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Sarkozy essaie de renouer avec les patrons du Medef ... et pourrait y parvenir
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Atlantico business

Invité à l'université d'été du Medef, Nicolas Sarkozy a essayé de renouer avec des patrons qui étaient plutôt rochons à son égard... Mais les choses ont peut-être changé.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Nicolas Sarkozy n'a jamais beaucoup aimé les patrons du Medef qui, de leur coté, ne l'ont jamais beaucoup apprécié.

L'ancien président de la République qui n'était pas venu à cette grande messe annuelle du patronat depuis 2007 a donc accepté d'y participer une heure hier matin, mais on ne peut pas dire que cette assistance l'ait accueilli avec beaucoup de chaleur. La réserve était de mise dans une salle pourtant bondée, surchauffée et finalement très attentive.

Et puis au fur et à mesure que Nicolas Sarkozy a déroulé sa partition, la salle s'est décontractée pour terminer par "une standing ovation" et une cohue monumentale à la sortie digne d'une rock star.

L'ancien président a du métier. Il savait que parmi les dirigeants du Medef il n'avait pas que des amis, mais il savait aussi que les chefs d'entreprise, adhérents ou pas de l'organisation patronale, sont dans l'attente d'un vrai programme de redressement de l'économie.

Il a donc décliné son programme devant les patrons, un programme qui est développé en toutes lettres dans le livre qu'il vient de sortir pour expliquer sa candidature.

Alors c'est vrai que ce programme ressemble à un catalogue de promesses mais tous les programmes de la droite ressemblent à des catalogues, le fait nouveau c'est d'abord que Nicolas Sarkozy a classé les actions de réformes en trois grandes catégories.

Un, la simplification du droit du travail et la réforme des conditions de travail. On supprime les 35 heures et on revient aux heures supplémentaires. On modifie dans la foulée les contraintes du paritarisme en supprimant le monopole syndical, on introduit le referendum d'entreprise.

Deux, on simplifie la fiscalité, on supprime l'ISF pour cesser de faire la fortune de Monaco, de la Belgique ou de la Suisse. On baisse des charges de 35 milliards pour augmenter la compétitivité des produits français, ce qui veut dire au passage qu'on gardera le CICE. Mais pourquoi pas ?

Enfin, le candidat propose de baisser d'autant les dépenses publiques, en revenant à la règle du remplacement des fonctionnaires à proportion de "un sur deux", sauf dans les administrations régaliennes. La police et la justice.

Le programme de Nicolas Sarkozy n'a pas créé de surprise, pour une raison très simple. Tous les candidats de la droite et du centre sont grosso modo sur la même ligne.

La différence va donc se faire sur la méthode pour changer et sur la détermination. Et sur ce point, Nicolas Sarkozy a retrouvé une longueur d'avance.

Dans les milieux patronaux, son principal concurrent s'avère finalement être Emmanuel Macron.

Du coup, Nicolas Sarkozy reconnaît la primauté du chef d'entreprise pour créer de la valeur, de la croissance et des emplois. Il reconnaît que ce chef d'entreprise a besoin de liberté, à commencer par la liberté fiscale et administrative. Il reconnaît que la mondialisation est incontournable et que, mieux vaut s'armer pour en assumer les contraintes. Il reconnaît que la révolution digitale va tout bouleverser et qu'il faut s'y préparer.

Ce discours là correspond à la demande des chefs d'entreprise. C'est l'ADN d'un discours pro-business. C'est d'ailleurs celui de Macron et c'est pour cette raison que les patrons se sont entichés de Macron.

Mais les chefs d'entreprise ont parfaitement compris que l'équation Sarkozy pouvait leur être plus solide que celle de Macron.

D'abord parce qu'ils savent que la politique est un métier. Il ne suffit pas d'accéder au pouvoir, il faut l'exercer sur la longueur et dans la stabilité ; on ne s'improvise pas responsable politique. Il faut s'équiper et s'armer.

Ensuite, les patrons ont beau avoir des préférences, ils savent qu'ils ne pourront pas seuls mettre un homme à eux à l'Elysée. On n'est pas aux Etats-Unis. Le président sera élu par une majorité du corps électoral assez hétérogène, et dans cette majorité du corps électoral, il y a de tout. Des riches et des pauvres, des fonctionnaires et des salariés du privé, des jeunes, etc.

Dans ces conditions, le candidat doit tenir compte de tout cela. Mais pour que le pays tienne en équilibre, mieux vaut qu'en plus le président élu connaisse les subtilités du système économique. Les princes qui gouvernent n'habitent pas en banlieue aurait dit Machiavel, ils n'ont pas à le faire, tant qu'ils se souviennent que les banlieues existent . A l'extrême, les princes qui gouvernent n'ont pas à vivre comme des riches (d'où l'erreur du Fouquet's), mais ils doivent veiller à ce que la liberté de devenir riche et de créer de la valeur pour tous soit protégée.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait expliqué qu'on devait travailler plus pour gagner plus. Depuis il s'est aperçu que c'était beaucoup plus compliqué. Au delà de l'organisation du travail, le projet de créer une entreprise pouvait être pouvait être beaucoup plus mobilisateur. C'est aussi le rêve que propose Macron. Mais pour un patron, un Sarko c'est plus solide qu'un Macron.

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