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Athènes 2004-Rio 2016 : même destin ?
©Reuters

Olympiades

L'après Jeux Olympiques d'Athènes, en 2004, a été particulièrement douloureux pour les habitants de la capitale grecque. Or, tout laisse présager que Rio pourrait connaître le même destin... comme la présence du même architecte.

Kévin Bernardi

Kévin Bernardi

Concepteur et rédacteur du site "Sport & Société" (2009), Kévin Bernardi se consacre à l’étude des grands événements sportifs internationaux et aux impacts de ces derniers sur la société.
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Le 5 septembre 1997, lorsque la ville d’Athènes, berceau de la renaissance des Jeux Olympiques, obtient l’organisation de l’événement pour l’année 2004, un sentiment de fierté nationale prédomine en Grèce.

Toutefois, les retards dans le lancement des chantiers ont rapidement douché ce sentiment. Surtout, la démesure des infrastructures a condamné Athènes et la Grèce à vivre avec ce que le monde olympique surnomme des "éléphants blancs".

Faute d’avoir planifié la reconversion des sites, plus de 70% d’entre eux ont été abandonnées, ce qui a conduit les pouvoirs publics à fermer les sites et non des moindres : Centre aquatique, stade nautique de canoë-kayak, etc… Que dire aussi du Stade olympique de 70 000 places qui n’a accueilli – hormis des événements nationaux - qu’une finale de Ligue des Champions de football (2007) ?

Ce manque de considération pour "l’après-JO" a coûté cher à la Grèce. 

Début 2012, le Président du Comité International Olympique (CIO) de l’époque, Jacques Rogge, avait d’ailleurs indiqué que les Jeux avaient pu contribuer "jusqu’à 2 à 3% de la dette extérieure" du pays…

Pourtant, les Jeux 2004 n’ont pas eu qu’un héritage négatif. Ainsi, l’accueil des JO a permis l’accélération et la livraison de certains chantiers urbains attendus depuis des décennies.

Athènes a notamment construit un nouvel aéroport international – traditionnelle porte d’entrée des JO – pour 2,5 milliards d’euros et une capacité de 16 millions de passagers par an. La capitale grecque a également entrepris l’extension du métro, la construction d’un tramway, le prolongement du réseau ferré suburbain (l’équivalent du RER francilien) et la mise en œuvre de "L’Attiki Odos", un périphérique autoroutier de 65 kilomètres, élément crucial pour les Jeux et vital pour décongestionner le trafic athénien.

Du côté de Rio de Janeiro, les aménagements liés aux transports devraient également laisser une empreinte. Le front de mer a été repensé sur le modèle de Barcelone 1992 qui demeure une référence de planification olympique, certains axes ont été enfouis, tandis que des tunnels ont été percés pour permettre la déviation de routes ou le passage de nouvelles lignes de métro ou de tramway.

Sur le plan de la culture, la "Cité Carioca" a inauguré le plus grand aquarium d’Amérique du Sud, ainsi qu’un "Musée de Demain" consacré à des expositions sur le futur de l’humanité et les défis que celle-ci devra surmonter dans les années à venir.

Hasard ou non, l’architecte en charge de ce chantier ne fut autre que Santiago Calatrava, le concepteur du Parc Olympique de Maroussi à Athènes.

La préparation des premiers Jeux Olympiques sud-américains a néanmoins déplacé d’autres problématiques. Pour financer les infrastructures – et les retards – les autorités ont négligé l’éducation, la santé ou encore la qualité de vie des Brésiliens.

Si le pays a pu profiter d’une dynamique exceptionnelle sous la présidence de Lula – artisan de la victoire du Brésil pour organiser le Mondial de football 2014 et les JO 2016 – pour mettre en œuvre des programmes d’actions sociales (Bolsa Familia, etc…) il n’a en revanche pas réussi à régler l’un des problèmes majeurs et récurrents de Rio : la sécurité.

Malgré le déploiement de 88 000 militaires et policiers à Rio et au Brésil pour les Jeux, les actes de "petites délinquances" n’ont jamais été aussi élevés. Au cours des derniers jours, un bus de journalistes a été attaqué, des agressions physiques et des vols à répétition ont eu lieu. De quoi écorner durablement l’image de carte postale voulue par Rio.

La question du logement a aussi été négligée avec, comme bien souvent lors des Olympiades, des déplacements massifs de population.

L’autre faiblesse se situe dans le domaine environnemental. Malgré les promesses de dépollution de la baie de Guanabara, le manque de volonté et l’insuffisance des moyens n’ont pas permis d’atteindre l’objectif ambitieux de 80%. Pas sûr dès lors que les autorités désirent engager les chantiers nécessaires (égouts, rejet de déchets dans la baie, etc…) après les JO. 

En ce qui concerne les sites sportifs, l’éclatement du dispositif olympique sur une superficie grande avec des sites éloignés – Barra da Tijuca, Deodoro, Copacabana, Ipanema – pourrait pénaliser une bonne reconversion.

Des efforts ont toutefois été fait, avec par exemple l’Arena do Futuro qui sera démantelée après les Jeux et qui servira à la construction de plusieurs écoles dans la région de Rio. 

Que restera-t-il de l’organisation des JO ? Le manque d’intérêt des Brésiliens pour l’événement et la désaffection dans les stades ne présagent rien de bon. 

L’après JO risque d’être douloureux, surtout pour les Brésiliens.

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