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"Une bouteille à la mer" : 
le film qui montre Gaza 
comme vous ne l'avez jamais vu
©

Cinéma-vérité

Un film sur l’enclave palestinienne sort ce mercredi sur les écrans. Sujet difficile, sensible et complexe. Polémiques assurées.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C’est une sorte de road movie virtuel. D’un écran à l’autre. De Jérusalem à Gaza. De Gaza à Jérusalem. Son titre : « Une bouteille à la mer ». Une jeune Juive de Jérusalem et un jeune Arabe de Gaza tissent une liaison par mail. Le Palestinien est souvent cynique, arrogant et ironique : sa posture d’occupé le lui permet. L’Israélienne est parfois timide, embarrassée et se sent un peu coupable : sa position d’occupante lui en fait le devoir.

Dans l’espace politico-médiatique français, Gaza jouit d’une place d’exception. Pour Gaza on manifeste en dénonçant «  la barbarie sioniste ». On ne manifeste pas pour la Syrie ensanglantée ni pour le Darfour martyrisé. Ceux qui tuent là-bas sont des Arabes et c’est jugé ici tout à fait inintéressant. Pour Gaza, on organise des flottilles dites de la liberté, supposées briser le blocus israélien et on ignore superbement que l’enclave est quand même adossée à un pays frère et ami, l’Egypte. Aucune flottille n’a cinglé vers les rivages libyens quand Kadhafi massacrait, ou tout simplement en Méditerranée pour recueillir les migrants tunisiens qui s’y noyaient. La doxa – à laquelle succombent même les meilleurs journalistes – veut qu’on dise que Gaza est « une prison à ciel ouvert ». Ce cliché (répétez, répétez, il en restera toujours quelque chose…) a la vie dure. Et ce n’est pas un film, aussi talentueux soit-il (c’est le cas de « Une bouteille à la mer »), qui aura sa peau. Mais quelques centaines de mètres de pellicule en disent souvent plus sur la réalité que toutes les proclamations vengeresses du Hamas et que les communiqués désincarnés de l’Etat-major Israélien.

A Gaza, il y a une université qui fonctionne. Il y a un centre culturel français avec des centaines d’étudiants. Il y a des hommes et des femmes qui y vivent, qui souffrent, qui rient et des jeunes qui s’ennuient. Le film dit et montre la vie. Et aussi la mort car les roquettes israéliennes tuent aussi des innocents. Il dit et montre, ce film, que tous les habitants de Gaza ne s’endorment pas le soir avec une ceinture d’explosifs autour de la taille en imaginant combien de Juifs ils vont pouvoir tuer dans les autobus de Tel-Aviv et de Haïfa. Il dit et montre, ce film, que tous les soldats Israéliens ne se réveillent pas le matin en se demandant combien d‘enfants Palestiniens ils vont pouvoir mettre à leur tableau de chasse.

Ce film, en apparence pavé de bons sentiments, aurait pu être un péplum juivo-arabe dégoulinant de sucreries tel un loukoum. Eh bien non ! C’est juste un film d’amour. Il ne milite pas pour une réconciliation israélo-arabe, tarte à crème du catéchisme de la bien-pensance. Il plaide pour la vie. Et si on veut se détendre et voir ce que les Juifs et les Arabes ont en commun, on peut aussi aller voir « Le cochon de Gaza » (ça joue encore dans quelques salles). Une comédie dont le héros est cet animal pacifique et bienfaisant, mais maudit, on ne sait pourquoi, par ces deux peuples. Et c’est, hélas, lui qui meurt à la fin. On dit en France que « dans la cochon, tout est bon » ! Et bien cette phrase, si importante pour notre patrimoine national est intraduisible en arabe et en hébreu. C’est le plus grave reproche qu’on peut faire aux arabes et aux juifs.

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