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Pourquoi la sueur est le futur de la biotechnologie
©Reuters

Alerte jaune

L'US Air Force mène de nombreuses recherches pour tenter de mieux analyser la sueur et les informations qu'elle peut transmettre concernant l'état de santé de ses pilotes et de ses soldats. L'étude de la sueur pourra, dans un futur proche, nous permettre de déceler en temps réel des signes avant-coureurs de maladies ou d'infections présentes dans notre organisme.

Guilhem Velvé Casquillas

Guilhem Velvé Casquillas

Guilhem Velvé Casquillas, est président d’ELVESYS SAS et du Microfluidic Technologies Network SAS. 

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Atlantico : L'US Air Force mène de nombreuses recherches pour tenter de mieux analyser la sueur et les informations qu'elle peut transmettre concernant l'état de santé de ses pilotes et de ses soldats. Robert Beech, directeur général de Eccrines Systems Inc (société développant des capteurs permettant d'analyser la sueur), a quant à lui déclaré que les avancées des recherches sur la sueur "ouvraient les portes d'un nouveau monde commercial". Dans quelle mesure la sueur peut-elle devenir le futur de la biotechnologie ?

Guilhem Velvé Casquillas : On ne trouve pas beaucoup de biomarqueurs (caractéristique biologique mesurable liée à un processus normal ou non) dans la sueur. La sueur permet d'analyser le niveau de stress ou de cortisol. Dans les laboratoires de recherche, on commence petit à petit à trouver des biomarqueurs synonymes d'infections, voir même de certains cancers ou une construction de biomarqueurs changeante, voir la présence de drogue.

Analyser la sueur peut donner des éléments concernant l'état de santé de la personne, mais il y a des chances que le diagnostic soit rarement fiable et précis. Par contre, il permettra de donner l'alerte très en amont, en indiquant une anomalie dans les biomarqueurs.

En quoi les recherches sur la sueur de L'US Air Force constituent-elles une avancée scientifique ? Pensez-vous que les recherches sur la sueur peuvent encore aller plus loin et donner de nouveaux résultats ?

C'est un domaine assez neuf qui avance rapidement. On commence à avoir des effets assez incroyables pour détecter ce qu'il se passe dans un liquide donné. Au stade des laboratoires de recherche, c'est le timing parfait pour scanner ce que l'on peut trouver dans la sueur et regarder si l'on peut coupler les données prélevées, si l'on fait du Big Data (mégadonnée), avec l'apparition de maladies. Plus l'on recueille de données et de paramètres, et plus on pourra prévoir l'apparition d'une déficience ou d'une maladie. Bien évidemment, on ne peut que faire des suppositions sur ce que l'on pourra analyser et voir dans un futur proche.

Concrètement, quelles sont les méthodes de recherche sur la sueur de L'US Air Force ? Quels avantages ou défauts peut avoir l'analyse de la sueur par rapport à la prise de sang ou l'analyse de fluides corporels ?

L'analyse de la sueur est une méthode indirecte pour connaître l'état de santé de quelqu'un. Tout comme l'analyse des excréments, elle ne peut pas permettre de déceler toutes les maladies internes. En revanche, elle peut être très utile pour ce qui touche aux maladies de peau.

Le principal avantage de la sueur c'est le côté non-invasif. Cela signifie qu'il n'y a pas besoin de pratiquer une prise de sang. Une montre connectée capable d'analyser la sueur pourrait monitorer une personne en temps réel et lui indiquer, dans le cas des pilotes de l'US Air Force, qu'elle risque d'avoir un malaise ou qu'elle n'est pas apte à décoller. Le défaut de ce genre d'analyse reste le fait qu'il s'agit d'une mesure de second ordre. L'analyse ne sera en aucun cas formelle ou aussi sûre qu'une analyse génétique ou une prise de sang.

Dans quels autres domaines l'étude de la sueur peut-elle s'avérer intéressante ?

On ne peut pas le dire avec précision car on est encore dans la prospective. Mais je pense qu'il serait intéressant de lancer des études sur les biomarqueurs, pour prévenir les cancers. Les infarctus, car beaucoup de choses se produisent dans la sueur avant ce genre d'évènement. Ou tout dérèglement interne. Cela va dépendre des pools de biomarqueurs que l'on va trouver et des corrélations que l'on établira en faisant du Big Data. C'est-à-dire en établissant des tests sur des personnes et en les suivant.

Les voies d'applications seront principalement liées à l'étude des infections ou des cancers. Pour ces derniers, on commence déjà à trouver des choses mais il n'y a pas de corrélation complètement forte. On pourra parfois détecter des signaux d'alarmes et détecter des cancers en phase une. C'est une possibilité mais on ne peut pas l'affirmer maintenant.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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