A Mossoul, l'Etat islamique construit des murs, des tunnels et des tranchées en préparation de la bataille<!-- --> | Atlantico.fr
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Dans les quartiers au sud de Mossoul, les membres du groupe djihadiste ont fini de bâtir un mur de trois mètres de haut.
Dans les quartiers au sud de Mossoul, les membres du groupe djihadiste ont fini de bâtir un mur de trois mètres de haut.
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THE DAILY BEAST

L'Etat islamique se vante et prétend que ses combattants pourront faire face à n’importe quelle bataille, comme le prophète Mahomet au VIIe siècle. Les Irakiens en doutent.

Copyright The Daily Beast - Niqash

Cet article est adapté de l’article original publié sur le site Niqash, un site trilingue (Arabe, Kurde et Anglais), qui traite de la politique, des médias et de la culture en Irak.

A Mossoul, les membres du groupe extrémiste de l’Etat Islamique qui contrôlent la ville savent bien qu’ils doivent s’attendre à être attaqués très bientôt par leurs opposants. Les rumeurs vont bon train sur la possible bataille d'octobre contre Mossoul, la dernière grande place forte de l'Etat islamique en Irak.

Ils se préparent donc jour et nuit pour tenter de défendre la ville qu’ils contrôlent depuis plus de deux ans maintenant. Les résidents disent que depuis deux semaines, le bruit de gros véhicules et d’équipements de construction n’a pas cessé. "Des camions appartenant à la mairie de Mossoul transportent des barrières de béton à l’extérieur de la ville" a dit un habitant qui souhaite garder l’anonymat à Niqash." D’immenses grues les posent et elles sont disposées d’une façon similaire à ce que faisait l’armée irakienne lorsqu’elle contrôlait Mossoul".

Des témoins oculaires confirment qu’au sud de la ville, dans les quartiers de Mamoun, Tal al-Rumman et Mansour, les membres du groupe extrémiste ont fini de bâtir un mur de trois mètres de haut. Plus loin se trouve le village de Qayyarah que l'état islamique a récemment perdu. D’autres personnes sur place affirment qu’il existe un mur similaire vers le bord Est de la ville, près des quartiers de Somar, Dumez et Falastin de même qu’à Kokajli et Shamali, où des bâtiments en préfabriqué sont placés afin d’empêcher l’armée kurde irakienne de faire le siège de cette partie de la ville.

Cependant, Mossoul est une grande ville. C’est la deuxième plus grande ville d’Irak après Baghdad. Elle a abrité deux millions de personnes et il est donc impossible de construire un mur qui l’entoure entièrement. Lorsque l'EI est entré pour la première fois à Mossoul vers le milieu de l’année 2014, ils se vantaient en disant qu’ils allaient enlever toutes les barrières de béton qui avaient été placées autour de la ville par l’armée irakienne car désormais il n’y en aura plus besoin puisque la sécurité allait régner. Les habitants de Mossoul goutent cette ironie maintenant. Au moment où les barrières sont déplacées, une grande campagne de communication a été lancée pour convaincre les habitants de la puissance de l'Etat islamique et les garder de leur côté. "La guerre arrive et la survie du Califat dépendra de la résilience de Mossoul dans son combat contre les infidèles" a déclaré un jeune imam de 30 ans à ses fidèles de la mosquée Omar Ibn Al Khattab, à Nahrawan, dans la banlieue de Mossoul. "Avez-vous entendu parler de la bataille dans laquelle se sont battus les musulmans avec à leur tête le prophète Muhammad en 627 après Jésus Christ ?" a-t-il demandé aux fidèles ''Savez-vous comment ils ont gagné la bataille ? Les gens ont suivi leur chef et ils ne l’ont pas trahi. C’est pour cela que les fils de Mossoul doivent être patients et c’est pour cela qu’ils doivent supporter la faim, la soif et la peur. Ils doivent soutenir le Califat et empêcher les infidèles de rentrer dans la ville".

La bataille dont parle l’imam est connue sous le nom de la bataille d’Al Khandaq, ou du fossé en français. Durant la bataille, Mahomet et ses disciples ont creusé un fossé autour de la ville de Médine en Arabie Saoudite et sont restés à l’intérieur pendant que des milliers d’ennemis faisaient le siège autour. Les membres de l'Etat islamique font également cette comparaison en ligne et sur les réseaux sociaux. Les murs construits par l'EI à Mossoul comportent aussi un fossé, de deux mètre de largeur et de profondeur, de chaque côté des barrières en béton.

Le fossé est déjà achevé sur les côtés est et nord de la ville. Les extrémistes ont utilisé les véhicules de travaux urbains de la municipalité pour creuser. Par le passé, l'état islamaique a essayé de creuser des tranchées à environs dix kilomètres de la ville mais ils ont été stoppés par les nombreux raids aériens de la coalition anti-EI qui a détruit un grand nombre de leurs véhicules.

Tout comme le mur, les tranchées n’encerclent pas toute la ville. Les tranchées sont supposées être connectées à un réseau de tunnels secrets que l'EI serait en train de construire. Cela dans le cas où le groupe terroriste serait contraint de faire une guerre de guérilla dans la ville. La forte densité de population – on estime que Mossoul a encore plus d’un million et demi d’habitants – serait utilisée dans la bataille. Pourtant, il est clair pour tout le monde et même pour les habitants de Mossoul qu’aujourd’hui, celui qui contrôle l’espace aérien contrôle la bataille. Les barrages et les barricades ne pourront pas empêcher une armée de pénétrer dans une ville si elle bénéficie d’un soutien aérien et le mieux que les hommes de l'Etat islamique puisse réussir est de rester quelques semaines ou quelques mois de plus dans la ville, s’ils ont de la chance.

C’est pour cette raison que les habitants de Mossoul vont regarder vers leur banlieue sud le moment venu. Les combattants de l'Etat islamique devraient prendre la fuite via cette route et partir se réfugier en Syrie, comme ils l’ont fait auparavant lors des batailles de Fallujah et Tikrit.

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