La guerre des satellites, le nouveau champ de bataille des nations<!-- --> | Atlantico.fr
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De nombreux pays cherchent à se doter de leur indépendance dans l’accès à l’espace ou l’ont déjà fait. Citons l’Inde qui dispose de lanceurs efficaces et qui fabrique ses propres satellites.
De nombreux pays cherchent à se doter de leur indépendance dans l’accès à l’espace ou l’ont déjà fait. Citons l’Inde qui dispose de lanceurs efficaces et qui fabrique ses propres satellites.
©Capture YouTube (CorridorDigital)

Star Wars

Le retour de la course à l'espace est plus fort que jamais, et laisse présager une sérieuse concurrence à coup de millions au-dessus de nos têtes. L'enjeu central : placer le satellite de son pays avant celui de son voisin mondial.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Aujourd'hui, le renouveau de la conquête spatiale permet de relancer la production et l'envoi de satellites en masse dans l'espace. Le milliardaire et entrepreneur britannique Richard Branson compte ainsi envoyer une "constellation" de plusieurs centaines de satellites dans le ciel et il n'est pas le seul. De nombreuses nouvelles nations semblent intéressées par l'aventure : Turquie, Israël, Brésil, Inde... Quelle ampleur pourrait prendre ce retour de la course à l'espace ?

Olivier Sanguy : Plus qu’un retour de la course à l’espace, il s’agit d’une nouvelle ère qui se profile. En effet, de nombreux pays, dont ceux que vous citez, cherchent à se doter de leur indépendance dans l’accès à l’espace ou l’ont déjà fait. Citons l’Inde qui dispose de lanceurs efficaces et qui fabrique ses propres satellites. Mais là, il s’agit de disposer d’une indépendance spatiale "classique" qui consiste à permettre à un pays d’accéder à l’orbite par ses propres moyens ainsi que de maîtriser les technologies de base comme les télécommunications ou l'observation de la Terre. Ce n’est pas pour rien qu’un lanceur est qualifié de vecteur de souveraineté. Si l’Europe n’avait pas Ariane 5, elle devrait demander l’autorisation à d’autres nations de lui lancer ses satellites, ce qui est inconcevable ! Pour les constellations de centaines de satellites qui sont envisagées par certaines entreprises privées, on assiste là à un effet de la miniaturisation électronique qui permet de concevoir des satellites plus petits (dizaines ou centaines de kilos) dont le grand nombre offre une nouvelle logique. Par exemple, dans les télécommunications, de telles constellations devraient apporter une téléphonie ou une connexion Web mondiale à un coût plus bas. Pour l’observation de la Terre, cela pourra aboutir à des images de la surface de notre planète renouvelées quotidiennement voire plusieurs fois par jour. Ces petits satellites peuvent être envoyés par des lanceurs plus petits censés être moins chers. C’est par exemple l’idée de Richard Branson avec son Launcher One, petit lanceur qui sera largué en altitude depuis un Boeing 747 modifié.

Une question centrale est aujourd'hui celle des risques de concurrence dans l'occupation de l'espace. Quelles sont les règles qui s'imposent aujourd'hui dans les espaces extra-atmosphériques ? Sont-elles suffisamment adaptées aujourd'hui ? Ne risque-t-on pas de voir se développer de véritables tensions dans les années à venir ?

L’UIT (Union Internationale des Télécommunications), agence des Nations Unies, gère la place des satellites sur orbite et les fréquences radio afin d’éviter les interférences. Les tensions existent certes, mais dans ce domaine, c’est la règle du "premier arrivé premier servi" qui s’impose. L’opérateur qui aura mis en service une constellation efficace et rentable économiquement utilisera donc les fréquences radio et orbites attribuées par l’UIT. Il ne faut pas oublier qu’il y a quand même de la place là-haut. Celui des fréquences radio est peut-être plus serré.

Un point noir important dans cette histoire est la question des déchets et restes d'anciens satellites présents en orbite. Comment compte-t-on s'en occuper ? Qui en a la responsabilité ? Doit-on craindre l'entrée du secteur privé (SpaceX, Virgin...) sur ce point, moins à même de se sentir responsable des dangers géopolitiques auxquels ils sont confrontés ?

La responsabilité est normalement celle de l’État où a eu lieu le lancement. Chaque État doit se doter de règles visant à contrôler les activités spatiales menées depuis son territoire. Les agences spatiales et les opérateurs privés sont de plus désormais sensibilisés au problème des déchets orbitaux. À ce titre, les "bonnes pratiques" s’imposent de plus en plus. Cela consiste à concevoir les lanceurs afin qu’ils n’ajoutent pas de débris lors de leur mission ou de s’assurer que les satellites en fin de vie soient amenés sur des orbites dites cimetières ou volontairement consumés dans les hautes couches de l’atmosphère terrestre. On cherche donc à ne plus rajouter de pollution spatiale ou du moins bien moins qu’avant. De plus, les agences spatiales et même certaines sociétés privées réfléchissent à des engins capables de "nettoyer" l’orbite terrestre. Il faudra que ce soit rentable, c’est-à-dire que les stratégies concertées de nettoyage coûtent moins cher que les dégâts occasionnés par les débris. Certains experts estiment que cela pourrait bientôt être le cas.

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