer au second tour de la présidentielle, tout en évitant à la France l’humiliation de voir Mme Le Pen virer en tête du premier ? Sur ce point au moins, les enquêtes d’opinion sont très claires : c’est Alain Juppé. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !