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Guerre froide à l'envers : quand la Russie et l'Iran concluent une alliance inédite depuis la Seconde Guerre mondiale pour bombarder la Syrie
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THE DAILY BEAST

Auparavant rivaux lors de la Guerre froide sous le régime du Shah, Iraniens et Russes sont aujourd'hui alliés dans la guerre civile en Syrie.

David Axe

David Axe

David Axe est journaliste pour The Daily Beast.

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Copyright The Daily Beast -  David Axe

La Russie a déployé un bombardier en Iran pour frapper les rebelles en Syrie, a confirmé ce mardi le ministre russe de la Défense. En tant que principaux soutiens du régime syrien du président Bachar el-Assad, la Russie et l’Iran ont longtemps été, de facto, alliés dans le conflit syrien. Mais les deux pays ne souhaitaient pas tisser des liens militaires directs… jusqu’à présent.

Les Tu-22M3 Backfire et Su-34 Fullback ont lancé leurs premiers raids depuis la base aérienne de Hamedan dans l’Ouest de l’Iran, mardi 16 aout, et ont frappé Daech et Jabhat Al Nusra à Alep, Deir Ez Zor et Idlib, selon le ministère de la Défense. "Les frappes ont éliminé cinq grands dépôts d'armement, de munitions, de carburant, des camps d’entrainement près de Serakab, Al Ghab, Alep, et Deir Ez Zor, trois centres de contrôle près des villes de Jafra et Deir Ez Zor, ains qu’un nombre important de combattants", a précisé l’armée russe dans un communiqué.

Les chasseurs Su-30 et Su-35 déployés sur la base d’Hmeymim à l’ouest de la Syrie ont escorté les bombardiers au-dessus du territoire tenu par les rebelles. "Tous les avions russes sont retournés sur la base d’Hamedan après avoir rempli leur mission", selon le ministre de la Défense.

C’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que des bombardiers et leurs équipages opèrent depuis l’Iran. Après la guerre, l’Iran était devenu un allié des Etats-Unis, et l’un des plus gros acheteurs d’armement américain. La Révolution Islamique de 1979 a écrasé le régime pro-américain, et pendant 37 ans, Téhéran a interdit à une quelconque force étrangère d’utiliser l'une de ses bases. La guerre en Syrie a tout changé. Et la levée progressive des sanctions internationales – conséquence de l’accord de démantèlement du programme nucléaire militaire iranien – pourrait accélérer le réalignement de l’Iran en tant qu’allié de la Russie.

Récemment, Moscou a demandé à Téhéran de lui permettre de faire passer des missiles de croisière dans l'espace aérien iranien pour frapper en Syrie. Et l’Iran négocie pour acheter de nouveaux chasseurs russes pour commencer à reconstituer son armée de l’air. On ne sait pas quand Moscou et Téhéran ont scellé l’accord de déploiement à Hamedan, mais cette montée en puissance a surpris certains observateurs. Le journal yéménite Al Masdar a été l’un des premiers à signaler l’arrivée des bombardiers, en publiant leurs photos à Hamedan le 15 août.

Auparavant, des analystes ont utilisé des sites en ligne de suivi d’avions en vol pour surveiller les avions militaires russes se dirigeant vers Hamedan. Le déploiement des bombardiers russes en Iran augmente de beaucoup la force de frappe que la Russie peut diriger sur les rebelles syriens. Jusque-là, les bombardiers Backfire, Bear, et Blackjack basés en Russie volaient au-dessus de l'Iran et de l’Irak, avec l’accord de Téhéran et Bagdad, avant d’atteindre la Syrie. Mais pour certains bombardiers, cela représentait un vol aller-retour de 13 000 km.

Décoller de Hamedan diminue la distance, et donc la durée de la mission, de plus de la moitié. Cela permet aux équipages de réduire leur chargement en carburant, et donc, de transporter plus de munitions. Les bombardiers russes en Iran peuvent ainsi faire davantage de missions tout en emportant plus de bombes que ceux qui décollent depuis la Russie. C’est une bonne nouvelle pour le régime d’Assad, et une mauvaise pour les civils syriens.

Car si les bombardiers russes ont sans conteste frappé Daech et d’autres groupes terroristes, ils ont aussi frappé régulièrement des quartiers résidentiels et des hôpitaux, la stratégie étant semble-t-il de punir tous ceux qui vivent dans des territoires contrôlés par les rebelles. Sans oublier qu’en juin dernier, des avions russes ont bombardé un avant-poste près de la frontière de la Syrie avec la Jordanie qui avait été utilisée par des forces spéciales américaines et britanniques.

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